AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pois0n


Avec ses « Contes de la rue Broca », Pierre Gripari dépoussière avec brio le genre du conte pour lui donner une saveur plus contemporaine (ou presque : si je n'ai déjà jamais rien bité aux anciens francs, les jeunes d'aujourd'hui n'ayant rien connu d'autre que l'euro risquent d'être sacrément largués). Exit les princesses dans l'embarras, ici, c'est plutôt la fille de l'épicier qui s'attire les foudres d'une sorcière. Potion magique ? Bah, dépassé ! Ici, l'elixir de jouvence est plutôt à base de chair humaine et de sauce tomate en boîte. Roméo et Juliette ? Chaussure droite et chaussure gauche ! Et si vous retrouvez parfois vos affaires en désordre au petit matin, c'est peut-être qu'une fée en quête d'amour est passée par chez vous...

Bref, il se dégage de chacun de ces textes une fraîcheur incroyable. Si l'on y retrouve certains éléments du conte traditionnel (la répétitivité des chansons, la quête au bout du monde du géant ou de Scoubidou...), la forme les fait totalement oublier. Mention spéciale au conte de Lustucru, qui en plus de réécrire l'histoire de France, donne une explication à une très célèbre chanson... C'est complètement barré, mais furieusement efficace !

La plupart de ces textes font intervenir les habitants de la rue Broca : l'épicier Saïd et ses enfants ; quand ceux-ci ne sont pas carrément les protagonistes. Pierre Gripari se débarrasse ainsi du côté abstrait des classiques ; l'action n'est pas perdue quelque part dans les méandres du temps, mais dans le Paris d'aujourd'hui. Il y a des notaires, des épiceries, des médecins aux tarifs scandaleux et des blanchisseries. Et à côté de ça, toujours des fées, des géants, des sorciers... Le merveilleux côtoie le moderne et c'est là ce qui fait la principale force de ces contes, leur confère un charme unique. Car leur structure est bien celle du conte et non de la nouvelle fantastique.
L'autre côté sympathique, c'est que bien qu'étant à destination des enfants, ces histoires ne sont pas édulcorées pour autant. Pas de bons sentiments ici, on tue des sorcières, une des héroïnes ... De quoi faire tilter les « grandes personnes » visées par la préface plus que le lectorat d'origine, qui ne fera probablement même pas gaffe au côté légèrement trash. xD

Bref, « la sorcière de la rue Mouffetard » et tous les autres contes présents ici se savourent comme une poignée de bonbons. C'est original, ça réinvente totalement le genre et même si l'on referme le livre en à peine deux heures, c'est indéniablement avec le sourire aux lèvres.
Commenter  J’apprécie          51



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}