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EAN : 9782262018641
321 pages
Perrin (07/03/2002)
4.21/5   114 notes
Résumé :
Après avoir publié sa monumentale et prestigieuse Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, en trois volumes, que Perrin a rééditée en 1991, René Grousset avait écrit en 1936 cette Epopée des croisades, une synthèse destinée naturellement à un plus vaste public, qui devint, elle aussi, un classique dont chaque ligne est précieuse. René Grousset nous conduit de la prédication d'Urbain II à Clermont - en novembre 1095 - à ce 28 mai 1291 qui vit les 200 ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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C'est souvent après une somme que l'on ose les courtes synthèses. Fait-on là le meilleur ?
En 1939, date fatidique, René Grousset, grand historien orientaliste de son temps, donna à un plus large public qu'aux lecteurs de son impressionnante Histoire des Croisades un beau résumé et une galerie de portraits en même temps qu'un récit chronologique des grandes étapes de la geste franque en Terre Sainte et plus largement au Moyen-Orient. Il l'intitula, pour faire beau et parce qu'il y fallait donner un peu de lyrisme en ces temps où la France commençait de douter d'elle-même : L'épopée des Croisades.
Grousset avança au même pas dans cette double description imbriquée l'une en l'autre :
-portraiturale avec des personnages clés comme le Pape Urbain II, choisi comme figure inaugurale, Pierre l'Ermite, aveuglément considéré comme une figure populaire et un saint homme, alors qu'il fut certainement plus un illuminé quelquefois bien inspiré (mais pas souvent), les trois grands seigneurs (Godefroy de Bouillon, Raymond de Saint-Gilles et Bohémond de Tarente plus les Tancrède et les Baudouin) comme réalisateurs de l'impossible devenu réalité (aller jusqu'à Antioche, Tripoli, Édesse et Jérusalem, et prendre ces villes et en faire les centres de principautés chrétiennes ou de royaumes latins), Baudoin de Boulogne et Baudoin II valorisés dans leur travail de création et de consolidation du royaume hiérosolymitain, les couples ennemis Foulque contre Zengi, Louis VII qui se fourvoya dans l'attaque contre Damas qui aurait pu être une cité musulmane alliée ou neutre, Baudoin III contre Nour ed-Din à l'apogée du royaume, Amaury 1er et le mirage égyptien, l'héroïque sursaut du roi lépreux Baudoin IV contre Saladin, la revanche de ce dernier sur le prétentieux et médiocre Guy de Lusignan, le triumvirat - regards en coin - formé par Conrad de Montferrat, Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion pour empêcher Saladin de profiter de la reprise de Jérusalem pour rejeter tous les Francs à la mer et le coup d'arrêt donné à Saint-Jean-d'Acre, l'action d'Henri de Champagne et d'Amaury de Lusignan, les vertus chevaleresques de Jean de Brienne qui manqua la réalisation de son objectif égyptien de fort peu (par la faute du cardinal-légat Pélage), la croisade sans y croire et toute diplomatique de l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen qui permit à la Chrétienté de recouvrer brièvement Jérusalem, la rêverie de Thibaud de Champagne et de Philippe de Nanteuil, les expéditions pour l'honneur et pour la Croix du saint roi Louis IX (dont la canonisation sous Philippe IV le Bel donna aux Capétiens plus de prestige encore), enfin les derniers sursauts des derniers îlots de résistance des Croisés le long du littoral syro-libano-palestinien et l'abandon de leurs derniers points d'appui, tout est dit sur le mode de l'épopée, grâce à ceux qui l'ont faite ;
- chronologique, avec les moments-clés, les épisodes charnières, les succès provisoires, les efforts surhumains et désespérés et les drames, de 1095 (le prêche) à 1291 (la chute définitive de Saint-Jean-d'Acre), en passant par la prise (sanguinaire et violente) de Jérusalem en 1099, la perte d'Édesse en 1144, qui entraîna un nouvel appel à la croisade, la défaite de Guy de Lusignan à Hattin en 1187 qui amena Saladin à s'emparer de Jérusalem, etc.
L'épopée avait beau être belle, elle n'était que rêve pour deux siècles de bravoure et d'effusion de sang, de confrontation et de dialogues manqués mais fructueux sur d'autres plans entre l'Occident chrétien plein d'une jeune vigueur et plein de présomption et un Orient musulman à l'aise sur son propre terrain. L'épopée ne pouvait s'achever que sur la ruine d'une entreprise construite comme un château de sable. Et René Grousset fut l'un des derniers nostalgiques de ce passé maintenant heureusement bien dépassé et fort éloigné dans le temps. Cela malgré toutes les tentatives européennes, américaines et autres de s'immiscer dans les affaires moyen-orientales ou proche-orientales (où les intérêts énergétiques jouent un grand rôle, en Arabie, en Irak, au Koweït, en Iran, etc.)

François Sarindar
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Répétitif et un peu obscur.

L'histoire des croisades, de 1095 à 1250 (à la louche).

L'auteur, spécialiste de la question et auteur notamment de Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem en plusieurs tomes, nous offre là, sur 300 pages un condensé.
Nous avons donc une succession de dates, de noms, de lieux, de faits d'armes plus ou moins obscurs, de motivations qui reviennent souvent (argent, pouvoir) sur une période pas si obscure puisque le narrateur fait très souvent référence aux écrits des chroniqueurs de l'époque.
Nous ne pouvons enlever à l'auteur, son érudition, son expertise, sa précision sur le sujet. Indéniablement, mais nous, pauvre lecteur qui découvrons, des centaines de personnages aussi vite oubliés, des dates qui les suivent de près sauf à tous situer au siècle près et des situations qui se suivent et se ressemblent, sans fin.... sans fin.... sans fin.

Allez soyons honnête, j'ai apprécié ma lecture pendant 50 pages environ et j'ai subi le reste. J'en garde quoi ? Un ou deux noms de lieu (Antioche, Edesse), un ou deux noms de personnes (Baudoin, Saladin), une période. Mais, on m'avait promis, une épopée. Alors où se sont donc cachés l'héroïque et le sublime dans le texte de Grousset ? Entre les lignes certainement.
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Bien que décédé en 1952, René Grousset reste le référent français de l'époque des croisades. Son recueil écrit en 1936 est une excellente oeuvre de compréhension sur cette période majeure du Moyen Age.

J'ai lu récemment l'Histoire moderne des croisades de Jonathan Philips. L'épopée des croisades de Grousset vient admirablement compléter la vision anglo-saxonne de Philips.

Grousset oriente son regard sur le royaume franc pour en expliquer le fonctionnement politique et ainsi comprendre son apogée et sa chute. Même s'il s'appuie sur le rythme imposé par la levée des neuf croisades, il montre les relations familiales et les difficultés de gouvernance de la noblesse locale. Car, les dirigeants descendants des croisés qui prirent Jérusalem nés en Palestine et au Liban vont devoir défendre la Terre sainte, qui est aussi dorénavant la leur, face aux musulmans et éviter l'intrusion des rois et empereurs européens qui cherchent à faire de ce territoire un champ de batailles permettant de se faire valoir.

Grosset insiste sur le fait que le temps du royaume de Jérusalem n'est pas qu'un affrontement inter-religieux. Ce sont aussi des affrontements intra-musulmans et intra-chrétiens pour la prise du pouvoir ou l'extension des possessions. C'est également des moments de paix pendant lesquels les uns et les autres vont partager, échanger, parfois s'apprécier. Les relations ne sont pas toujours belliqueuses.

Pendant toute ma lecture, je n'ai cessé de faire un parallèle avec la situation actuelle dans la même région. Un état juif, cette fois-ci, planté dans une terre d'Islam. Des périodes de combats et de massacres, d'un côté comme de l'autre, des traités de paix et des alliances pour contrer une influence. Des Turcs au comportement byzantin et des Occidentaux qui interviennent pour séparer les belligérants et maintenir un statu quo qui n'entraine pas l'embrasement de la région.

Une autre époque mais pour laquelle la similitude peut être troublante. Doit-on comprendre la situation au Proche orient à la lumière de l'histoire des croisades, je ne l'écrirai pas mais cela peut aider.
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Seul un maître peut envisager de nous offrir en 300 pages l'épopée des croisades depuis 1095 au tournant de 1250. Et si cet ouvrage est brillant, c'est qu'à aucun moment le narrateur n'ostracise un camp par rapport aux autres et toujours réintègre ces évènements dans un contexte géopolitique qui ne s'arrête pas à Jérusalem.

Urbain II a vingt ans en 1064 lorsque les chevaliers français passent les Pyrénées pour donner la main à d'autres chrétiens pour bouter l'infidèle hors de l'Aragon. La Reconquista n'est-elle pas déjà une croisade ? 1089 Urbain II lance de nouveau les chevaliers du midi vers l'Espagne. Les intérêts terrestres se mêlent clairement à la volonté divine papale alors pourquoi l'Orient ?

Géopoliticien d'abord, c'est là tout l'art de René Grousset de remettre en perspective la situation d'alors avec une situation des plus complexes s'étendant sur plusieurs siècles mêlant Turcs Seljoukides, Kurdes, Arabes, Persans, Arméniens, Byzantins, Francs, Normands, Pisans, Gênois…et les personnalités qui parfois font autant l'histoire que les peuples tout entiers.

L'Islam a quatre cents ans. Sa source arabe et perse perd de sa combativité première. Depuis le IXème siècle les guerriers d'Asie centrale, frappent à la porte de l'Est. 969, Damas, Antioche, Galilée, l'empire byzantin reprend les terres à l'Islam. Logistique oblige, les ports libanais restés sous contrôle arabe l'empêchent avant de reprendre Jérusalem. 1005 les territoires sont repris par le Khalife du Caire. La persécution mal ressentie rendit visible les carences chrétiennes en ces terres.
1055, les Turcs Seljoukides entrent à Bagdad et se superposant à l'empire arabe devient la race impériale du monde musulman.
La conquête musulmane, après deux siècles d'arrêt, reprend son cours. Tout change. Tout recommence. L'épopée des croisades trouve sa source et sa motivation.
1071, le désastre de Malazgerd (Manzikert). Au coeur de l'Arménie, l'empereur byzantin Romain Diogène se mesure au Sultan turc Alp Arslan (le lion robuste). Race militaire, endurcie par des siècles de nomadisme dans les âpres solitudes de la Haute Asie, le Turc est rude. L'Arménie byzantine conquise paye le prix du sang. Les ¾ de l'Asie Mineure passe sous contrôle turc, suivent Jérusalem prise au Arabes et Antioche aux Byzantins. 20 ans plus tard, Melik-Châh (1072-1092), petit-fils des nomades sortis des profondeurs de l'Asie Centrale trempe, son sabre dans les eaux de la Méditerranée.
1095, première croisade à l'appel d'Urbain II. Les Francs prennent la relève des grecs défaits alors que le grand empire turc slejoukide perd de sa force avec la mort de Melik-Châh.
Les avions n'existant pas encore, c'est à pied que Godefroid de Bouillon, Raymond Saint-Gilles, Bohémond de Tarente et autres barons se rendent en Syrie. il fallut bien traverser l'Europe, Constantinople et rencontrer les Turcs sur les plateaux de l'Anatolie.
1er Juillet 1097, la victoire de la chevalerie franque lors de la bataille de Dorylée (Eski-chéchir) trancha pour plus d'un siècle le rapport de force dans le proche Orient. Une force nouvelle s'était levée depuis la capture de l'empereur byzantin par les seljoukides en 1071 à Malazgerd. Les races guerrières de l'Ouest et de l'Asie, Francs et Turcs, apprirent à s'estimer et le chroniqueur de la Gesta Francorum nota : « A la vérité, ils reconnaissent de leur coté que nul, à part les Francs et eux-mêmes, n'a le droit de se dire chevalier. »

A propos des Poulains et des croisades suivantes.

L'on imagine les Croisades comme l'arrivée successives de contingents venus à la conquête d'un pays. Rien n'est plus faux. Conservons à la mémoire qu'après 20 ans de présence une génération née sur place s'est levée. Les mariages mixtes sont la règle. Ce sont les Poulains. Et le Royaume Francs est d'abord leur histoire.

Loin de nous l'idée de retracer ici l'ensemble de l'ouvrage. Il suffit de dire que l'histoire du royaume franc en Syrie ne fait que commencer. Il faudra le talent de René Grousset (1885 – 1952) de l'Académie française pour entrer dans les détails tout en conservant un fil romanesque, pour pointer les personnalités de chaque camp tout en conservant une vision géopolitique

Cartes et autres compléments en suivant le lien


Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Je dois avouer que j'ai toujours eu un certain dédain pour les Croisades. J'ai toujours imaginé ces chevaliers rustres qui envahirent la Terre Sainte pour se battre contre les Musulmans. Mon intérêt s'est développé lorsque j'ai lu l'histoire de l'Empire Byzantin. J'ai vu qu'il me manquait un gros pan de l'histoire qui m'aurait permis de mieux comprendre l'histoire de cet empire.

J'ai donc énormément appris en lisant ce livre. J'ai découvert de grands personnages de l'histoire dont a peu ou pas appris leur vie fascinante dans les cours. Même en faisant un an d'histoire à l'université, je n'ai jamais rien appris sur le grand Saladin.

Le grand avantage de ce livre, c'est qu'il n'est vraiment pas très compliqué à lire. L'auteur reste toujours simple dans sa façon d'écrire et n'accroche pas sur les points plus obscur de l'histoire des Croisades. C'est le livre par excellence pour s'initier aux Croisades.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La brillante délivrance de Beyrouth prouve qu’en dépit d’une situation pleine de périls, l’Etat franc tenait partout tête à l’ennemi. Même représenté par un malheureux lépreux, la dynastie angevine remplissait avec vigilance son rôle tutélaire. Et quel personnage d’épopée - une épopée chrétienne où les valeurs spirituelles prévalent – que ce jeune chef qui, les membres rongés d’ulcères et les chairs prêtes à tomber, se fait encore porter à la tête de ses troupes, les galvanise par sa présence de martyr et, au milieu de ses souffrances, a de nouveau l’orgueil de voir fuir Saladin !
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Son chevaleresque adversaire, le sultan Saladin qui unissait, lui aussi, à la gloire des armes le mérite d'avoir favorisé cette détente, avait dû se contenter également d'un demi succès. Sans doute jouissait-il dans tout le monde islamique du prestige incomparable que lui valu la reconquête de Jérusalem, mais après avoir, dans la journée de Hanttîn, touché de si près à la victoire totale, il avait connu les jours sombres d'Acre et de Jaffa et, tout en conservant à l'Islam la mosquée d'Omar, dû rétrocéder aux chrétiens la côte palestinienne. Il est vrai aussi que sa générosité, son humanité profonde, sa piété musulmane sans fanatisme, cette fleur de libéralisme et de courtoisie qui ont émerveillé nos vieux chroniqueurs, ne lui valaient pas dans la Syrie franque une moindre popularité qu'en terre d'Islam. En le fréquentant dans les circonstances les plus tragiques où l'homme se montre en entier, les francs avaient appris que la civilisation musulmane peut, elle aussi, produire des types d'humanité vraiment supérieurs, de même que les Musulmans, un peu plus tard, devaient avoir une révélation analogue de la civilisation chrétienne en fréquentant Saint Louis.
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Nous qui étions occidentaux, nous sommes devenus orientaux [...]. Nous avons oublié les lieux de notre origine ; plusieurs d'entre nous les ignorent ou même n'en ont jamais entendu parler. 
Untel possède ici des maisons en propre comme par droit d'héritage, tel autre a épousé une femme, non parmi ses compatriotes, mais syrienne, arménienne, parfois même une Sarrasine baptisée. [...] On se sert des diverses langues du pays ; et les langues jadis parlées à l'exclusion les unes des autres sont devenues communes à tous, la confiance rapproche les races les plus éloignées. La parole de l'Écriture se vérifie : "Le lion et le bœuf mangeront au même râtelier." Le colon est maintenant devenu presque un indigène ; qui était étranger s'assimile à l'habitant. 
Ceux qui étaient là-bas pauvres, Dieu ici les a rendus riches. [...] Pourquoi retourneraient-ils en Occident ? Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana, 
dans Recueil des historiens des croisades, historiens occidentaux. XIIe siècle
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Si vous êtes tués, c'est la couronne du martyre; si vous êtes vainqueurs, une gloire immortelle. Quant à vouloir fuir, inutile : la France est trop loin!
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Mais après bien des erreurs, bien des défaillances, aussi, il avait la suprême consolation de pouvoir se dire qu'il mourait à la tâche, fidèle au devoir, ayant refusé de quitter cette Terre Sainte où il avait trouvé tant d'amertume, "à l'exemple du Christ qui avait refusé de descendre de la Croix".
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