AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 29 notes
5
2 avis
4
6 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Au milieu du XIXe siècle, voyager sur les bâtiments de la Royale, sur des trajets aussi longs que le retour de Nouvelle Calédonie, était encore un challenge. Des mois de navigation, des risques de météo et de mer capricieuses et une promiscuité propice à beaucoup de tensions et d'animosité.

Quand le naturaliste du bord s'enthousiasme de ramener dans ses bagages le jeune Kanak Eloi, c'est guidé par une extrême curiosité scientifique et un moins avouable désir de reconnaissance et de renommée. La présence du jeune indigène va stigmatiser des positionnements moraux différents dans toutes les strates de l'équipage: racisme populaire chez les matelots, objectif missionnaire pour le prêtre du bord, autorité malsaine des sous-officiers, condescendance aristocratique des officiers.

Pour tous, le jeune pêcheur doit apprendre à parler et devenir matelot. Il se doit et ne peut que s'adapter aux règles de vie civilisée et à la morale chrétienne.
Cela sera fait, envers et contre tout, jusqu'aux dernières extrémités de déshumanisation et de violence.

Tres belle réussite que cette bande dessinée historique, qui ne lasse jamais malgré 200 pages centrées sur la vie à bord. Les multiples scènes du quotidien se succèdent avec une impression de langueur propice à évoquer ces interminables navigations et avec des fulgurances de violence en actes et en paroles.
Les détails sont nombreux et le découpage très dynamique. le dessin noir et gris bleuté est un support idéal de confort de lecture. J'ai beaucoup aimé l'aspect graphique et ai d'ailleurs choisi cette lecture sur le coup de coeur de l'aquarelle de sa page de garde.
Commenter  J’apprécie          351
On ne peut qu'être profondément ému par le destin si sombre d'Eloi.
Jeune Kanak fraîchement converti au catholicisme, il est emmené en France à la demande d'un scientifique le voyage de Nouvelle-Calédonie vers la France se révèle un interminable calvaire pour le jeune homme qui peine à s'adapter alors qu'il est en butte à l'hostilité de tous, ou presque, sur le navire : racisme sous toutes les formes imaginables à cause de sa couleur de peau, de sa culture considérée comme primitive, de son anthropophagie supposée, etc. Et ceux qui ne lui sont pas hostiles ne le considèrent que comme un objet d'étude : un athée à transformer en bon chrétien pour le prêtre, un cobaye à étudier sous toutes les coutures pour le naturaliste... C'est révoltant, écoeurant de voir son humanité ainsi reniée par tous.
Et le récit du sinistre destin d'Eloi est servir par des dessins en noir et blancs qui reflète toute l'âpreté de ce huis-clos en mer.
Commenter  J’apprécie          200
Milieu du XIX siècle, le récit débute en Nouvelle-Calédonie parmi l'équipage de "la Renommée" en pleine hégémonie coloniale entre pseudo recherche scientifique ou supériorité religieuse aveugle.
Ils entreprennent le retour en France , longue et éprouvante navigation hasardeuse à l'époque des grands trois-mats.
Eloi, un jeune Kanak fait parti du voyage, tel un trophée à montrer pour justifier au nom de la science les recherches anthropologiques ou l'espérance de le convertir au Christianisme pour l'homme d'église accompagnant cette mission. Mission éprise d'un complexe de supériorité propre à cette époque de l'humanité.
A priori culturels autour du cannibalisme des autochtones , vie à bord pour les marins entre curiosité, rare bienveillance, barbaries et conditionnement subie par des année de traite négrière.
Ou jusqu'où pouvait conduire les certitudes d'homme de sciences pour certifier la propagation du "bien" en légitimant le mal absolu. Questionnant pour le coup qui se place réellement en anthropophage de l'humanité ?
Débat qui peut encore se dévoiler actuel en ces moments où la science est mis à mal par des scientifiques recherchant la médiatisation à l'extrême faussant le débat en dogmes dangereux à mon humble avis.
Dessins bleus et blanc très réussis, jolie bande dessinée au contenu intéressant.
Commenter  J’apprécie          180
1837. Une expédition française rentre en métropole avec à son bord un jeune Canak. Un bon sauvage qui a été baptisé et prénommé Eloi, va repartir avec ces « bons » blancs. Ce voyage ne sera pour lui qu'un dur apprentissage de la « civilisation ».
Une expérience dramatique pour lui, objet de railleries ou de maltraitance de la part de l'équipage, de la compassion toute évangélique du prêtre du bord, et pire de la protection «naturaliste » du scientifique du bord. Celui-ci voit en lui une chance de se faire reconnaître de ses pairs en prouvant par une théorie fumeuse, la phrénologie, que les primitifs sont inférieurs et sans morale à cause de l'architecture de leur crâne… Il protège Eloi comme on protège un objet d'expérimentation… Seul un jeune matelot montrera à Eloi un peu d'amitié.
Un réquisitoire convainquant contre une certaine vision des « races », à savoir la supériorité de l'homme européen civilisé doté d'une morale contre le sauvage anthropophage...
Le dessin en noir et blanc rend bien toute l'absurdité et l'horreur de ce récit.
Commenter  J’apprécie          60
Eloi est encore un exemple des méfaits de la colonisation française. Cela se passe en 1842 à une époque où les expéditions menaient la marine dans le Pacifique. Il s'agissait de ramener un canaque dans la métropole pour l'étudier scientifiquement.

On sait que cette affaire va mal tourner et c'est toute cette triste aventure qui nous est contée. le thème sera celui de la justification de la colonisation à travers son oeuvre civilisatrice.

C'est surtout un huis clos sur le navire qui est bien orchestré quoiqu'un peu longuet par moments. Certaines scènes sont un peu crues mais bon, il fallait bien démontrer le contexte de l'époque. C'est traité avec réalisme et justesse. On est réellement pris par le récit. Encore une fois, les gentils ne sont pas ceux que l'on croit.
Commenter  J’apprécie          50
Une goélette française, la «Renommée», rentre de Nouvelle-Calédonie à son port d'attache, transportant un canaque, baptisé dans la religion chrétienne «Eloi». Pour des motifs troubles, mais selon son gré et celui de sa tribu, cet indigène de la Nouvelle-Calédonie a embarqué pour ce voyage au très long cours. Cédant aux instances d'un ami d'enfance, qui se pique d'ethnologie, contre toute attente le capitaine du navire a accepté que le jeune Eloi se joigne à son équipage de rudes marins.

Cet invité de dernière minute est le personnage central d'un huis-clos maritime mené de main de maître par Younn Locard et Florent Grouazel (dessin). Les faits se déroulent dans la première moitié du XIXe siècle.

Les amateurs de navigation et de bande-dessinée connaissent peut-être «Les Passagers du Vent», best-seller de François Bourgeon paru dans les années 80. Si, au premier abord, «Eloi» rappelle cette série, par ses thèmes généraux, voire le dessin, les auteurs parviennent ici à donner à leur intrigue romanesque une densité psychologique qui faisait défaut aux «Passagers du Vent», BD pleine de bons sentiments anti-esclavagistes, mais peu crédible en raison de personnages et d'un scénario trop manichéens.

Beaucoup plus ambigus, les personnages de Locard et Grouazel sont, du même coup, plus humains et, surtout, moins prévisibles, ce qui bénéficie à la dramaturgie. Peu à peu, l'étau se resserre autour du «sauvage», que tous considèrent comme tel à l'exception du prêtre qui l'a baptisé. le contexte de la navigation en mer, parmi des hommes réunis par la stricte hiérarchie régnant à bord des navires, ne laisse aucun échappatoire à l'imprudent aventurier canaque.

Et l'étau se resserre sans qu'on sache d'où le coup fatal va venir : des hommes d'équipage, les plus frustes, méfiants et brutaux vis-à-vis de l'intrus, ou bien de ceux, plus rares, qui manifestent, par amitié, par esprit religieux, ou encore par curiosité, le plus de bienveillance ? On navigue dans le brouillard et l'atmosphère est très tendue car on devine que la tempête peut éclater à tout moment. La peinture des gens de mer est aussi réussie, en particulier le portrait du capitaine du navire, sympathique mais pusillanime, qui sent dès le départ qu'il commet une erreur en acceptant qu'Eloi monte à son bord, mais ne peut s'empêcher de commettre cette erreur.

Le destin de l'Occident moderne est tellement lié à l'aventure coloniale que ce roman, s'il se présente comme un roman historique, manie un thème d'actualité crucial. le canaque Eloi est entouré de personnages dont les intentions sont toutes équivoques, des marins hostiles, à qui les moeurs cannibales des canaques inspirent la peur, en même temps qu'elles excitent leur curiosité, jusque au prêtre adepte de la fraternisation, en passant par l'ethnologue dont on ne sait si le prétexte scientifique recouvre une véritable soif de savoir, ou bien un désir de gloire. Et on peut dire qu'Eloi lui-même se jette dans le piège tête baissée.

De même, si les anciennes préventions contre les cultures primitives des tribus ou des peuples colonisés ont été officiellement abolies pour faire place aux bonnes intentions, le rapport des nations occidentales avec les anciennes colonies demeurent un rapport de domination et de soumission réciproque. Encore et toujours, l'ambiguïté est partout, les bons sentiments se mêlent inextricablement à la défiance et à la haine, la curiosité, comme dans l'intrigue poignante de cette BD.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
Commenter  J’apprécie          50
Bande dessinée passionnante, en noir et blanc, qui décrit le racisme aveugle des européens face à un homme venant d'un peuple dit cannibale.
L'histoire se déroule en 1837. Elle met en scène un jeune calédonien qui accepte de venir en Europe pour découvrir un autre monde.
Il est aidé, soutenu, par un prêtre qui l'a baptisé et qui tente de le convertir.
Le scientifique de l'expédition, qui soupçonne les kanaks de cannibalisme va tenter de l'étudier tout au long de la traversée.
Le capitaine du bateau a toujours été opposé à sa montée à bord… Il n'aura pas tort.
Eloi, tout d'abord, rejeté par les matelots, va tenter de s'intégrer au groupe, mais la différence de culture entre lui et les marins est un trou sans fond difficile à boucher.

En conclusion : sublime et dure à a fois. L'itinéraire d'Eloi est terrible et très touchant !!!

Lien : http://vepug.blogspot.fr/201..
Commenter  J’apprécie          30
1837. « La Renommée », bateau français mouille au large de la côte de Nouvelle-Calédonie. L'équipage s'est installé pour quelque temps à terre, le temps d'observer la nature et les autochtones. Il y a le commandant du navire, ses officiers et ses matelots, un scientifique qui est fasciné par ce qu'il découvre et bien sûr, un prêtre qui espère toujours évangéliser ce que beaucoup considèrent encore comme des sauvages cannibales. D'ailleurs, il a réussi à amadouer un jeune canaque qu'il a appelé Eloi et qui passe beaucoup de temps avec un des matelots du bord. Au moment du départ, le docteur Delaunay arrive à persuader le commandant d'emmener Eloi avec eux malgré la longue traversée et la réticence de beaucoup de marins …
Je ne connaissais pas du tout les auteurs et pourtant, le dessinateur est de Lorient. Mais il a fallu qu'on le rencontre lors du festival BD d'Uzès pour découvrir son album. La couverture ne m'attirait pas vraiment car j'imaginais une histoire sur la mer ou un truc dans ce genre. Quand j'ai découvert que cela avait un lien avec la Nouvelle-Calédonie et qu'il y avait un côté historique je n'ai plus résisté ! le graphisme est en noir et blanc avec des zones de couleur gris-bleu et cela permet de conserver un côté ancien, comme un documentaire. Les personnages sont peut-être parfois un peu trop similaires d'allure à mon goût mais bon, je suis arrivée à suivre sans trop me mélanger. La Nouvelle-Calédonie est assez peu décrite mais pour qui la connait, on retrouve des choses typiques de là-bas (les grottes qui jouent un rôle important dans la vie des tribus ou bien les cagous, oiseaux propres à cette île qui sont ramenés en France par le docteur Delaunay). L'histoire se concentre essentiellement sur le voyage de retour en bateau, avec les difficultés pour Eloi de s'intégrer (il ne parle pas le français), de comprendre ce qu'on veut de lui et la méfiance qui règne parmi l'équipage. J'ai aimé voir comment les personnages évoluaient : il y a certains retournements de situation étonnants et glaçants. Et bien sûr, les sauvages ne sont pas ceux qu'on pourrait supposer être … la civilisation n'améliore pas forcément les hommes ! J'ai trouvé l'atmosphère étouffante, effrayante par la banalité de la violence de l'époque, par les préjugés qui règnent et la tension ne fait que s'amplifier au fil des pages de façon subtile et réussie. Alors que je n'avais pas été attirée au départ, j'ai pourtant beaucoup aimé cette lecture qui est une sorte d'étude de moeurs et de la société de l'époque. C'est aussi original qu'intelligent et réaliste et cela fait réfléchir à notre propre comportement vis à vis des gens différents de nous-même.
Commenter  J’apprécie          20
La Renommé s'apprête à quitter les côtes de Nouvelle Calédonie. Sa mission de reconnaissance des côtes est terminée. A l'heure de lever l'encre, le naturaliste Pierre Delaunay convainc le capitaine d'embarquer avec eux le jeune Eloi, Néo-Calédonien fraîchement converti à la religion catholique.
En quête de gloriole scientifique, Pierre Delaunay ne voit pas la catastrophe à venir. Entre curiosité malsaine, moquerie, racisme, incompréhension, naît un huis-clos en pleine mer.
Les marins, Eloi, les têtes pensantes, ces gens de la haute, tous sont sous tension. La crainte de l'étranger exacerbe les passions et bientôt l'inévitable va se produire...
Younn Locard et Florent Grouazel dressent le portrait de cette pensée européenne du XIXè siècle. La présence d'Eloi dans cette micro-société entraîne chacun à prendre position, à défendre sa morale humaniste, religieuse, ou pragmatique... Reste que les discours quels qu'ils soient, sont l'exacte représentation de l'idée de suprématie et l'écoeurante "bienveillance" des européens.
Le dessin léger, tout en nuance de bleu, illustre le propos sans l'étouffer. L'ensemble est réaliste, il propose une belle réflexion sur la place de l'autre et la compatibilité des cultures.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (55) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5224 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}