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sur 147 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
De Jacques Lacarrière, auteur de Chemin faisant, à Sylvain Tesson ou Jacqueline de Romilly, les écrivains ont souvent mis en avant les joies sensorielles de la marche et les rencontres qu'elle permet de faire. La destination n'apparaît souvent que comme un prétexte. C'est le voyage lui-même qui importe. Déjà dans l'antiquité maîtres et disciples marchaient régulièrement. Socrate questionnait et apprenait au cours de ses promenades, et de nombreux dialogues de Platon s'ouvraient sur l'évocation d'une rencontre imprévue, la marche favorisant une quête de vérité.

Frédéric Gros est un adepte de la randonnée, bien différente de la promenade. Son parcours croise ceux d'auteurs itinérants qu'il nous présente au fil des chapitres dans lesquels il invite tour à tour Rousseau, Raimbaud, Thoreau, Kant, Nietzsche, Gandhi et d'autres qui ont fait l'éloge de la marche. « Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose », écrit Nietzsche. Selon lui la marche crée et favorise une disponibilité à certaines pensées et les pensées nées en marchant sont plus authentiques. Frédéric Gros propose également des chapitres plus personnels où on entend la voix de l'auteur qui entraine son lecteur dans ses pas.

La vitesse n'intéresse pas Frédéric Gros : « Nietzsche marche, il marche comme on travaille, il travaille en marchant » ; « Les journées à marcher lentement sont très longues : elles font vivre plus longtemps, parce qu'on a laissé respirer, s'approfondir chaque heure, chaque minute, chaque seconde, au lieu de les remplir en forçant les jointures. »

Rousseau, dans ses "Rêveries du promeneur solitaire" au nom si évocateur, dit ne pouvoir penser qu'en marchant et en éprouver une grande joie. « Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose dire ainsi, que dans les voyages que j'ai faits seul et à pied. » Frédéric Gros l'oppose aux marches ascensionnelles de Nietzsche, toujours en direction des sommets, comme la pensée qu'il recherchait.

Le temps consacré à la marche est celui qui nous ouvre à notre liberté. Pour Frédéric Gros : « le secret de la promenade, c'est bien cette disponibilité d'esprit, si rare dans nos existences affairées », il nous engage à relire les pages où Proust évoque ses promenades.

Marcher, une philosophie. Dans ce petit livre inclassable, Frédéric Gros nous propose une réflexion philosophique sur la marche qui est à la portée de tous et offre un sentiment de liberté et d'humanité. Avec des mots simples mais bien choisis, associés à une belle écriture, Frédéric Gros nous donne une belle leçon et nous invite sur les chemins à regarder les paysages se dérouler devant nos yeux. « Tout grand paysage est une invitation à le posséder par la marche », écrit Julien Gracq. La marche serait donc un art de vivre, un exercice spirituel et philosophique. du coup… on marche !
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Certainement un livre que tous les marcheurs et philosophes sauront apprécier ! Au premier abord, l'idée semble bien saugrenue de réunir dans un même livre les thèmes de la marche et de la philosophie. Et pourtant, nous sommes tous marcheurs et nous sommes tous philosophes, souvent sans en être pleinement conscients.
Frédéric Gros, est professeur de philosophie et pratique la marche. Pour autant, l'auteur n'évoque qu'à de très rares occasions ses souvenirs de marche. Son récit est en fait un voyage dans le temps et dans l'espace. Et l'on découvre qu'au cours des siècles de grands penseurs ont souvent été de grands marcheurs.

Rousseau (XVIII°), par exemple, se lance à 16 ans dans de longs voyages à pied à travers la France. Ce sont des voyages heureux. « Jamais je n'ai tant existé que dans les voyages que j'ai fait seul et à pied » dira t-il. Ses interminables marches solitaires dans les sous-bois, loin du monde, vont lui permettre de découvrir en lui l'homme primitif, naturel, sauvage, innocent, heureux, bien loin de l'homme social plein de rancoeur, de haine, de méchanceté, de jalousie. Pour Rousseau, la marche, en effaçant les mauvaises pensées, est bonheur, bien-être, joie et calme.

Kant (XVIII° également) lui, ne quittera jamais sa ville natale de Königsberg. Sa vie était réglée comme du papier à musique. Tous les jours, que le temps fut beau ou mauvais, Kant partait pour sa promenade d'une heure pile, toujours sur le même chemin, toujours seul, en respirant par le nez, la bouche fermée. de toute sa vie d'adulte, l'histoire veut qu'il n'ait manqué que deux fois sa promenade quotidienne ! Marche monotone, régulière, inéluctable. Pour Kant, la marche est discipline, volonté.

Nietzsche (XIX°) trouvera dans la marche un exutoire à ses terribles maux de tête. de grandes marches, seul, sur des sentiers de montagne, tous les jours, jusqu'à 8 heures de marche par jour. C'est dans la marche que Nietzsche trouvera son inspiration pour écrire un de ses textes majeurs « Ainsi parlait Zarathoustra ». Pour Nietzsche, la marche est indissociable de la réflexion : penser en marchant, marcher en pensant.

Rimbaud (XIX° également) pratiquera la marche dès l'âge de 15 ans. Il traversera l'Europe à pied, toujours à pied, de Belgique en France, d'Allemagne en Italie, d'Autriche en Suède. Ses pas le conduiront jusqu'au désert, dans les montagnes du Harar. Il en mourra à 36 ans, terrassé par des douleurs atroces dans le genou. Pour Rimbaud, la marche est synonyme de fuite, de fuite en avant. Mais aussi de joie, de fatigue, d'épuisement.

Ainsi, ce livre nous fait découvrir les mille et une façons de marcher et ses mille et un effets bénéfiques. Chacun trouvera dans la pratique de la marche les bienfaits répondant à ses propres aspirations.
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Nietzsche, Thoreau, Rimbaud, Verlaine, Gandhi marchèrent leur vie durant, parfois « obstinément, avec rage » posant ainsi un acte de résistance, parfois pour y trouver apaisement et communion avec la nature, souvent pour y vivre une expérience spirituelle.

Allant de la promenade au pèlerinage, de l'errance au parcours initiatique, Frédéric Gros a choisi de mêler biographies de personnages aussi différents que Kant, Socrate, Rousseau… et réflexions philosophiques.
Les chapitres sont courts, s'enchaînent avec une vraie facilité et curiosité répondant in fine à la question de la définition de l'art de marcher.
Un incontournable pour tout adepte de la marche, peu important sa forme.
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Des « Balades » de Thoreau, à « L'éloge de la marche » de David le Breton en passant par « Bâton de randonnée » d'Yves Leclair, ma bibliothèque de «marche » est déjà bien étoffée, mais je n'ai pas hésité longtemps avant d'ajouter le livre de Frédéric Gros sur mes étagères.
Ici pas de récit personnel, pas de conseils aux marcheurs, pas d'itinéraires secrets, mais plutôt une réflexion, une méditation sur l'art de la marche. Frédéric Gros interroge les marcheurs invétérés, ceux dont l'oeuvre ou l'action porte le sceau du marcheur. de Rimbaud à Nietzsche en passant par Ghandi, sans oublier Kant ou Thoreau.

Se balader, marcher, flâner, des activités qui prédisposent à penser et méditer au coeur de la nature, loin des soucis quotidiens.
Nietzsche est le premier accompagnateur de cette marche, chez lui pas de mièvrerie, on va d'un bon pas de Sils-Maria à Rapallo, hiver ou été, mer ou montagne "Nietzsche marche, il marche comme on travaille, il travaille en marchant" les livres de Nietzsche portent la marque de ce grand dehors que l'auteur nous décrit avec infiniment de poésie
Pas question ici de records, de vitesse
Mais la marche peut être fuite comme celle de " L'homme aux semelles de vent" qui de Charleville à Aden arpente le monde, chez Rimbaud la marche est l'expression de la colère, l'envie d'ailleurs,

Marchons aussi avec Rousseau qui, comme Nietzsche, dit ne pouvoir penser qu'en marchant et en éprouver une grande joie "Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose dire ainsi, que dans les voyages que j'ai faits seul et à pied "
Se promener est-ce marcher ? bien sûr nous dit l'auteur pour qui "Le secret de la promenade, c'est bien cette disponibilité d'esprit, si rare dans nos existences affairées" et nous engage à relire les pages où Proust évoque ses promenades " du côté de Guermantes ou de Méséglise "
Nous croisons au détour d'un chemins, Wordsworth, poète de la nature, car "marcher fait venir naturellement aux lèvres une poésie répétitive, spontanée , des mots simples comme le bruit des pas sur le chemin"
Ce livre plein de poésie et de grand vent, donne envie de boucler son sac. Je ne peux en épuiser ici tout le charme ni la liste d'autres marcheurs mais je vous laisse le plaisir de faire un bout de chemin avec eux.



Lien : http://asautsetagambades.hau..
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« En Marche », ils n'ont que ce mot à la bouche, ils s'en gavent, ils croient qu'ils marchent vraiment et que cela sauvera, sinon le monde, du moins la France. Mais ils sont en fait « En Course » et leur marche compte moins que leurs marchés. Ce livre prend, c'est logique, le contre-pied, de cette marche de marcheting. Il affirme d'emblée que – et c'est une joie ineffable de le lire – « marcher n'est pas un sport », puis il essaie de saisir, lentement, car on marche toujours lentement quand on marche longtemps, ce que marcher signifie, ce que ce temps hors de la course ordinaire a de précieux, ce qu'il permet comme pensées hors du commun, comme rythme nouveau, comme méditation monotone. Les grands marcheurs alors nous rejoigent, Rousseau, Nietzsche, Rimbaud, ils égrennent des pensées le long des routes, ils flânent à la Baudelaire dans des villes qui soudain ne sont plus les mêmes, parce qu'ils les regardent vraiment, parce que marcher, c'est accepter le monde, le prendre en soi, le comprendre, le changer, comme Gandhi en quête du précieux sel qu'on volait au peuple indien. « En Marche », hurlent-ils en tournant en rond. Emmanuel Macron sera-t-il le Gandhi français ? Ça ne marchera jamais.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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Voici un livre que tous les marcheurs et philosophes sauront apprécier ! Au premier abord, l'idée semble bien saugrenue de réunir dans un même livre les thèmes de la marche et de la philosophie. Et pourtant, nous sommes tous marcheurs et nous sommes tous philosophes, souvent sans en être pleinement conscient.
L'écrivain, Frédéric Gros, est professeur de philosophie et pratique la marche. Pour autant, l'auteur n'évoque qu'à de très rares occasions ses souvenirs de marche. le récit est en fait un voyage dans le temps et dans l'espace. Et l'on découvre qu'au cours des siècles de grands penseurs ont souvent été de grands marcheurs.

Rousseau (XVIII°), par exemple, se lance à 16 ans dans de longs voyages à pied à travers la France. Ce sont des voyages heureux. « Jamais je n'ai tant existé que dans les voyages que j'ai fait seul et à pied » dira t-il. Ses interminables marches solitaires dans les sous-bois, loin du monde, vont lui permettre de découvrir en lui l'homme primitif, naturel, sauvage, innocent, heureux, bien loin de l'homme social plein de rancoeur, de haine, de méchanceté, de jalousie. Pour Rousseau, la marche, en effaçant les mauvaises pensées, est bonheur, bien-être, joie et calme.

Kant (XVIII° également) lui, ne quittera jamais sa ville natale de Königsberg. Sa vie était réglée comme du papier à musique. Tous les jours, que le temps fut beau ou mauvais, Kant partait pour sa promenade d'une heure pile, toujours sur le même chemin, toujours seul, en respirant par le nez, la bouche fermée. de toute sa vie d'adulte, l'histoire veut qu'il n'ait manqué que deux fois sa promenade quotidienne ! Marche monotone, régulière, inéluctable. Pour Kant, la marche est discipline, volonté.

Nietzsche (XIX°) trouvera dans la marche un exutoire à ses terribles maux de tête. de grandes marches, seul, sur des sentiers de montagne, tous les jours, jusqu'à 8 heures de marche par jour. C'est dans la marche que Nietzsche trouvera son inspiration pour écrire un de ses textes majeurs « Ainsi parlait Zarathoustra ». Pour Nietzsche, la marche est indissociable de la réflexion : penser en marchant, marcher en pensant.

Rimbaud (XIX° également) pratiquera la marche dès l'âge de 15 ans. Il traversera l'Europe à pied, toujours à pied, de Belgique en France, d'Allemagne en Italie, d'Autriche en Suède. Ses pas le conduiront jusqu'au désert, dans les montagnes du Harar. Il en mourra à 36 ans, terrassé par des douleurs atroces dans le genou. Pour Rimbaud, la marche est synonyme de fuite, de fuite en avant. Mais aussi de joie, de fatigue, d'épuisement.

Ainsi, ce livre nous fait découvrir les mille et une façons de marcher et ses mille et un effets bénéfiques. Chacun trouvera dans la pratique de la marche les bienfaits répondant à ses propres aspirations.

Ma petite expérience personnelle se limite à 4-5 minutes de marche le matin, toujours à la même heure, à 6h45, été comme hiver, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve. Ces 4-5 minutes que je qualifierais plus pertinemment de promenade sont un moment vital pour la journée qui s'annonce. Écouter les oiseaux, entendre le bruit du vent, respirer à plein poumons, regarder les étoiles quand le ciel est dégagé, apercevoir au loin les lapins qui galopent …. . Ces quelques minutes soustraites au rythme fou qui va suivre m'apportent chaque matin le plein d'énergie. Un vrai petit bonheur !
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François Gros est un philosophe, mais il marche. Surtout, il sait parler de la marche – celle qu'on ne fait pas simplement pour se déplacer d'un point à un autre – et il le fait bien. La marche est l'une des plus simples activités auxquelles un homme puisse s'adonner, mais cette pratique est féconde. L'auteur analyse finement ce que nous pouvons vivre et expérimenter en marchant.
En outre, j'ai particulièrement apprécié les chapitres concernant quelques grands marcheurs devant l'éternel: Nietzsche, Rimbaud, J.-J. Rousseau, Thoreau, Nerval, et aussi Gandhi; quant à Kant, il a accompli, à une heure immuable, la même promenade quotidienne pendant des décennies ! Ces évocations particulières permettent d'approcher ces personnalités qui sont marquantes dans le domaine de la littérature ou de la philosophie.
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La marche sous différents angles, la marche sous le regard de quelques penseurs, la marche comme moment de réflexion, la marche comme regard sur soi, comme contact avec la nature, avec le monde, la marche considérée comme une promenade, comme un pèlerinage, comme une fuite, comme une errance, comme une flânerie, c'est tout cela et plein d'autres éléments savoureux qu'on retrouve dans ce remarquable petit essai. Que ce soit la marche régulière et quotidienne de Kant, la marche mystique et politique de Gandhi ou la marche réflexive et productive de Nietzsche, Frédéric Gros révèle tout l'intérêt intellectuel de ce geste répété d'avancer un pied devant l'autre.

Les chapitres peuvent se lire de façon indépendante les uns des autres, mais ils n'ont pas tous la même pertinence. L'angle est parfois parcouru très rapidement et on demeure déçu. Alors qu'en d'autres occasions, la discussion mène loin et contribue à nos réflexions. Dans l'ensemble, j'ai bien apprécié cette lecture que j'aurais aimé me faire lire en déambulant tranquillement dans mon quartier.
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Réflexions sur la marche, entrecoupées de récits de philosophes célèbres d'autrefois.
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Cheminer en compagnie de l'auteur, de Rimbaud, Rousseau ou Kant : un beau programme qui donne envie de chausser ses souliers et de partir à l'aventure. Je retiens aussi que la pratique de la marche était ancrée dans la vie de ces illustres penseurs, influençant leur oeuvre.
J'ai aimé le découpage du livre, aux jolies illustrations, qui alterne les expériences et réflexions de l'auteur avec les vies de ces grandes figures.
J'ai appris à mieux les connaître et découvert comment la marche a impacté leurs vies et façonné leurs idées.
Je ne résiste pas au plaisir de vous partager quelques citations.
Pourquoi marcher ? « Redécouvrir en soi le premier homme », « On n'a besoin en marchant que du nécessaire ».
Pour Rousseau dans les « Confessions » qui regrette ses voyages à pied de sa jeunesse qui furent des moments heureux : « Je n'ai voyagé à pied que dans les beaux jours, et toujours avec délices … les devoirs, les affaires, … m'ont forcé de faire le Monsieur et de prendre les voitures… au lieu qu'auparavant dans mes voyages je ne sentais que le plaisir d'aller, je n'ai plus senti que le besoin d'arriver ».
Un essai à mettre dans toutes les mains et pourquoi pas au pied du sapin ce Noël.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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