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EAN : 9782246810711
320 pages
Grasset (18/01/2017)
3.32/5   14 notes
Résumé :
Ce livre, comme tous les ouvrages de Denis Grozdanovitch, est une sorte de flânerie dilettante et savante, une promenade philosophique et littéraire éclectique, prenant fatalement la forme d'une série de variations sur le thème éminemment flaubertien de la bêtise. Tout commence ici par une "Invitation faite au lecteur" où il est suggéré que la Bêtise et l'Intelligence ne cessent de s'opposer sur la scène intellectuelle et existentielle.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Contraste, opposition, oxymore : le titre déjà donne le ton. Puis dans une adresse préalable au lecteur, l'auteur prévient qu'il ne faudra pas s'attendre à un traité académique ni dans la forme ni dans le fond. À partir de souvenirs personnels, d'anecdotes, et de notes retrouvées dans les carnets où il rassemble depuis l'adolescence comptes rendus de lecture et citations, il a organisé et rédigé des réflexions éparses qui le passionnent, depuis l'enfance pour certaines : la sagesse des simples, la bêtise savante, l'aveuglement intellectuel, l'idiotie créatrice, l'insouciance de l'imbécile heureux, le (bon) sens commun, la conceptualisation abusive, la course au progrès illimité, le danger de la rhétorique, la nostalgie pour la perte de la bêtise innocente, etc.

J'avoue avoir calé parfois quand Denis Grozdanovitch se lance dans des développements érudits et complexes, voire abstrus, ou fait référence à des notions qui me sont étrangères, comme la controverse talmudique ou la pensée chinoise antique. N'avoir pas toujours été d'accord, aussi. Par exemple avec le dénigrement trop facile de l'architecture de la Bibliothèque François Mitterrand où Grozdanovitch dit s'être rendu (une seule fois ?) pour une conférence sur Rémy de Gourmont qu'il admire énormément. Une architecture faite pour décourager de la lecture ironise-t-il. Pas d'accord : les salles de consultation sont magnifiques, et j'ai déjà dit sur mon blog le plaisir que j'ai trouvé à y "travailler". C'est comme son activisme contre l'angélisme technologique. Je le trouve excessif, mais c'est sans doute parce que j'ai eu une formation plus sciences et techniques que lettres. Une question de point de vue... qu'un perspectiviste comme l'auteur devrait pouvoir comprendre !

Mais même quand je n'ai pas tout compris, j'ai beaucoup apprécié le style, l'humour, le rythme de cet essai beaucoup plus sérieux que son titre ne laisse penser. Grozdanovitch a la dent dure quelquefois, et ses cibles (jamais anonymes) en prennent pour leur grade, ironiquement mais jamais méchamment. Ses admirations, ses modèles, avec en tête Flaubert, sont gâtés à proportion inverse (Powys, Bernanos, Valéry, Sartre, Musil, de Gourmont, de Gaultier, Léautaud, Pinter, van Boxsel, etc.).

Ce qui est super après une telle lecture qui milite pour la sympathie envers la bêtise, c'est qu'on a moins peur de proférer des inepties. J'ai moins de complexe à dire que ce sont les anecdotes personnelles qui m'ont fait le mieux comprendre les pensées de l'auteur, ses démonstrations. Grozdanovitch est un magnifique conteur d'histoires. Il y a le cousin Valentin et son âne. le père de Denis et son répertoire de riches imbéciles diplômés, membres du tennis-club de Mesnil-le-Roi dont son grand-père est le gardien. Un peu plus tard au lycée de Saint-Germain-en-Laye : une amitié remarquable, et un professeur de maths extraordinaire, Monsieur Defraie, qui préfigure l'idéal d'humain ouvert, dénué de certitudes, libre et non-conformiste, de son élève.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Denis Grozdanovitch raconte toute une série d'anecdotes, sous la forme de petites histoires personnelles autobiographiques ou non (historiques, littéraires, etc.). Toutes ces histoires ont pour point commun la bêtise. Denis Grozdanovitch tisse un maillage entre ces histoires, qui lui servent à illustrer son propos : parfois, des personnes que l'on pouvait prendre pour de parfaits idiots sont capables d'une pensée cohérente (parce/bien que naïve) et plus logique que des personnes plus « intelligentes ». D'autres fois, ces histoires montrent à quel point en étant concentré sur notre propre pensée et intelligence, nous pouvons en oublier toute logique et être faussement intelligent : c'est ce qu'il nomme la « bêtise de l'intelligence ».

Denis Grozdanovitch a un don pour raconter des histoires, c'est indéniable. Il est un bon narrateur et on prend plaisir à l'écouter nous parler de gens qu'il a rencontrés et de choses qu'il a entendues ou lues. Toutefois, je me suis rapidement lassée du sujet. Chaque anecdote ne dure pas plus d'une dizaine de pages (au grand maximum) et chacune est indépendante des autres (au-delà du thème central de la bêtise) ; il est donc difficile de s'attacher à cette lecture. En effet, contrairement à un roman ou à un récit ordinaire, il n'y a pas ici de personnage à qui s'attacher.

Même si j'ai apprécié les doses d'humour distillées par Denis Grozdanovitch, cela ne m'a pas suffit pour développer un intérêt à ce livre, que j'ai abandonné au bout de 56 pages.
Lien : https://leselucubrationsdefl..
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J'ai immédiatement été séduit par le style d'écriture, la richesse du vocabulaire, la construction des phrases. Plus personne n'écrit comme ça aujourd'hui, et... c'est bien dommage !

J'ai ensuite été séduit par les deux premiers chapitres, ceux liés aux souvenirs d'enfance, la tendresse et l'empathie éprouvées pour ce simplet, loin d'être bête.

Et puis... patatras ! Cette histoire de robots footballeurs a tout fichu par terre. C'est à ce moment précis qu'une lectrice, membre de Babelio, dit avoir arrêté le livre.

J'ai tenté de poursuivre en sautant quelques pages. Mais je suis tombé sur une thèse philosophique terriblement ennuyeuse, avec des citations et critiques d'auteurs plus ou moins connus, ayant écrit sur le thème de la bêtise.

Bien loin du pamphlet léger et drôle auquel je m'attendais. Reste l'écriture, mais c'est insuffisant pour aller jusqu'au bout du livre !
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Il semblerait que le plus sûr moyen de ne jamais dire de bêtises est de ne pas parler du tout. Oser moins l'écrire. On dit que le nez est l'organe le plus féroce, car il s'étale dessous cet organe des senteurs pas forcément des plus recherchées. Mais après tout ne portons nous pas tous notre propre génuis: celui de la bêtise.
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critiques presse (1)
LeMonde
27 janvier 2017
Vagabondage autobiographique et littéraire, dont la forme digressive rappelle le Petit traité de désinvolture et Rêveurs et nageurs (José Corti, 2002 et 2005), du même écrivain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce ne fut que beaucoup plus tard, lors de mes années d’enseignement secondaire, et grâce à quelques professeurs eux-mêmes sournoisement réfractaires – comme je le raconterai –, que je commençai de prendre goût à l’exercice de l’intelligence cérébrale. Par bonheur aussi, et plus encore par la suite durant mes années de préadolescence, il y eut, chaque fin de semaine et presque chaque soir d’été, la compensation du sport auquel je me livrais avec passion et qui me permettait de renouer un contact étroit avec ce que je ressentais être – hormis l’extase poétique embrassée au sein de la nature – l’essence même de l’existence : l’activité ludique. Aussi passais-je des heures dans le petit club de banlieue à quelques pas de chez nous, et en l’absence de partenaires durant la semaine, à parfaire méticuleusement, artisanalement, mes coups de tennis basiques face au mur, assisté, en quelque sorte, par cette divinité découverte un jour dans la prairie : la bienveillante solitude. Oui, je passais ainsi des heures sans plus penser, occupé à m’autohypnotiser dans le manège répétitif et profondément relaxant – tel un moulin à prières tibétain – de la balle effectuant ses allers-retours si bien réglés entre ma raquette et le mur d’une patience ineffable. C’était sans doute là une manière de thérapie, un yoga sauvage que je pratiquais ainsi en me délivrant du poids de la conscience conceptuelle (et fatalement anxiogène) à laquelle on m’initiait résolument à l’école. Au cours de ces séances, je m’abandonnais avec délices à la bonne, sourde et béate stupidité sans soucis de l’automatisme. D’ailleurs, comme j’avais déjà eu amplement le temps de l’expérimenter, les animaux eux-mêmes – mes premiers maîtres en salutaire bêtise – adoraient jouer de manière répétitive, des heures durant, sans jamais se lasser.
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Je me suis souvent plu à songer que les animaux, dans un très lointain passé paléontologique, avaient, à un certain stade de leur évolution, très sourdement et inconsciemment choisi – si on peut le dire ainsi – de ne pas développer plus avant la conscience réflexive et cela de manière à résister à l’inquiétude, à l’angoisse métaphysique, dont ils auraient pressenti intuitivement la menace.
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Il y avait – selon une gradation ascendante dans le dommageable – les imbéciles relatifs, les occasionnels, les permanents, les brutaux, les pervers. Mais enfin, et surtout, il y avait les imbéciles supérieurs, catégorie sur laquelle mon père aimait à s’arrêter longuement et au sujet de laquelle il avait fini par développer une sorte d’expertise.
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Videos de Denis Grozdanovitch (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Grozdanovitch
L'académicien Erik Orsenna publie «Géopolitique du moustique», chez Fayard, dans lequel il entraîne les lecteurs dans un grand voyage pour tenter de mieux comprendre la terre et la mondialisation. À ses côtés, René de Obaldia, de l'Académie française, évoque la sortie de son ouvrage «Perles de vie», publié chez Grasset, un recueil de pensées et de citations. Cinq grands noms du théâtre - François Morel, Jean Rochefort, François Berléand, Bernard Murat et Michel Bouquet - rendent hommage à son oeuvre. La biologiste Emmanuelle Pouydebat publie «L'Intelligence animale», chez Odile Jacob, tandis que Denis Grozdanovitch fait paraître «Le Génie de la bêtise», chez Grasset. L'émission propose également un entretien, enregistré aux Etats-Unis, avec la romancière américaine Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993.
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