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Critique de kaerlyon


Nous sommes toujours les beaufs du voisin !


1995 : Sacha et Johan, deux amis de 17 ans décident de consacrer leurs vacances d'été en un road trip dans le sud de la France. Entre drogues, filles, musiques, ils expérimentent toutes les expériences possibles dans un seul but : la totale liberté. Vont-ils y arriver ou la désillusion sera-t-elle au bout du voyage ?


Un livre en demi-teinte et ce pour différentes raisons. Si j'ai pris un plaisir certain à cette lecture, je n'ai pu m'empêcher d'être dérangée par quelques côtés.
Pourquoi plaisir ? parce que dans un certain sens, je me suis retrouvée dans ce texte, même si je suis plus âgée de quelques années. Mais étant la fille de parents sévères, j'ai acquis "ma liberté" à peu près à cette époque. J'ai bien connu le symptôme "post 68". Nous allions refaire le monde, mais mieux que nos aînés qui avaient baissé les bras. Ils étaient rentrés dans le moule polico-économique, nous bassinant avec des mots qu'ils n'avaient pas eu à gérer dans leur jeunesse : crise et taux de chômage élevé. Travaille bien à l'école et tu pourras t'en sortir ! Comment gérer le besoin de liberté et le très terre à terre bilan économique d'une fin de mois difficile. Sans parler du fantôme "sida". Quand votre prof de bio vous libère en fin d'année scolaire en vous disant de faire attention aux moustiques et aux seringues sur les plages, pas de quoi trouver cette période nostalgique. Et pourtant, à la description des cheveux longs, doc Martens et jeans troués, je n'ai pu m'empêcher de sourire et de faire remonter les souvenirs.
Et puis, il y a eu le côté négatif de cette lecture. Sous des allures provoc', j'ai trouvé ce livre très conventionnel. Des Sacha, j'en ai rencontré plusieurs qui, après un week-end de fêtes et de rave (rêves ?), reprenaient une vie d'incertitude entre lycée et prises de tête parentales. J'attendais quelque chose d'un peu plus profond qu'une longue litanie de planages suite à la prise de drogues. Je n'ai pu m'empêcher de sourire quand il pense que le rap et le reggae sont le summum de la subversion musicale alors que déjà, le rap devenait commercial avec des radios telles Skyrock and Co. Certes, cela restait certainement des morceaux accessibles mais libre à chacun d'approfondir. Alors pour un jeune chercheur d'émotions, il me parait incroyable qu'il n'ait pas croisé ceci :
crisis feeds the lunacy
all fear the new machine
consumed democracy returns a socialist regime
it's laid to rest without contest
all hail the new incompetence
making you see what to believe
a drone in a world of anarchy
(1994, Slayer, Fictional reality, Divine intervention)

Ok, cela ne passait pas à la radio et cela ne passe toujours pas 20 plus tard. Aussi, je n'ai pu que me poser la question ? Sasha est-il vraiment ce qu'il semble être, à savoir un chercheur ? Pour moi, si nous nous étions croisés, je l'aurais certainement catalogué comme un baba Beauf, se cantonnant à ce qu'il connait pour reprendre après un interlude, une vie avec un avenir déjà établie par les parents et la société. Et qui 20 plus tard se retourne avec nostalgie sur une jeunesse qui n'a pas survécu à la trentaine bedonnante d'une vie sédentarisée.
Après le fond, j'ai aussi était gênée par la forme. Enfin, gênée est un grand mot. Mais cela m'a empêché d'entrer totalement dans l'histoire et pourtant de m'en sentir proche : le roman est décrit par un ado de 17 ans. Vraiment 17 ans ? Bon ok, disons que Sacha soit intelligent, plus mature que la moyenne. Ou alors, l'écrivain n'aurait-il pas fait un mix avec ses souvenirs d'alors et ses émotions actuelles ? Cela donne un personnage ambigu pas tout à fait crédible dans ses sensations, ses réflexions. Un tantinet anachronique.
Mais avant tout, plus j'avançais dans ma lecture, et plus j'étais rejetée par une écriture très masculine. Même si les filles gravitent autour de notre duo, elles restent des personnages d'une autre planète, incompréhensibles mais d'une compagnie plaisante et éphémère. Les copains avant tout (classique) ! Aussi, j'avais hâte de connaitre la fin. L'amitié mourante et un amour naissant ? La fin de l'été annonçant le retour au bercail ou un nouveau départ ? Et bien j'attends toujours les réponses ! Et franchement, je déteste les livres qui nous laissent sur notre faim (fin ?!) sans une piste de réflexion. Ce ne fut pas une lecture désagréable, mais elle ne me laissera pas un souvenir inoubliable…
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