Je n'ai jamais su comment ce bouquin avait atterri au milieu des ouvrages de sociologie et d'ethnologie de la bibliothèque de mon père. Ce qui est sûre, c'est que les aventures des quatre comparses ont enchanté plus d'un moment d'ennui de mon enfance !
Quelque part au fin fond de la Chine, dans un manoir en ruine uniquement meublé d'un lit, vivent quatre amis prodiges des arts martiaux, prodigues de leurs très maigres ressources et toujours joyeux. Au fil de leur pérégrination, tantôt pour sauver un camarade tantôt pour simplement trouver à manger, ils vivront nombres d'aventures. Ils affronteront des méchants à la personnalité et aux capacités extraordinaires, seront enlevés, drogués, vendront jusqu'à leurs semelles pour acheter du vin, mais toujours en faisant face ensemble à l'adversité.
Mais chacun d'entre eux cache un secret...
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Nous sommes emportés par les aventures de ces 4 compères. le recit est prenant et ne cesse de nous surprendre. Il nous instruit également sur le fonctionnement du peuple chinois, si different culturellement, il est très intéressant d'analyser certaines scènes. Une manière de mieux comprendre la Chine.
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La montagne exhalait des arômes de fleurs, des parfums d'herbes, des effluves de brise, et les rayons immenses du soleil couchant étaient comme imprégnés de ces senteurs enivrantes qui se réunissaient sans se confondre.
Oui, la vie est à ce point odorante, à ce point généreuse et bonne.
Kouo aspira une grande bouffée d'air, et il partit d'un rire sonore. Il s'écria : "Qui dit que la pauvreté est triste ? Je ne suis pas de cet avis.
— Tiens donc ? dit Yen Tsi.
— Parmi les gens à pognon, dit Kouo, combien sont capables de voir cette beauté ? De respirer ces senteurs ? Ils ne savent reconnaître que l'odeur du métal. Quelle pitié !"
De même qu'un cochon ne saurait être trop gras, un homme ne saurait être trop intelligent.
Mais toute médaille a son revers. Le cochon gras a toutes les chances de passer le premier à la casserole. Si un être humain veut s'assurer une existence paisible, il a intérêt à mettre un peu d'eau dans son vin et à saupoudrer sa conduite d'un soupçon de stupidité.
Qu'un homme comme Wang Dong pût avoir un secret, c'était chose difficile à croire.
Son comportement était suprêmement dénué d'individualisme; et puis, il passait si peu de temps hors de son lit qu'il n'avait matériellement pas loisir de se singulariser.
Même en rêve, Yen Tsi n'aurait pu imaginer qu'il avait un secret.
Et pourtant, le premier à découvrir l'existence de ce secret, ce fut Yen Tsi.
"À quel endroit l'as-tu assommé ?
— C'était dehors, dit Lin.
— Où, dehors ? dit Kouo.
— Devant la maison, dit Lin.
— As-tu enterré le corps ?" dit Kouo.
Lin se mordit la lèvre ; il secoua la tête négativement.
"Voilà bien la jeunesse, dit Kouo entre ses dents. Ça sait tuer, ça ne sait pas faire place nette."
Lin, de fait, ressemblait à un gosse qui va pleurer.
Yen Tsi dit à Kouo, avec douceur : "Celui qui vient de tuer pour la première fois pense à autre chose qu'à faire le ménage. Il n'ose même pas regarder ce qu'il a fait, comment songerait-il à assurer ses arrières ?
— On voit que tu t'y connais, dit Kouo, faussement admiratif.
— N'oublie pas, dit Yen Tsi, je n'ai pas tué moi-même, mais je sais comment ça se passe, puisqu'on m'a tué, moi."
Bande-à-Part formait bien une bande à lui tout seul, capable qu'il était de manier en même temps le sabre court de la main gauche, le sabre long de la main droite, sans préjudice d'artifices tels que miroirs aveuglants et fléchettes empoisonnées, dont il usait en expert.
Aucune de ces armes n'était mortelle en elle-même, le bandit n'en voulant qu'au chargement ; mais elles s'avéraient mortelles tout de même, car le convoyeur une fois vaincu et dépouillé, il ne lui restait que l'embarras du choix entre se pendre, se jeter à l'eau ou se couper la gorge.