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Critique de Nodib29


Les croisades vues par un chrétien au temps des colonies.

Dans son récit des croisades, René Grousset est loin d'être neutre. Dans le premier chapitre, il justifie l'appel du pape Urbain II à la Guerre Sainte : « La prise de possession de l'Asie Mineure par la race turque et par l'islamisme imposèrent à l'Occident la conviction que pour sauver l'Europe directement menacée, les nations occidentales de devaient d'intervenir ». Jérusalem, berceau de la chrétienté devait être « délivrée ». Pour l'auteur, les croisades ont été bénéfiques : « La catastrophe de 1453, qui était à la veille de survenir dès 1090, sera reculée de trois siècles et demi ». Et il conclut, dans un grand élan de lyrisme : «Et tout cela sera l'oeuvre voulue et consciente d'Urbain II. Au geste du grand pape, barrant la descente du fleuve, le cours du destin va être arrêté et brusquement refluera. »
Devant un tel parti pris, comment faire confiance à René Grousset pour traiter les protagonistes de façon équitable? de fait, s'il a bien puisé dans des sources arabes, il n'en a gardé que les passages vantant la bravoure des Francs.
Malgré cela, j'ai tenu jusqu'à la prise de Jérusalem, le 15 juillet 1099. Si René Grousset admet qu'il y a eu un véritable massacre « les fureurs inhérentes à toute prise d'assaut se prolongèrent ici beaucoup trop longtemps », il pardonne trop facilement aux croisés « Chez ces hommes rudes, après tant d'épreuves et de périls, rien ne subsistait plus qu'une immense émotion religieuse ». Pour lui, l'essentiel est que le but soit atteint, Jérusalem est « délivrée » et les chrétiens ne peuvent que s'en réjouir. Cette trop grande indulgence devant des crimes commis au nom de Dieu m'a dégoutée, je ne suis pas allé plus loin.

Cette vision pro-occidentale de René Grousset correspondait au discours de rigueur en 1936 dans une France coloniale. Elle est aujourd'hui complètement dépassée, je ne comprends pas qu'elle puisse encore être présentée comme la référence sur l'histoire des croisades.
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