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Si on peut dire une chose, c'est qu'on ne s'est pas trompé de titre pour le livre ! Car dès ce niveau, on ne tourne pas autour du pot. L'objectif est clair : 1. c'est pour les cathos, 2. c'est un appel, 3. y est exprimé la nécessité de vivre ses engagements. Donc ceux qui l'auraient acheté, offert ou lu par erreur, auraient un léger (euphémisme exprimé par pure charité pour éviter "lourd" ou "grave" ou "méchant" (rayez les mentions inutiles)) problème de comprenette (là, il faudrait consulter) ou de vision (là, il faudrait consulter aussi, mais pas le même que précédemment). Alors pourquoi une telle exhortation ? Parce que l'auteur, jeune "padre" dynamique, s'émeut et s'indigne de la fatalité d'un déclin et d'un effacement inexorables qui envahit les cathos français, au point de perdre la foi en leur espérance. Il s'agit donc d'abord d'appeler les fidèles à sortir de leurs attitudes névrotiques de ces dernières décennies : paranoïa (sentiment de cathophobie, de complot médiatique…), dépression (baisse de la pratique, baisse des vocations, perte d'influence, perte de repères, évolution libérale-libertaire de la société...), schizophrénie (vie de foi souvent séparée de la vie sociale, pratiques pastorales distinctes des pratiques professionnelles, laïcité de plus en plus exclusive…). L'esprit du livre est donc bien d'enjoindre les ouailles à sortir les doigts du bénitier et du missel pour carrément les mettre dans le cambouis. Attention pas celui habituel des oeuvres caritatives ou des pratiques cultuelles mais bien la grosse fange des lieux d'influence ou de pouvoir, celle où ça peut craindre pour les bonnes âmes, où il faut plutôt être costaud, bien préparé et pas trop mou du genou, où il y a combat. C'est le prix à payer pour exister, influer et grandir. Mais c'est un prix normal parce que c'est la vie quotidienne de l'humanité ! Ainsi, l'objectif c'est l'efficacité et la performance et pas la mièvrerie, pas l'esprit compassé perdu dans les bondieuseries. C'est le genre : « aide-toi vraiment, fais le maximum comme un pro et seulement après le ciel t'aidera ». Pas l'inverse. Jamais l'inverse ! Attention, tout ceci n'exclut surtout pas la vie spirituelle. Au contraire, elle est fondamentale pour y puiser l'énergie nécessaire et garder le cap. De même, il ne faut pas croire qu'un tel discours serait novateur ; il est dans l'air du temps. Il est en effet celui de François (pour ceux qui liraient cette critique d'un oeil distrait et qui n'auraient pas percuté sur les 5 occurrences du mot ʺcathoʺ, je vous laisse deviner : il a une kippa blanche) depuis son élection qui demande de retrouver l'authenticité d'un message évangélique centrifuge. Donc fini plus que jamais le temps des catacombes, de l'enfouissement, de la dilution, du repli sur soi, des chapelles. La beauté du message chrétien vaut qu'on se décarcasse et qu'on le clame, certes en finesse, avec intelligence et sincérité (surtout sincérité) mais avec efficacité (de plus en plus d'efficacité), à la hauteur de la conviction de sa pertinence pour l'humanité. Bref, vous avez compris que le bouquin dépote et qu'il est là pour ça, comme un manuel du parfait catho ressuscité postmoderne. L'intérêt est qu'il n'est pas primaire. Pour être franc, soit, il est même plus subtil que ce que je craignais quand je l'ai coché dans la liste "masse critique" (by the way, un grand merci de m'avoir retenu), car ça sentait quand même à plein nez le sermon revendicatif, le prêche communautariste, l'homélie culpabilisante. Et bien non, ça ressemble beaucoup plus à un livre genre management par l'absence d'emphase, par l'approche rationnelle et pragmatique de la situation et pertinente qui plus outre, par le rappel des fondamentaux. Pour tout vous dire, je l'avais en fait choisi avant tout pour être quasi-sûr d'être dans le chapelet des heureux élus de "masse critique" parce que c'est quand même un livre de niche (cf. plus haut). Et alléluia, comme prévu ça n'a pas dû trop se bousculer au portillon (by the way, un grand merci de m'avoir retenu). Bonne pioche donc ! Bon, ben, en tout cas, en conclusion : engagez-vous, rengagez-vous, qu'il disait ! + Lire la suite |