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L'atelier est la troisième partie d'une trilogie consacrée à la situation des juifs durant la dernière guerre mondiale. Les deux premières pièces concernaient la montée des fascismes et la survie de cette communauté durant la guerre 39/45, la dernière s'attache à l'après Shoah. Grumberg dans cette pièce (comme dans les deux autres) aborde sa problématique sous l'angle de la vie quotidienne ; nous sommes donc plutôt dans une esthétique « naturaliste ». Ainsi l'action se déroule dans un atelier de confection du quartier du Sentier à Paris vers la fin des années quarante ou au début de la décennie suivante. Si la direction de l'entreprise est tenue par un couple de juifs, le personnel lui est majoritairement constitué de français non-juif. de plus l'ambiance générale de la pièce est plutôt féminine, le décor unique étant celui de l'atelier des couturières. Une demie douzaine de femmes se racontent et se confrontent tout en cousant. Les dialogues peuvent être rapides et très lestes car toutes sont issues du petit peuple parisien ; elles ont un langage vigoureusement imagé pour exprimer les « choses de la vie ». de cette manière apparaissent des portraits haut en couleur. Pour le reste, il n'y a pas réellement d'intrigue, ce n'est que tout doucement, au fur et à mesure des confidences que l'on finit par apprendre l'histoire chacun. Grumberg a une approche très pudique et toute en délicatesse, ce qui n'empêche pas une bonne dose d'humour. Néanmoins, malgré ces précautions il aborde explicitement les thèmes de l'hypocrisie de la société française face à sa compromission vichyssoise, la difficulté voire l'impossibilité de parler pour ceux qui ont survécu aux camps d'extermination ou encore la désorientation et la panique d'une communauté qui cherche un refuge (Israël). L'auteur a réussi le pari de maintenir le cap d'un propos ou d'une thèse sans sombrer dans un didactisme par trop pesant, ce qui en fait un texte qui conserve une actualité et peut donc être joué. + Lire la suite |