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Critique de Les_lectures_de_Sophie


Plusieurs raisons m'ont poussé à aller vers ce roman jeunesse, la première étant son sujet : la passion de l'art et comment elle nécessite parfois des décisions difficiles… La deuxième, beaucoup plus futile, est la curiosité créée par le travail sur la couverture. Je m'explique : en tant que membre du club des lecteurs Scrineo pour 2019, j'ai eu l'opportunité de découvrir différentes propositions de couverture soumises par Noémie Chevalier à son éditeur. Et plus que ça, on nous a demandé de donner notre avis, et la couverture finale est celle qui a emporté les suffrages des membres du club. Les différentes couvertures proposées donnaient chacune une vision de l'histoire, et j'avais très envie de découvrir comment ces différentes variations autour du roman se concrétisaient dans l'intrigue.
La version finale de la couverture reprend des éléments essentiels de l'intrigue, à savoir deux des personnages principaux, et le lien fort de Ibhô à la peinture. Elle présente donc bien aux jeunes lecteurs le contenu du livre, sans pour autant trop en dire sur l'histoire, ce qui est très important, car au-delà de l'amour de la peinture du jeune héros, c'est aussi une grande aventure qu'il va vivre, pleine de surprises et rebondissements. Il n'est pas évident de survivre à la préhistoire, déjà quand on vit dans un groupe, à fortiori donc quand on se retrouve seul dans la nature…
C'est un narrateur externe qui nous raconte les aventures d'Ibhô, même si on reste quand même très majoritairement à ses côtés. Il est vraiment, avec sa passion de la peinture, et de l'art en général, au coeur de l'histoire. le style est clair, les phrases sont courtes, ce qui facilite la lecture et la compréhension générale du texte.
Les en-têtes de chapitres sont ornés d'un dessin inspiré de peintures rupestres, représentant cinq motifs animaliers différents qui reviennent en alternance. Ils sont signés, comme la couverture, Noémie Chevalier. La police d'écriture est assez grande, la mise en page aérée, pour faciliter la découverte des jeunes lecteurs.
Concernant l'histoire en elle-même, j'ai beaucoup aimé la relation de Ibhô à l'art, mais aussi aux animaux. Il ne veut peindre que ce qu'il a pu observer, là où d'autres (notamment le fils du chaman) sont moins regardants. Il prend aussi le temps, quand il part à la chasse avec le clan, de rapporter des pigments, et plus tard, même quand il se trouve dans des situations pas simples, il lui faut toujours prendre un moment pour récupérer des couleurs rares, ou observer la nature qui l'entoure. Sa passion pour l'art est dévorante, quitte à le mettre en danger. Ça ne lui pose pas de problème puisqu'il vit pour et par sa passion. Je me suis fait la réflexion qu'au bout du compte, heureusement qu'il a été contraint de fuir son clan, car il n'aurait jamais pu s'épanouir au milieu des contraintes imposées par les croyances. En effet, l'efficacité d'une représentation animale auprès des dieux est plus important que la qualité du dessin pour son entourage…
Sa relation, au tout début du roman, à Taar, son maître d'apprentissage, est incroyable. Ils partagent bien plus qu'un simple lien maître / élève. Ils son profondément attachés l'un à l'autre, comme un père et son fils, et le décès de Taar est de ce fait un événement crucial et traumatisant pour Ibhô, qui va lui donner une force nouvelle, pour se montrer à la hauteur de tout ce que Taar lui a appris.
Les aventures, rencontres plus ou moins malencontreuses, et nombreux rebondissements font de ce roman un livre qu'on n'a pas envie de laisser, tellement on a envie d'en savoir plus sur la Grande Grotte, et de découvrir si Ibhô y parviendra.
A la toute fin du livre, une courte postface vient éclairer le lecteur sur qui est l'abbé Nouel, à qui est dédicacé ce roman, et pourquoi l'auteur a eu envie de raconter cette période de l'Histoire. Elle est suivie de quelques pages de dossier documentaire, signé Romane Fraysse, qui nous éclaire un peu plus sur l'art préhistorique, et qui peut tout aussi bien être lu avant le roman sans rien divulgâcher de l'intrigue.
Celui qui dessinait les dieux est un roman d'aventures original, de part sa crédibilité par rapport à l'époque préhistorique, mais c'est aussi une très belle quête initiatique d'un amoureux de l'art à une époque où un homme se doit de nourrir et protéger son clan, et où la pratique artistique est réservée à une élite. Ibhô transcende les usages de son temps pour vivre pleinement sa passion, quitte à se retrouver isolé et en danger. C'est un personnage fort et attachant, et sa relation aux autres, à la nature et aux animaux, empreinte de respect et d'ouverture d'esprit, est un bel exemple pour le lecteur.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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