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Critique de ATOS


«Parce qu'elle a été la première en France, en 1791, à formuler une «déclaration des droits de la femme» qui pose dans toutes ses conséquences le principe de l'égalité des deux sexes.
Parce qu'elle a été la première  « féministe » à comprendre, bien avant que ces mots en -isme n'existent, que le sexisme n'était qu'une variante du racisme, et à s'élever à la fois contre l'oppression des femmes et contre l'esclavage des Noirs.
Parce qu'elle a osé revendiquer toutes les libertés, y compris sexuelle ; réclamer le droit au divorce et à l'union libre ; défendre les filles-mères et les enfants- dits -bâtards, comprenant que la conquête des droits civiques ne serait qu'un leurre si l'on ne s'attaquait pas en même temps au droit patriarcal.
Enfin parce qu'elle a payé de sa vie sa fidélité à un idéal.
En lui tranchant la tête, en 1793, les révolutionnaires de la Terreur un acte symbolique : avec sa tête allaient tomber également ses idées féministes, ses utopies souvent prophétiques, que l'on attribuera à d'autres, et disparaître ses écrits innombrables, pièce de théâtre, mémoires, manifestes politiques, romans détruits ou enfouis dans l'Enfer des bibliothèques, et que personne ne se souciera de publier pendant deux siècles.»
Il fallait bien rappeler qui était Olympe de Gouges, née Marie Gouze, fille « reconnue » par Pierre Gouze, boucher de son état, et enfant illégitime du marquis le Franc de Pompignan.
Elle n'aura rien lâché, rien concédé face aux hommes de la Terreur.
Elle se met à écrire à l'âge de trente deux ans et rien n'arrivera plus à la faire taire.
D'une arrogance extraordinairement pertinente, elle deviendra l'ennemie déclarée de Robespierre.
L'égérie de la république est une femme, « Dieu que Marianne était jolie... ».
Mais voilà Olympe de Gouges ne cessera pas de demander le droit de parole pour Marianne et ses soeurs. Elle ne lâchera rien. Placardant ses écrits sur les portes de Paris. Provoquant ses ennemis en duel. Courage inouï. «  Profitez de la leçon que je vous donne : on trouve communément des hommes de votre espèce, mais apprenez qu'il faut des siècles pour faire des femmes de ma trempe ».
En 1785, sa pièce de théâtre Zamore et Mirza, sera la première à dénoncer l'esclavage. Pièce jugée incendiaire car risquant de provoquer une insurrection dans les colonies ...«Elle sera la seule femme citée en 1808 dans les listes des hommes courageux qui ont plaidé ou agi pour l'abolition de la Traite des Noirs »
Elle parla d'assistance sociale, d'établissement pour les vieillards, de refuges pour les enfants d'ouvriers, d'ateliers publics pour les chômeurs ( idée reprise en 1848 sous le nom d'Ateliers Nationaux), demanda 'assainissement des hôpitaux et des maternités.
Elle interpelle, elle condamne, elle désigne. Mais elle ne fait pas que cela. Elle pense, elle réfléchit. Elle élabore. Elle planifie sa politique. Elle invente l'idée d'une taxe sur le LUXE ! Une idée que nous avions repris, ( faut il rappeler qu'il n'y a pas si longtemps en France existait une Tva à 33 % sur les objets de luxe), l'idée d'Olympe ne fut pas entendue au 18e siècle, et la notre au 20e siècle fut belle et bien perdue....
Elle défendra, comme le fera Flora Tristan, la grand mère de Paul Gauguin, la statut des enfants non reconnus. le seul a entendre de Gouges sera Condorcet, lui aussi en perdra la tête dans un panier d'osier.
De Gouges savait qu'elle risquait bien plus que la fessée, ( c'était là en effet la punition infligée aux femmes en place publique par le comité de Salut publique.) de Gouges tenait bien plus à sa tête qu'à ses fesses, et pourtant elle savait qu'en défendant ses idées elle risquait de la voir tomber.
«  Les femmes ont le droit de monter à l'échafaud. Elle doivent avoir également celui de monter à la tribune ».
La convention de 93 interdit tout rassemblement féminin.
Elle a quarante cinq lorsque le Comité du Salut Public referme des griffes sur Olympe. Son appel à un état fédératif fut pour Robespierre le mot de trop. On lui diagnostiqua une « folie réformatrice ». Opposition au féminin cela se traduit en langage mysogine par : hystérie, maladie de quelque mauvais sang. Pour Olympe ils choisissent : paranoïa reformatoria. L'inquisition n'étant plus de mise sous la révolution, le terme d'hérésie ne fut pas prononcé.
Et puis comme cela ne suffit à la faire taire, et que les bûchers étaient oubliés, sur sa nuque une lame est tombée.
Elle aura subi la haine du club des Colons, la méfiance des Comédiens -français, les mâchoires de Robespierre, alors il fallait bien que dans ce siècle elle reçut l'hommage que lui devait au moins une bonne moitié de la nation.

Astrid Shriqui Garain
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