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EAN : 9782356982261
256 pages
Editions Gaussen (17/03/2022)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Tu es partie me laissant le bonheur de t’avoir connue et le malheur de t’avoir perdue. Pour me consoler, il me reste la souffrance. Souffrir par toi, c’est la seule manière de continuer à vivre avec toi, je n’en ai pas trouvé d’autre. Tu me disais souvent en riant : « J’aimerais tant que tu écrives notre histoire. » Je t’ai enfin entendue. Mais tu ne m’as pas attendu pour la lire. « La confession d’Hamid Grine, magicien de l’impressionnisme en littérature, aidera ce... >Voir plus
Que lire après Dans la pièce d'à côtéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"Vous savez que dans notre religion le deuil c'est trois jours, pas un de plus, alors fermez la parenthèse et vous passez à autre chose, hein! Il y a, Dieu merci, beaucoup de jeunes femmes de bonne famille qui seraient heureuses de faire votre bonheur. Quant à la défunte, que Dieu ait pitié de son âme, et lui réserve une place au Paradis!"

Hamid Grine n'a clairement pas pris une épouse par complaisance. Il a passionnément aimé sa femme. Alors ces mots, en provenance d'un imam, l'ont choqué. Il venait d'enterrer sa chère femme...

Hamid Grine a été journaliste puis ministre de la Communication en Algérie entre 2014 et 2017.
Le 14 mai 2015, sa vie prend une tournure dramatique. Alors qu'il apprend à midi sa réélection politique, sa joie est de très courte durée puisque dans l'après-midi lui parvient cette terrible nouvelle : son épouse vient de décéder. Un accident domestique. Comme il en arrive des milliers chaque année.

L'auteur raconte, à la manière d'un journal intime, les jours qui ont suivi le décès de sa femme. Avec pudeur, il dévoile ce qu'il ressent, ce qu'il pense, ce qu'il vit. Il essaie de jongler entre sa vie publique d'homme politique et sa vie privée d'homme fracassé. Entre la douleur de ses deux enfants et les remarques maladroites de son entourage, aussi. Un défi.

Au fil des jours qui défilent et des pages qui se tournent, il nous offre le plaisir de faire connaissance avec sa femme, sa personnalité, ses qualités, leur rencontre, leur joie, leur peine.
Cette femme, qu'il aimait tant, qu'il chérissait, qu'il respectait.
La femme...cet objet si convoité quand il est jeune et si encombrant quand il prend de l'âge...
Dans son malheur, l'auteur est surtout heurté et blasé par les remarques des chefs politiques et religieux de son entourage qui l'encouragent à voir en son veuvage la chance de pouvoir se remarier avec une femme plus jeune, plus fraiche. Coutumes et traditions obligent...
Cher Hamid Grine, merci d'accorder à la femme sa dignité qui lui revient de droit. C'est le message que je retiendrai de ce récit.

Le fond est tragique sans être pathétique. du côté de la forme, je n'ai pas totalement adhéré au style d'écriture.

Je ne mets pas de note car je ne m'en sens pas légitime quand il s'agit d'un récit autobiographique.
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Une douleur me transperce le coeur, un couteau en plein coeur.». On voit l'auteur sombrer dans un récit où il enfile les mots comme des perles... Non! comme des braises ardentes sur un tissu de malheur. D'une écriture en trémolos, il livre un duel acharné avec le destin qui lui a injustement choisi ce terrible châtiment. Toutes les douleurs s'émoussent à l'image des galets dans le fleuve du temps. Pas celles du coeur. Celles-là sont inoxydables et leur intensité est à la mesure de l'attachement pour le disparu. «Je m'agenouille et je caresse la terre qui la couvre. La terre est tendre, elle s'effrite entre mes doigts. Tendre comme celle qu'elle recouvre.» «Ce qui me rassure, c'est que je ne vivrais pas, Dieu merci, autant de temps sans toi.» Au bord du déni, Grine, refuse tout, rejette tout. «Je veux rester tel que je sens avec mes souffrances. Souffrir me rapproche d'elle. Ma douleur est muette. Je me hurle que dans mon pauvre coeur. Ce serait bien qu'il meurt d'amour.» Dévasté par le chagrin, l'auteur doit maintenant affronter le monde extérieur. Une autre dure épreuve, d'autant que certains brillent par leurs indélicatesses. «La douleur ne se partage pas. Elle est interne. Elle sévit. C'est une compagne sombre, exigeante qui nous ronge d'autant plus dure qu'elle n'est pas apparente.» Au fil des chapitres, entre deux sanglots, s'affirme la volatilité du bonheur dans ce bas monde. «La vie, voyez-vous, c'est du Fellini: derrière les rives pointent toujours, une embuscade, les larmes!», écrit Hamid Grine. «La vie est un combat perdu d'avance», tranche Kafka, roi de l'absurde. «Oui, c'est justement parce que ce combat est perdu d'avance qu'il faut croquer à pleines dents chaque instant de cette vie», lui réplique Camus. Dans la pièce d'à côté, le curseur philosophique est placé au centre. Entre l'absurde de Kafka et la témérité de Camus à répéter les choses, il y a la «Grinitude» pour qui le bonheur est un plat qui ne se réchauffe jamais. Mais ce n'est pas un renoncement. Il puise alors dans ces tréfonds et se rappelle de cette sentence de sa défunte mère «Au plus fort, de ma détresse je pense à elle. À chaque fois que je ploie. Je pense à elle et pour ne pas rompre je me dis: ‘'Il faut que je sois digne d'elle''.». «Il faut que je résiste comme elle. Ne pas gémir, ne pas exhiber sa peine en public surtout ne pas faire pitié, car pour elle, la pitié engendre les mépris.». Il se relève péniblement et termine son récit sur une perspective interrogative: «Que vais-je devenir sans toi?». «Que serai-je devenu sans toi?». L'endeuillé doit apprivoiser la douleur de l'absence. Il n'a plus le choix et c'est justement dans ce choix obligé que tout le drame réside. Pour le reste, tout le reste, on ne possède éternellement que ce qu'on a perdu...
Source: journal l'Expression, juin 2022
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Avec des mots simples ,parfois simplissimes ! l'auteur nous relate son quotidien ,presque heure par heure , après le décès de sa femme . Il est inconsolable ,orphelin pourrait-on dire , chaque instant lui rappelant les moments de bonheur vécus avec celle qui fut l'amour de sa vie .Seule la présence de ses enfants lui donne un peu de réconfort ,contrairement à tous ces amis qui lui conseillent de se remarier au plus vite car aucune femme n'est irremplaçable ! Ce discours, assez courant semble -il en Algérie , nous informe sur la façon dont ,malheureusement , la femme est perçue dans ce pays , les femmes ,elles-mêmes , participant ou provoquant parfois , cette manière d'envisager les relations entre hommes et femmes .
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"Dans la pièce d'a coté" est d'une emotion insoutenable. Grine sans pathos et effets de style nous fait partager sa peine avec des mots d'autant plus forts qu'ils sont nus. C'est Tolstoi, je crois, qui prie le Seigneur de lui donner la simplicité du style. Grine l'a possédé à la manière de Carver. Style simple mais pas simpliste. Un texte fort qui vous prend à la gorge, au coeur pour ne plus vous lâcher si bien qu'à la fin, à la dernière page on en redemande. Avec son malheur l 'auteur a su créer une manière d'oeuvre d'art. Ce qui est le propre même de la littérature.
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Par un beau mois de mai, Hamid Grine, ministre de son état, perd son épouse, Meriem. Rien ne laissait supposer que cette dernière allait mourir, elle est victime d'un malencontreux accident.

Meriem était le pilier de la famille. Elle était une femme solaire, lumineuse, généreuse. Elle laisse derrière elle deux enfants et un mari éplorés.

C'est ce chagrin familial que l'auteur raconte dans ce texte qui ne m'a finalement pas tant touchée que cela. Peut-être est-ce la forme (journal écrit au fil des jours, très descriptif) qui m'a laissée un peu "insensible". Rien à voir avec ma lecture de Poussière d'homme qui m'avait bouleversée!

Un roman sur le deuil, sur la difficulté à envisager la vie sans nos disparus tant aimés. Mais qui ne me laissera pas de souvenirs profonds.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Je ne voudrais pas te choquer, mais je me réjouis de te voir dans cet état de tristesse et d'abattement, car la plupart des veufs se réjouissent de la perte de leur épouse. (...) C'est hélas la vérité. Après quelques années de mariage, l'épouse devient, pour beaucoup, une soeur encombrante dont ils ne savent comment se débarrasser pour prendre une autre plus jeune."
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"- Qu'attendez-vous pour vous remarier ? Vous savez, chez nous, beaucoup d'hommes poussent des youyous de joie quand ils perdent leurs épouses. Pardi, ils vont changer une vieille qui a beaucoup servi contre une neuve. C'est bien, non? Comme dit un proverbe de chez nous, le changement de montures soulage.
- Non, je ne suis pas comme ça !"
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On calme toujours, d'une manière ou d'une autre, la douleur physique, on s'y accommode même. Mais la souffrance morale, qui pourrait seulement l'atténuer ?
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Quand je revois l'histoire de notre vie commune, je vois d'un côté amour, abnégation et sacrifice pour la famille, et de l'autre, une sorte de fuite en avant dans le boulot. Dans la vie professionnelle, je n'ai jamais suivi Montaigne, même si je le voyais à l'occasion : " il faut se prêter à autrui et se donner à soi- même" je me donnais au boulot et je ne me prenais même pas à moi-même. J'étais ailleurs. Elle avait beau me chercher, elle me trouvait rarement.
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C'est le week-end, notre jour, Meriem et moi. Je n'aime pas le repos depuis le 14 mai. D'habitude, je faisais la grasse matinée, aujourd'hui j'ai très peu dormi. Je me réveille aux aurores. Toujours avec le même goût amer à la bouche.

Je prends mon café face au salon face aux chaînes TV d'infos. Exit véranda et beauté de l'horizon. L'horizon m'est bouché depuis son départ.
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