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Critique de Yzou


C'est le moins que l'on puisse dire, Théo Grosjean ne nous avait pas habitué à ça.
Celui qui s'est fait connaître pour ses chroniques de "L'homme le plus flippé du monde" a sorti cette année un roman graphique sombre et atypique.

Ce qui en fait son originalité c'est le point de vue adopté, radicalement à la première personne. Nous suivons l'histoire à travers les yeux de Samuel, sans narrateur ni explication.
Nous sommes Samuel.
Et Samuel est un personnage particulier : depuis sa naissance il ne parle pas, ne pleure pas, et ne semble pas ressentir la moindre émotion. Il reste ainsi une sorte de spectateur de ce qui se déroule sous ses yeux, n'interagissant que peu avec son entourage qui, la plupart du temps, se contente de monologuer devant lui.
Nous sommes Samuel sans être complètement lui puisque nous ne savons pas quelles sont ses pensées. Un peu comme si on lui avait flanqué une caméra sur le front : nous lecteurs, sommes spectateurs du fait que Samuel semble n'être que spectateur de sa propre vie.
On y perd forcément en empathie…

J'ai aimé le graphisme : on retrouve ici le dessin de Théo Grosjean sur un fond souvent hachuré que je trouve très sympa (cette technique a-t-elle un nom ?). Ensuite les couleurs toutes en nuances de vert, qui associées au noir, participent à l'ambiance en rendant l'illustration plus neutre, plus léchée et en gommant les émotions que pourraient susciter inconsciemment certaines couleurs.
J'en ressors avec une impression de neutralité dérangeante.

Vous avez peut-être déjà entendu dire que cette BD était déprimante ou mettait mal à l'aise, c'est également l'effet que j'ai ressenti en la lisant. En plus du traitement monochrome, l'ambiance globale est morne et clairement ça ne respire pas la joie dans la vie de Samuel. Bon, faut dire que la couverture aiguille bien le chaland à ce sujet (la symbolique du corbeau n'est-elle pas la mort ?).

Il me reste cependant quelques bémols après lecture de ce roman graphique.
Je ne veux pas divulgâcher l'histoire, ainsi je resterai sur les questions généralistes, mais je me demande par exemple : puisque Samuel semble comprendre ce qu'on lui dit, sait écrire et passe son temps sur son cahier à dessins, pourquoi l'écriture ne viendrait-elle pas se substituer au fait qu'il ne parle pas ?
De plus, je me questionne sur l'utilité de certains évènements du récit, qui pourraient être importants mais qui sont traités sur le même plan que le reste. Même si, après réflexion, cet effet était peut-être recherché par l'auteur, j'aurais aimé que ce personnage conserve une vie « banale ».

En conclusion, je recommande la lecture de cette BD qui est une véritable expérience immersive. Pensez cependant à prévoir un petit truc joyeux à faire ensuite 😉...
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