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Critique de Fandol


Un conte : en quelques pages, Jean-Claude Grumberg m'a emporté aux limites de l'indicible. J'ai été happé littéralement par cette histoire terrible, vécue au plus près de ce qu'on nommera plus tard la shoah.

Pendant la guerre mondiale, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne vivent dans les forêts d'un pays où l'hiver est rude. Justement, cette forêt qui donne tout de même du bois pour se chauffer, a été coupée en deux pour faire passer une ligne de chemin de fer.
Pauvre bûcheronne – toujours ainsi désignée par l'auteur – adore regarder passer ces trains de marchandises comme dit son homme. Elle qui souffre continuellement de la faim, espère ramasser de quoi manger mais elle ne récupère que des papiers avec des messages indéchiffrables car elle est illettrée.
Subitement, l'auteur dont le grand-père, Naphtali Grumberg, et le père, Zacharie Grumberg, ont été emportés par ces trains de la mort et ne sont jamais revenus, l'auteur nous ramène à Drancy où un couple, avec des jumeaux nouveau-nés, est embarqué de force dans le convoi 49, le 2 mars 1943.
Alors que le train traverse la forêt, patine sur la neige, le père tente une geste fou. Il lance un de ses enfants par la lucarne du wagon pour que cette femme qu'il aperçoit le récupère et le sauve.
Voilà, je n'en dis pas plus car il faut lire ce petit livre au ton d'une simplicité qui touche au plus profond du coeur. La plus précieuse des marchandises, comme nomme pauvre bûcheronne cet enfant tombé du train, devrait être au programme de toutes les classes de nos lycées car Jean-Claude Grumberg fait passer, ressentir tellement de choses essentielles et cela vaut mieux que tous les grands discours. Au passage, je regrette que ce bijou de littérature tellement évocateur n'ait pas remporté le Prix Orange du livre 2019 alors qu'il figurait parmi les cinq finalistes.

Cette haine attisée depuis tant d'années, ce racisme basé sur des croyances, des on-dit, des jalousies viscérales, nous connaissons cela à nouveau aujourd'hui et il faut sans cesse lutter pour endiguer ce penchant dévastateur propre à notre espèce dite humaine.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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