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Critique de Bookycooky


Netanya, une ville côtière d'Israël.
Un bar miteux et un one-man show encore plus miteux. Dovalé G.,mi-clown,mi-showman, comique vieillissant, se déchaîne sur scène, entre blagues racistes et déplacées, obscénités provocatrices et vraies ou fausses confidences intimes, face à un public hétérogène, tour à tour hilare, agacé, scandalisé,ennuyé. Parmi les spectateurs, Avishai Lazar, juge à la retraite. Apparemment ils se connaissent d'antan, et ce dernier n'est pas là par pur hasard.Il l'a invité à venir voir son show à ses frais,et voudrait par la suite, s'il le souhaite, qu'il lui passe un coup de fil et lui dise ce qu'il a vu. C'est tout. Mais en faite ce n'est pas tout........("Pourquoi a-t-il insisté pour que je vienne? A quoi ca sert d'embaucher un tueur à gages? A mon avis, il se débrouille plutôt bien tout seul").
Une histoire qui débute de la sorte et une prose qui accompagne merveilleusement bien ce déchaînement, ne pouvaient que m'emballer ("Maigres applaudissements,il passe à la vitesse supérieure.").

Dans une mise en scène qui enrobe en réalité toute une autre histoire ( "l'homme est loin d'être un débile" ), Dovalé sur scène, joue sa vie. Un homme au physique ingrat qui brille d'intelligence et de lucidité. "Cet homme qui n'est ni beau, ni séduisant, ni fascinant réussit à viser le point précis où les êtres humains se muent en racailles".
Grossman m'a épatée avec sa fine et subtile analyse de l'âme humaine exposée jusqu'à ses côtés les plus vils, qu'il nous offre dans un scénario époustouflant.
L'auteur touche aussi dans ce contexte, une dimension psychologique trés intime et profonde, qui se révélera peu à peu; Celle "d'une compréhension profonde et immédiate " qui peut s'installer entre deux êtres qui n'ont aucun lien de parenté et autres et peut rester intacte comme par magie même après de très longues années de séparation . Et dans ce cas,ce quelque chose de très particulier que chacun possède, seule et unique, qu'on pourrait appeler l'essence même de notre personne est révélée à l'autre. Et ici surprise avec Dovalé ....

Ce livre,à mon avis, ne peut être jugé, aimé ou pas aimé que dans son contexte, celui d'un pays constamment en guerre où la mort est le lot du quotidien, d'un peuple très divisé entre eux, et uni uniquement en présence d'un ennemi commun et des individus qui trainent presque toujours un lourd passé .....Et malheureusement les terribles blagues de Dovalé sur les Arabes, si on peut les appeler blagues, font parties de la triste vérité, allant de paire avec la méchanceté humaine, universelle, sans âge , qui n'épargne que les "forts".....Grossman,homme de gauche,pacifiste,qui rejoint dans ses idées politiques Amos Oz et Abraham Yehoshua, ne se prive pas de piques politiques entre les lignes.

Un livre que j'ai dévoré. Dovalé, malgré son côté grotesque et sans-gêne qui met mal à l'aise, est un personnage complexe doté d'une intelligence et d'une sensibilité particulière, qui m'a profondément touchée....et m'a fait rire.Et bravo à la traduction !
P.s.Ce livre vient d'emporter le prix littéraire pour le meilleur oeuvre littéraire traduit en anglais, "Man Booker Prize 2017".

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