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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Que dire après toutes les critiques précédentes, qui n'ait pas déjà été expliqué et analysé à propos de ce livre ?


Que c'est une dénonciation en règle du système soviétique en cours sous Staline et que l'auteur met en parallèle le fascisme d'Hitler et le communisme stalinien.

Qu'il nous fait ressentir la terreur qu'il y avait à vivre à cette époque en Russie.
Que cette peur, n'est pas due seulement à la guerre, mais aussi au NKVD qui faisait que vous deviez vous méfier de tout le monde, de vos propres propos et ceci que vous soyez Général sur le front, chercheur dans un labo ou voir même commissaire politique.

Qu'en écrivant cette fresque en 1960 et en la soumettant au comité de lecture officiel, l'auteur devait déjà savoir quelle n'avait aucune chance d'être publiée ou peut-être a-t'il espéré que sa célébrité plus le temps écoulé pourrait permettre une publication qui ne vint, un peu miraculeusement, que dans les années 1980.

Qu'il faut lire ce livre, ainsi que ceux de Varlam Chalamov, Alexandre Soljenitsyne entre autres, pour prendre conscience de ce qu'était la vie en Russie communiste.

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Difficile de résumer pas loin de 1200 pages d'un roman qui n'a rien d'un turn-over et a failli ne jamais être édité !

Stalingrad, la ville mais ici surtout la bataille de Stalingrad( immense boucherie, 800000 morts soviétiques et 400000 du côté allemand) sert de fond à ce roman. La guerre est là avec ses souffrances, sa violence, ses morts, ses soldats si jeunes trainant dans la boue, le froid et crevant de faim. Pourtant ce n'est pas vraiment un roman de guerre. La guerre révèle seulement les similitudes des deux systèmes totalitaires qui s'affrontent.

Dénonçant les purges précédentes, les faux procès, la partialité des décisions, la collectivisation, les camps des goulags, l'aisance de certains face à la misère de la très grande partie de la population, le racisme latent sous "l'amitié entre les peuples", l'antisémitisme, on ne peut s'étonner que le manuscrit ait été détruit par l'état. Ce même état brise les personnages qui oscillent entre le bien et le mal et sont toujours sous la terreur d'une décision arbitraire .

La lecture de ce roman est exigeante , il n'a rien d'une bluette. La dénomination des personnages par différents patronymes complique la lecture au début. Je pense qu'il est bon d'avoir quelques idées sur l'histoire de l'URSS pour l'aborder.

Roman difficile, dense et riche.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Cette avis ne peut rien apporter de plus que les précédents. Mais il me semblé important de montrer comment à travers les années "Vie et Destin" reste un monument sur litterature russe contemporaine sur son histoire du XXeme siècle. Ce nouveau Guerre et Paix, aussi ardu à la lecture mais tellement marquant pour la compréhension du monde. Et c'est précisément en relation avec l'actualité internationale, que je recommande aux lecteurs d'aujourd'hui de se plonger une nouvelle fois dans ce roman puissant.
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À l'actif de ce livre, la présence. L'effrayante proximité des Russes et des Allemands dans les ruines de Stalingrad, leur mobilité dans l'eau glacée de la Volga, dans la neige arrosée par les snipers, dans l'usine de tracteurs convertie en usine de chars qui reste active de nuit sous les bombes. L'auteur a vécu la guerre totale dans la « capitale de la guerre mondiale ». On n'invente pas la proximité de la mort, cette anesthésie de l'épuisement qui participe à l'héroïsme : « À plusieurs reprises, Poliakoff fut jeté à terre, il tombait, se relevait, courait, il ne savait plus où il se trouvait, s'il était vieux ou jeune, s'il y avait encore un haut et un bas. Mais Klimov l'entraînait à sa suite et ils finirent par se laisser tomber dans un profond trou de bombe, glissèrent jusqu'à son fond plein de boue. L'obscurité y était triple ; l'obscurité de la nuit, l'obscurité de la fumée et de la poussière, l'obscurité d'une cave profonde » (p 583-4).

Au passif, l'excès de déplacements des deux côtés du front, la navette sans transition chez les civils dans les zones libres ou occupées, chez les zeks du goulag, dans les camps allemands de prisonniers russes, dans les camps russes de prisonniers allemands. Mais sans doute cette impression de vertige est-elle voulue par l'auteur. Plus pénibles et plus disparates encore sont les interminables conversations où chacun, désigné par son nom, ses prénoms, ses surnoms ou ses fonctions — une bonne centaine de personnages —, intervient sur une comme sur dix pages pour discourir sur l'homme russe, l'âme russe, le peuple russe, son avenir, le parti, la bureaucratie ou l'ennemi. Tout ce monde parle ou pense pour nous, soldats du front, victimes de l'arrière, académiciens de Moscou, généraux dont l'existence est attestée, y compris les têtes historiques, Eichmann, Hitler, Staline : « Staline était ému. En cet instant, la puissance future de l'État se confrontait avec sa volonté. Sa grandeur, son génie n'existaient pas par eux-mêmes, indépendamment de la grandeur de l'État et des Forces armées. Les livres qu'il avait écrits, ses travaux scientifiques, sa philosophie ne prenaient un sens, ne devenaient objet d'étude et d'admiration de la part des millions de gens que lorsque l'État était victorieux » (p 874).

Sur le plan des idées, on sent percer derrière la multiplicité des vies et des destins (curieux, le singulier du titre), un archétype de l'homme fort, honnête, patriote et pessimiste, dont la bonté se retourne contre lui, bientôt désespéré. Après la victoire de Stalingrad, le temps des héros est aussitôt suivi du retour de la haine, de la méfiance, de l'antisémitisme (l'arrestation et la torture de Krymov, le questionnaire imposé à Strum, physicien juif, après sa découverte). L'union sacrée qui rassemblait camarades commissaires et camarades combattants reflue en un constat désespéré, celui d'une convergence morale avec l'ennemi : dans une très longue et peu vraisemblable conversation entre un officier allemand fataliste et un vieux bolchevik, l'auteur dénonce la convergence des deux totalitarismes (p 527-40), idée insupportable aux censeurs. On peut lire ailleurs la biographie de l'auteur, la condamnation et la résurgence de son livre.

Vouloir donner la parole à tous crée de pénibles distorsions. Ainsi Grossman donne deux représentations de la Shoah (le mot n'est pas prononcé). Avant les images odieuses des chapitres 47-48 (seconde partie), il attribue à Eichmann, le planificateur minutieux du massacre, une vision totalement irréaliste, une scène de science-fiction : « Le sol était constitué de lourdes dalles mobiles à encadrement métallique parfaitement jointes. Un mécanisme commandé depuis la salle de contrôle permettait de faire basculer ces dalles en position verticale, de telle sorte que le contenu de la chambre était évacué dans les locaux souterrains. C'est là que la matière organique était soumise au traitement d'une brigade de dentistes qui en extrayaient les métaux précieux de prothèse. Après quoi on mettait en action le convoyeur conduisant aux fours crématoires, où la matière organique désormais exempte de pensée et de sensibilité subissait, sous l'effet de l'énergie thermique, une dégradation ultérieure pour se transformer en engrais minéraux phosphatés, en chaux et en cendres, en ammoniac, en gaz carbonique et sulfureux » (p 640).

Sur le plan littéraire, le réalisme le plus cru côtoie le grand lyrisme russe « La terre s'étirait, immense et sans fin. Et, immense et éternel comme la terre, il y avait le malheur » (p 181). « Tout passe, mais ce soleil, ce soleil énorme et lourd, ce soleil de fonte dans les fumées du soir, mais ce vent, ce vent âcre, gorgé d'absinthe, jamais on ne peut les oublier. Riche est la steppe… » (p 387). « Mais ce siècle était le sien, il vivait avec ce siècle et y resterait lié même après la mort » (p 353).

Un livre qu'on est heureux d'avoir lu et soulagé de terminer.
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Roman russe lu en anglais dans une traduction de Robert Chandler.


Le XIXème siècle russe tenait son grand roman, son épopée, sa fresque historique, en la merveilleuse Guerre et la paix de Tolstoï.
Le XXème siècle ne fut pas en reste : Life and fate est aujourd'hui considéré comme LE grand roman russe de la période. Un livre qui pourtant, faillit ne jamais voir le jour : en 1960, le roman fut « arrêté » par le KGB, les brouillons brûlés et les rubans encreurs de la machine à écrire utilisée pour sa rédaction, détruits. Life and fate semblait à jamais perdu.
Heureusement, les sursauts de l'Histoire font parfois bien les choses, et grâce à deux copies dissimulées pendant des décennies, le manuscrit put être traduit et publié en Suisse en 1980. Il fallut attendre la glasnost pour qu'il paraisse en Russie en 1989.


Mais trêve d'histoire maintenant !
Ce récit, tout le monde le connaît. Depuis ses débuts, l'ouvrage n'a cessé de faire scandale, il a terrifié le monde politique soviétique, a glacé l'Europe de la guerre froide et a relevé haut la main le défit lancé par le bien connu Archipel du Goulag de Solzénicyn.


Car Life and fate était dangereux.
Près de 900 pages de vérités exposées sans concession, de récits séditieux, de dénonciations d'un système que personne alors n'osait faire.
Et surtout, et pour la première fois, une mise en parallèle de deux régimes totalitaires : l'Union Soviétique de Staline et le Troisième Reich d'Hitler. Deux régimes également capables des pires atrocités, des plus terribles abominations.


Son auteur fut pendant longtemps un écrivain et journaliste communiste d'une orthodoxie absolue, suivant l'Armée rouge sur les différents fronts et découvrant avec elle les ruines fumantes du camp de Treblinka.
Pourtant, lorsque Vasily Grossman entreprit, en 1952, cette immense fresque consacrée à la bataille de Stalingrad, il n'était plus le même homme. Il avait assisté au déchainement de l'antisémitisme dans son propre pays, vu pleuvoir les procès insensés et les dénonciations en cascade. Il avait vu ce que le Stalinisme avait de plus sombre, de plus caché, de plus sordide.
Frappé par les similarités entre deux systèmes politiques opposés, il décida de repenser l'histoire du siècle et faire de l'enfer un monstre à deux visages.


Ce hydre bicéphale prit la forme d'un immense roman : un millier de pages, près de 150 personnages , des centaines de courts chapitres dessinant d'innombrables et fascinant tableaux, une kyrielle d'intrigues s'enchevêtrant, une série de relations se dessinant au fil des pages, et une montée en puissance de la peur indéniable. A l'incroyable récit de la bataille de Stalingrad qui fit basculer la guerre dans une seconde phase, se mêlait celui de la famille Shaposhnikov, aux ramifications multiples, disséminées en Allemagne, à Moscou, à Stalingrad, à Kazan, en Sibérie et dans les montagnes de l'Oural.


Avec force de détails, Grossman donne naissance à une immense tapisserie décrivant une époque durant laquelle l'inimaginable et l'horreur côtoient les plus splendides passions. Il nous donne à voir un peuple dans toute son humanité, une population civile affamée, terrée dans les caves de Stalingrad, des soldats d'une terrifiante jeunesse envoyés au combat comme à l'abattoir, des scientifiques terrassés de découvrir leurs découvertes jugées « antisoviétiques » par le pouvoir en place, des hommes reniés, des dizaines d'« ennemis du peuple » envoyés dans un goulag sibérien, des milliers de femmes et d'enfants conduits vers les chambres à gaz sans autre forme de procès, des grand-mères éplorées d'avoir vu tous leurs enfants disparaître, des prisonniers ravagés dans un camps de concentration allemand.


J'avais peur en entamant cette impressionnante lecture de me perdre dans ce tableau démesuré, de ne pas être touchée par cette fresque historique trop documentée, d'être ennuyée par d'incessants épisodes de batailles (qui, je dois l'avouer, m'avaient quelque peu déstabilisée lors de ma lecture de Guerre et Paix), de ne pas bien saisir les différentes considérations idéologiques et philosophiques des personnages. D'être désemparée face à l'ampleur de la tâche, somme toute.


Mais je dois avouer qu'il n'en fut rien. J'ai été subjuguée par la force du récit, son intensité rare, sa fougue, son interminable progression vers le point culminant de l'horreur.
J'ai aimé ses personnages si humains, si beaux, si purs et si faibles tout à la fois, leurs émotions partagées, leurs amours, leurs espoirs et leurs combats.
J'ai goûté le plaisir de me sentir moins béotienne au coeur de cet effroyable siècle, de comprendre certains enjeux géopolitiques que je n'avais pas fait miens jusqu'alors et de prendre conscience de certains terribles mécanismes de « l'oeuvre » totalitaire.
J'ai enfin été saisie par l'ampleur de l'oeuvre, sa grandeur, la force de caractère de son auteur et l'importance que ce roman a eu dans le cours de ce que l'on peut appeler Histoire avec un grand H.
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Après avoir adoré "La Fabrique des salauds" de Chris Kraus, je cherchais une oeuvre de la même ampleur mais sur un autre aspect du XXe siècle, plus spécifiquement sur l'URSS. La fantastique équipe de la librairie Millepages (Vincennes) m'a alors conseillé "Vie et destin" de Vassili Grossman dont les manuscrits avaient été confisqués par le KGB en 1962 mais qui est pourtant parvenu jusqu'à nous. La première chose qui m'a frappée, c'est l'écriture sublime et imagée de l'auteur ; on aurait envie de citer au moins une phrase par page !

La seconde, c'est le caractère profondément cinématographique d'une Europe à feu et à sang qu'il nous raconte à travers les voix de Mostovskoï, un prisonnier dans un camp de concentration, Krymov et Tchouïkov, des militaires pris dans le siège de Stalingrad, la famille bourgeoise de Lioudmila Nikolaïevna et son mari Strum, un scientifique renommé, Sofia Ossipovna, une doctoresse juive envoyée dans les camps d'extermination nazis, Guetmanov, un cadre du parti en Ukraine… Ramenée à hauteur d'hommes, les concepts parfois abstraits de la grande Histoire prennent une toute autre dimension comme la planification économique dite ennemie de l'innovation, la propagande et la désinformation, les procès politiques et la torture.

J'ai été particulièrement marquée par le face à face glaçant entre le détenu Mostovskoï et le SS Liss qui met en lumière toutes les similitudes entre fascisme et communisme et l'inspiration commune qui a lié Staline et Hitler (p. 526 à 541). Ces deux systèmes ont donné énormément de pouvoir à des hommes minables qui ont profité de leur position pour exercer leur vengeance contre le monde entier et broyer celles et ceux qui les entouraient. Ce livre est celui de ce grand moment de la Seconde Guerre mondiale où "la crainte mystique de l'armée allemande a pris fin en décembre 1941" avec la victoire de Moscou alors que celle de Stalingrad a permis de "créer une nouvelle conscience de soi dans l'armée et dans la population" soviétiques (p. 896). En conclusion, "cette guerre permit à Staline de proclamer ouvertement l'idéologie du nationalisme étatique" (p. 899).
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"Vie et destin", ce titre donne à lui seul l'ampleur de la dimension de ce roman. Un livre ambitieux donc, qui évoque les deux formes de totalitarisme qui ont marqué l'histoire du XXème siècle, le nazisme et le communisme. Ce deux régimes se sont rencontrés et opposés pendant la 2ème guerre mondiale, et notamment à Stalingrad, la ville qui est au coeur du livre et dont la bataille a, dans l'esprit de tous, constitué le tournant de la guerre.
Cette vaste fresque historique fait ressortir les différences entre ces deux régimes totalitaires, mais aussi leurs ressemblances, car, dans les deux cas, il s'agit de l'écrasement de l'homme par un Etat tout puissant, une force redoutable qui se manifeste par sa machine bureaucratique , les prisons et les camps sibériens de l'URSS, la solution finale et les camps de la mort du 3ème Reich, le Parti avec son guide omniprésent. Au fond, ces régimes n'étaient pas antagonistes.
Le roman se déroule presque intégralement sur le sol russe. Il foisonne de personnages divers, de remarques pertinentes et profondes prononcées sous la plume de l'auteur, mais aussi il est constitué de très belles pages d'écriture qui expriment l'attachement que Vassili Grossman porte à la terre de ce pays.
Un bémol toutefois: ce roman est un peu long et peut-être un peu trop détaillé, ce qui rend la lecture parfois fastidieuse.
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Quel livre ! D'abord contrairement à ce qui est écrit au début du livre, il vaut mieux avoir lu « une juste cause » pour mesurer à quel point le contexte et les idées de l'auteur ont changé. Ensuite, ce livre est très actuel avec Poutine et la réhabilitation de Staline.
Très vite, j'ai découvert que j'avais déjà lu ce livre il y a un moment. Je me rappelais de deux faits : d'abord le retard de 6' de Novikov pour lancer ses chars et le groupe du 6bis avec Checkov à sa tête.
Néanmoins j'ai eu beaucoup de plaisir à le relire. C'est un livre noir, qui souligne aussi bien les convergences des nazis et du stalinisme, la montée de l'antisémitisme des deux côtés, la détresse du peuple russe, qui malgré l'expérience de 1000 ans d'autocratie a « réussi » à en trouver un autocrate pire, la manière dont les gens se soumettent que ce soit au quotidien ou lors des instructions des juges. Et pourtant, derrière tout ce noir, ces tragédies sur la petitesse humaine (les généraux nazis qui cherchent leurs valises pour partir en détention), il y a la lueur de la liberté et de l'espoir.
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Un roman fleuve qui retrace à travers la destinée des membres et proches de la famille Chapochnikov les heures où le système stalinien a failli basculer.
Intéressant à plus d'un titre :
- L'analyse politique est implacable totalitarisme en mettant sur le même plan l'emprise des systèmes fasciste et communiste sur la vie quotidienne des hommes. le poids immense du système soviétique basé sur la terreur et la délation régit tous les rapports humains et vient s'immiscer au sein même des familles.
- L'enfer des camps nazis y est particulièrement décrit de façon saisissante : il est difficile de retenir ses émotions lors de la scène emmenant Sofia et David à la chambre à gaz. Il est aussi incroyable qu'un système parallèle puisse prendre place à l'intérieur des camps, jusqu'à pouvoir penser organiser matériellement un soulèvement.
- La bataille de Stalingrad est un des temps forts du roman : elle est vécue au niveau des hommes du front, côté allemand et côté russe. L'épisode du bastion de la maison 6bis est prenant ?
Cependant, la lecture du roman outre ses longueurs est plus que difficile : il m'a fallu plus de 300 pages (et l'aide de Wikipedia) pour m'y retrouver dans la kyrielle de personnages et de pouvoir tisser les liens qui les reliaient.
Après des moments de doute et beaucoup de persévérance, il reste tout de même un roman puissant dénonçant les systèmes totalitaires pour leur absurdité et leur caractère humainement destructeur.
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Je demande à mon collègue ce qu'il est en train de lire. Il me parle de Vassili Grossman. Ce nom me dit quelque chose. J'entends le mot Stalingrad. L'information tombe d'un coin de ma tête. Ah oui...ce Guerre et Paix du 20ème siècle...
Cela n'est pas pour moi...mais mon collègue m'en parle plus amplement, me titille, me donne envie de me lancer dans ce périple. Mais il me met en garde sur la complexité et la diversité du roman...Ces paroles restent et m'intriguent.

Quelques semaines plus tard, je termine un roman. le choix du nouveau se pose. Les paroles de mon collègue reviennent. Suis-je prêt ? Je commence Vie et Destin avec quelques à priori..

Et il avait raison...
Que ce roman fut complexe !

Il n'a pas été facile à appréhender. Les personnages sont nombreux et parfois difficilement reconnaissables (je fais référence aux appellations, patronymes...). Les lieux et les histoires changent, les personnages restent mais changent de manière constante. le récit n'est pas linéaire et ce n'est pas toujours facile.

Au-delà des destins croisés de tous ces personnages, l'oeuvre nous apporte une réflexion incroyable sur le système soviétique (et sur la notion de liberté, de peur, de patriotisme que cela implique)...Par ses personnages, Vassili Grossman nous donne une image de la société soviétique face à ce système en constante évolution. Et face à cela, les hommes et les femmes ne s'y retrouvent pas toujours....

Je voudrais même l'accent sur deux moments du roman.
Même si le passage de la lettre que Strum reçoit de sa mère m'a terriblement marqué, il en est un autre encore plus bouleversant : les derniers instants de Sofia et du petit David au sein d'un camp d'extermination. Rarement, je n'ai ressenti une telle proximité avec les personnages, de la sortie des wagons jusqu'à cette fin tragique dans une chambre à gaz....

Enfin, je reviendrai aussi sur cette conversation entre l'officier SS et le bolchévique, deux personnages totalement opposés, dans un camp allemand. Une conversation politique (mais aussi philosophique) extraordinaire ! Ce moment reste un passage marquant pour la plupart des lecteurs et des critiques et je comprends pourquoi !

Vie et destin est un roman complexe, qui m'a demandé beaucoup d'énergie, de temps et de concentration. Mais cela reste un témoignage incroyable, un roman que l'on se doit de lire par la richesse du réalisme et des réflexions qu'il apporte.
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