La narratrice du roman, en cours d'un voyage en Angleterre s'en vient à traquer le passé d'un juif autrichien, Hirschfelder, qui a émigré juste avant le début de la deuxième guerre mondiale. Il a publié un livre, et l'ex-mari de cette femme, Max, lui a voué un véritable culte. Elle va rencontrer les femmes qui ont compté dans la vie de l'écrivain, aller dans l'île de Man, où des ressortissants de pays « ennemis » ont été internés après le déclenchement de la guerre. Elle construit un récit sur le personnage, tente de percer son mystère. Ce qui l'entraîne inévitablement vers Max, et éclaire aussi sa propre façon de construire sa vie et son identité.
J'ai été de suite émerveillée par l'écriture de
Norbert Gstrein, très sensuelle, et d'un rythme particulier. Par sa façon d'instiller le doute, de décrire tout en échappant à la description. Les thématiques de l'identité, de l'exil, d'impossible appartenance, sont creusées, mais d'une façon qui laisse au lecteur une grande marge pour arriver à ses propres conclusions. On oscille entre le très concret, le précis, et le mouvant et ce qui échappe toujours à la compréhension, à la classification. La narratrice construit son récit, d'une certaine façon dans une fantasmagorie, à partir de stéréotypes, qui sont devenus constitutifs de la représentation de cette période. Mais en même temps, elle fait un cheminement personnel, à partir de son histoire et de ses spécificités. Qu'est ce qui est vrai ou pas dans le récit, c'est au lecteur d'y répondre, à sa façon, à partir de ce qu'il est.