Israël, les conséquences de la Shoah sur la génération suivante.
Première partie du roman, un enfant obsédé par les secrets, les choses innommables qu'ont vécues ses parents. Il a entendu parler de la « Bête nazie », un monstre qui peut se développer n'importe où, l'enfant met alors des animaux en cage pour les observer, attendant qu'ils se transforment. le silence et l'imaginaire, plus lourds que la réalité.
Deuxième partie, devenu grand, ses amours, son obsession pour le passé, son refus du bonheur, dans la crainte que tout recommence. Il s'identifie à un disparu et à partir de là, j'ai eu du mal à suivre, car on assiste à de longs passages de divagations se rapportant à la mer dans laquelle l'écrivain Bruno se serait suicidé. Peut-être n'étais-je pas d'humeur suffisamment métaphorique, mais la nage avec les saumons m'a complètement noyée…
Je n'ai pas pu me résoudre à poursuivre avec l'histoire de cet oncle qui comme Shéhérazade qui racontait des histoires au commandant du camp pour ne pas mourir.
La dernière partie est également très particulière par sa forme, c'est une encyclopédie, des définitions en ordre alphabétique, avec des renvois comme dans le titre : voir ci dessous.
J'avais bien aimé « La femme fuyant l'annonce », même si ce n'était pas un livre facile, mais malgré les qualités d'écriture de « Voir ci-dessous : je renonce à le terminer. Même si j'ai apprécié la première partie, j'en garderai le regret d'un rendez-vous manqué…
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Je veux être prêt pour la prochaine fois que cela arrivera. Pas seulement pour pouvoir me séparer des autres sans trop souffrir, mais pour pouvoir aussi me séparer de moi-même. Je voudrais être capable d’effacer tout ce qui, en moi, menacé d’annihilation, d’avilissement, pourrait provoquer une douleur intolérable. (p.178)
« Un poème, c’est comme un flirt, me dit-elle en souriant dans le noir, un roman ressemble davantage au mariage : tu vis avec les personnages longtemps après que l’amour et le désir des débuts se sont éteints » (p.173)
Mais il savait ce qu'il en était, et il avait peur. Pour se leurrer un peu de temps à autre, il se liait d'amitié avec des gens, écrivait des lettres sentimentales (il croyait presque à leur sentimentalité), feignait l'innocence, il tutoyait ses connaissances (ce qu'il ne faisait jamais par écrit ; peut-être parce que, par écrit, il ne pouvait pas tricher). Il acceptait de donner des conférences et se laissait parfois entraîner dans des fêtes ou bals, où il souriait d'un air embarrassé et se laissait enivrer, pour ne pas décevoir, il parvenait même à ricaner quand on lui tapait jovialement sur sa maigre épaule, affichant sur son visage ironique une expression d'attention, lorsqu'on lui expliquait d'autorité que, pour connaître le désespoir (Le désespoir ! lui criaient-ils à l'oreille, la main sur le coeur, geste dont il n'avait jamais ressenti le besoin, ne sachant que trop où se trouvait son coeur), et pour "écrire comme un véritable écrivain", il faut se suicider un peu et avoir le diable au corps de temps en temps.
… je ne peux plus continuer comme ça. Toutes ces histoires. Toutes ces atrocités. Comment est-il possible de continuer à vivre dans ce monde et de croire en l’humanité après avoir appris ce qui s’est passé? (p.118)
La compassion, Herr Neigel, l’amour de l’homme, et cette capacité merveilleuse et insensée de croire en l’homme. De croire en lui envers et contre tout. On peut se défaire aisément de tout cela. Et l’opération se fera presque sans douleur.
Wajdi Mouawad interprète le rôle du juge Avishai dans le texte de David Grossman, Un cheval entre... .Wajdi Mouawad interprète le rôle du juge Avishai dans le texte de David Grossman, Un cheval dans un bar. Une fiction enregistrée au musée Calvet d'Avignon, à retrouver ici : http://bit.ly/2uiEaiS