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sur 127 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un peintre raté reçoit la visite, simple formalité, du Service de la Sécurité néerlandaise. Pris de court, accusé d'avoir vendu à Goering le tableau attribué à Vermeer « le christ et la femme adultère », persuadé pourtant d'avoir pris ses précautions entre les divers vendeurs et acheteurs du tableau, il ne peut ou ne veux pas se défendre de cette collaboration avec l'ennemi nazi.
Puis il craque, et avoue qu'il a peint lui-même ce Christ.
Pourquoi devenir faussaire ?
Luigi Guarnieri explique fort bien d'abord que Vermeer a produit très peu, qu'il a été oublié pendant longtemps, éclipsé par Rembrandt et de Hooch, qu'ensuite les critiques d'art ne pensent qu'à une chose : exhumer une oeuvre du passé, qu'en plus ils ne sont pas d'accord entre eux, rivalité plus forte que l'expertise.
Enfin, van Meegereen, appelé par l'auteur VM a essuyé de vrais camouflets de la part de ces soi-disant experts. Il ne crache pas sur la fortune, cependant son ressort premier est la vengeance.

Il s'isole donc durant quatre longues années dans le sud de la France, étudie les stupéfiantes couleurs de Vermeer, où dominent le bleu ciel et le jaune, couleurs complémentaires que le peintre manie avec subtilité. le bleu vient du lapis-lazuli broyé, remplacé parfois par de l'azurite et le bleu de Saxe, cependant VM achète à Winsor et Newton de Londres des lots de lapis-lazuli. Il étudie la manière de provoquer des craquelures crédibles, en chauffant dans un four spécial certaines couches de peinture (une jeune fille ayant disparu dans les environs, il est soupçonné d'être un nouveau Landru.)
Il finit par dévoiler par personne interposée son oeuvre, les experts s'extasient, il se prend au jeu, ses tableaux réputés chefs d'oeuvre de Vermeer exhumés du passé se vendent si cher qu'ils atterrissent dans les musées, à La Haye ou à Amsterdam. Lui se garde bien d'apparaitre au grand jour, il met en place entre lui et les acheteurs tout un filet de protection.
Des faux peuvent être pris pour des vrais, ce qui est le cas de la jeune fille au chapeau rouge de la National Gallery de Washington, ou du butin de guerre de Napoléon 1·. Des tableaux authentiques peuvent passer pour des faux, comme un tableau de Rembrandt. « L'art de la peinture » considéré comme un de Hooch, acheté par Hitler qui l'accroche à Berchtesgaden, devient providentiellement un Vermeer en 1938, alors que la côte du premier dépassait de beaucoup celle du second. Il figure sur la couverture du livre.
VM ne veut pas seulement être un brillant faussaire, il veut, de tout son coeur, être un grand peintre, capable d'égaler Vermeer, il prétend redonner vie au peintre oublié pendant deux siècles, en tournant le dos à l'art « dégénéré » des Picasso et compagnie, et il y arrive.

Proust est passé par là, lui qui en 1902, lors d'un voyage aux Pays-Bas, avait contemplé la vue de Delft. Il aurait voulu écrire plus quant aux travaux de Swann sur Ver Meer qui rendent folle de jalousie Odette (A-t-il souffert par une femme, est-il encore en vie ?), en revanche, lors de l'exposition Vermeer prêtée par le Musée de la Haye, Proust raconte la mort de Bergotte devant le petit pan de mur jaune de Delft à cause de la beauté entrevue :
« Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l'un des plateaux, sa propre vie, tandis que l'autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune. »
Mourir à la vue de la beauté.
Les choses se compliquent avec l'invasion du Reich, et le danger que les oeuvres des musées soient tout simplement saisies. Goering se charge, surtout si les tableaux appartienent à des juifs, de l'opération et de l'envoi par train spécial jusque dans des mines de sel, où des oeuvres inestimables ont été détruites.

La double vie de Vermeer expose plusieurs vies : celle du peintre, celle de son faussaire, celle de Proust, et celle de Goering, dont le dernier chagrin, plus encore que sa défaite militaire, l'idée qu'il ait pu avoir été abusé par un faussaire, et avait donc, pour une fois, payé fort cher une contrefaçon.
Luigi Guarnieri rapproche la mort de Bergotte, inventé en 1921 par Proust, la sienne assez semblable, la mort de VM et celle de son modèle :
« Il mourut comme était mort, deux cent soixante -douze ans plus tôt, dans une demeure glaciale de Delft, le peintre mystérieux qui, sur cette terre, pour un court laps de temps, avait pris le nom de Joannis Reynierszoon Vermeer. »
Livre complexe, presque trop complexe, érudit, à consulter encore et encore.
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Quand une lecture en amène un autre.....

"Au tribunal, Goering jouait sa partie, dans le déni et l'autosatisfaction qui avaient régi son existence, osant des traits d'humour. Ses coaccusés, après avoir passé leur vie à le haïr, reconnurent sa supériorité, admirèrent ses harangues. Goering était si satisfait de son parcours, et avait si bonne conscience au moment de passer par la justice finale, cette « farce de procès », qu'il était convaincu de rester dans l'histoire comme le bienfaiteur du peuple allemand. Une chose, cependant, fissura sa décontraction. On lui apprit que son Vermeer bien-aimé, Le Christ et la femme adultère retrouvé par les « Monuments Men » à Altaussee, était un faux.Une enquête avait remonté sa piste jusqu'à un obscur peintre hollandais, Han van Meegeren, [...] Quand il apprit la vérité sur son Vermeer, le visage de Goering se défit. Un témoin aurait rapporté qu'« il avait l'air pour la première fois de découvrir qu'il y avait du mal dans le monde »."

Cette citation est extraite du livre Rose Valland, l'espionne à l'oeuvre, de Jennifer Lesieur.
Après avoir refermé ce livre, j'ai voulu poursuivre comme pour parachever ma lecture, sur cette partie de l'histoire ou Goering voulant se constituer une collection d'art à la hauteur, quitte à être plus vorace que son numéro 1.
Jusqu'au jour où il se retrouva en possession d'un Vermeer que presque personne ne connaissait "Le Christ et la femme adultère" , pas même Hitler, qu'il se garda bien de prévenir.
C'était un tableau nimbé de grâce, de douceur, aux couleurs feutrées et à la lumière irradiant des visages : la quintessence du Siècle d'or. Sa rareté le rendait encore plus miraculeux, puisqu'il n'existait que trente-sept Vermeer certifiés au monde, et que celui-ci venait à peine d'être découvert, comme tombé du ciel...

Tombé du ciel pas tant que ça, car il s'avérait que ce tableau était l'oeuvre d'un certain Han van Meegeren, peintre né au Pays-Bas à la fin du XIXe siècle.
Sa carrière de peintre se mit lentement en place mais très vite à une époque où la peinture voyait naître régulièrement de nouveaux courants, van Meegeren réagissait aux nouveautés et aux modes en accentuant son isolement méprisant, en soulignant l'importance primordiale de la tradition et en dénonçant l'incapacité et l'improvisation absolue des soi-disant révolutionnaires.
Il va sans dire que ces attitudes ne plaisaient pas aux critiques d'art de l'époque.

Van Meegeren se lia étroitement d'amitié avec un autre peintre Théo van Wijngaarden et un journaliste Jan Ubink, deux hommes qui partageaient sa vie dissolue, méprisaient les modes du moment, condamnaient la superficialité de la littérature et de l'art contemporains et exaltaient l'éclatante grandeur du passé. Ils publiérent un journal "le coq de combat" - Tout un programme.

Mais très vite l'ennemi ou plutôt les ennemis : "c'étaient les critiques, avec
leurs pires complices, les galeristes, qui faisaient ou détruisaient une
carrière, inventaient à partir de rien, mettaient à la mode un peintre ou enterraient
implacablement le travail de cent autres artistes, tout aussi valables que leur
protégé. Pour couronner le tout, ils semblaient échapper à toutes les critiques,
vu que, même lorsqu'ils commettaient des erreurs grossières, leur réputation n'en
souffrait jamais."

Alors vint l'idée de peindre un faux Rembrandt et de le soumettre à l'oeil avisé des "spécialistes", mot que je mets volontairement entre guillemets, car il fut considéré comme authentique. "Mais quelques instants après, à sa grande
stupéfaction, van Wijngaarden se rua sur le tableau, brandissant une spatule de
peintre, et lacéra la précieuse toile sous son nez." ce qui n'est pas sans rappeler l'autodestruction du Banksy en 2018, métaphore pour certains d'un monde qui court à sa perte, métaphore pour d'autres de l'interaction entre l'art et l'argent...

Si un faux peut être pris pour une oeuvre d'un ancien maître, l'oeuvre d'un ancien maître peut tout aussi bien être prise pour un faux. L'auteur de nous citer l'exemple
Van Meegeren allait cette fois jeter don dévolu sur l'oeuvre de Vermeer, pour plusieurs raisons :
Les documents relatifs à sa vie son peu nombreux ;
L'artiste à très peu peint, il ne subsiste que trente-quatre toiles attribuables à Vermeer avec une certitude raisonnable. Mais quatre ou cinq de ces toiles sont très
contestées ;
Vermeer n'a pas signé toutes ses peintures ;
Les datations des oeuvres sont incertaines ;
Son oeuvre sombrera dans l'oubli pendant quasiment un siècle ;

Bref, "la victime idéale" ou tout du moins le sujet idéal pour des victimes idéales.
Et nous voici dans le position de celui qui regarde la couverture du livre (tirée du tableau un détail de l'oeuvre "L'Atelier". Car nous allons assister van Meegeren dans toutes les étapes de la construction du faux, voire de la création du faux.

Si un faux peut être pris pour une oeuvre d'un ancien maître, l'oeuvre d'un ancien maître peut tout aussi bien être prise pour un faux.
Et l'auteur de nous citer cet exemple : En1922, [...] , un autoportrait de Rembrandt, qui remontait à 1643, fut volé au musée du Grand-Duché de Weimar. Cette toile, d'une valeur×inestimable, se retrouva entre les mains d'un plombier d'origine allemande, Léo Ernst, qui habitait à Dayton, dans l'Ohio. Ernst devait déclarer, par la suite, avoir acheté ce tableau en 1934, pour quatre sous, à un matelot non identifié, embarqué sur un navire tout aussi fantomatique. Lorsque la femme d'Ernst découvrit, par hasard, la toile dans une vieille malle poussiéreuse que son mari gardait au grenier, le plombier déclara : “Ce n'est rien, juste une saleté que m'a vendue un filou.” Mais la femme d'Ernst avait fréquenté l'école des Beaux-Arts de Dayton : elle acquit la conviction que cette toile avait de la valeur. Elle la proposa à tous les antiquaires et à tous les galeristes de New York : ils lui répondirent unanimement, avec dédain, et en se fiant à leur instinct infaillible, qu'il s'agissait d'un faux mal exécuté, tout au plus d'une copie. Ce n'est qu'en 1966, quand les Ernst, après des années de recherches, trouvèrent un journal de l'époque qui décrivait dans les moindres détails le tableau volé à Weimar en 1922, que ces mêmes experts, précédemment interpellés, échangèrent d'avis et saluèrent la redécouverte d'un chef-d'oeuvre oublié."

Il reste que le fait le plus retentissant de cette histoire qui a tout du roman policier, est le fait que ce faux finira dans les mains de Goering, qui ne s'en remettra pas :
" Ainsi, au bout du compte, la seule défaite vraiment incontestable, aux yeux du maréchal du Reich, était celle que lui avait infligée un parfait inconnu, un faussaire néerlandais dont il n'avait jamais entendu parler. Les Alliés ne l'avaient pas vaincu. Il avait supporté, stoïquement, les pires humiliations et les interrogatoires les plus serrés, et en était même sorti triomphant : il n'avait ni abjuré, ni trahi ses “idéaux”. Après la condamnation, il s'était presque convaincu que le procès de Nuremberg n'avait jamais existé. Cela n'avait été qu'un rêve – un cauchemar, peut-être. Mais ça, c'était la réalité – quelque chose qu'il ne pouvait pas supporter. Car dans ce cas, plus unique que rare, c'était lui qui avait été victime d'une farce impitoyable, cruelle."

il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir..
Reste que de cette vie de faussaire, Luigi Guarnieri a relevé le pari d'en faire un VRAI bon livre alliant enquête, plongée dans le monde de l'art, immersion dans l'histoire, réflexion sur les jugements portés, les passions humaines, pour un VRAI plaisir de lecture.
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Qu'est-ce que le mensonge dans le domaine de l'art ?
La réponse nous est donnée par la singulière aventure de Han van Meegeren,artiste hollandais du XXè s, maltraité par la critique qui conçoit, dès 1932, une géniale forme de vengeance envers ses détracteurs : la création d'un Vermeer religieux qui n'a jamais existé.
Il se prépare méticuleusement avec une technique infaillible et réussira.
L'auteur mène,en parallèle, le peu que l'on sait de Vermeer et des moments de la vie de Meegeren.
Ces passages se lisent avec grand intérêt.
En revanche,en ce qui me concerne, j'ai trouvé fastidieux les détails des transactions des différents tableaux. Tous ces noms qui se succèdent.
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L'histoire :

Voici un roman inspiré de l' histoire peu banale mais véridique du peintre Han van Meegeren. Né en 1889 aux Pays Bas, il s'inspire des peintres hollandais du XVIIe. Complètement à contre-courant des peintres de son temps (Picasso, Dali...), il est considéré par les critiques de l'époque comme un artiste mineur.

Lassé et furieux d'être incompris, il décide un jour de jouer un bon tour aux experts en se mettant à peindre des "faux Vermeer", peintre qu'il admire plus que tout autre.

Il y met toute son énergie, peaufine sa technique, investit en matériel et réussi même à reproduire les craquelures provoquées par l'usure du temps. le choix de ses thèmes est judicieux puisqu'il exploite les zones d'ombre de la biographie de Vermeer.

Quand la supercherie est découverte en 1945, un scandale éclate et fait beaucoup de bruit.

Mon avis :

J'ai bien apprécié ce roman, proche du documentaire et construit comme une enquête policière. La vie rocambolesque de ce faussaire est passionnante. On traverse avec lui la première partie du XXe siècle.

Après la jeune fille à la perle, c'est une lecture intéressante pour rester dans l'univers de la peinture de Vermeer. Il est intéressant de suivre les différentes étapes de la construction de ces faux : le choix du thème, la recherche de la toile et, le plus difficile, la mise au point des procédés techniques pour réaliser des Vermeer "parfaits".

C'est aussi une histoire qui donne à réfléchir sur la notion de chef-d'oeuvre, sur le rôle des critiques dans le succès ou non d'un artiste...


Amateurs d'histoire de l'art, notez ce titre, il ne devrait pas vous décevoir !
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Han van Meegeren (1889 - 1947) peintre hollandais au caractère difficile, connait de brèves heures de gloires aux Pays Bas et en France mais se brouille avec nombres de critiques qui cessent de défendre son oeuvre. Peu doué mais affichant de grandes ambitions, il a du peindre des portraits pour des raisons alimentaires. Il était réfractaire à toute modernité dans l'art. Il ne jurait que par la peinture du 17è siècle et particulièrement Jan Vermeer dont on ne connait que très peu de choses.
En 1932, installé sur la Côte d'Azur, l'heure de la vengeance a sonné. Par amour du geste de peindre et seulement pour cela, il se met à fabriquer de faux Vermeer avec une méticulosité et une technique parfaite au point de duper les meilleurs experts. Mais la guerre 40-45 vient brouiller les pistes. le Maréchal Göring entre en possession d'une des toiles de van Meegeren /Vermeer. La supercherie est démasquée lorsque les Aliiés mettent la main sur l'incroyable collection d'art de Göring et enquêtent sur les propriétaires des tableaux en vue de leur restitution. van Meegeren fut inquiété pour collaboration avec l'ennemi à la suite de quoi il avoua son forfait. Finalement, il fut condamné à un an de prison seulement. S'il était effectivement un faussaire, il avait cependant dupé Göring et pour cela s'est attiré la sympathie du public.
La lecture est assez ardue. le texte dense jongle entre des détails fouillés sur ce l'on sait de la vie de Vermeer, l'admiration de Marcel Proust pour Vermeer et les techniques utilisées par van Meegeren.
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Double vie de Vermeer ou fabuleuse vie de Han van Meegeren. Vermeer était un peintre très peu reconnu de son vivant (XVIIème siècle), et il subsiste de nombreux mystères autour de sa vie et de son oeuvre. Il a fasciné des auteurs tels que Proust, qui l'évoque dans sa Recherche, et de nombreux collectionneurs. Des toiles lui ont été attribuées, ou niées, après de longues polémiques entre experts. van Meegeren, lui, est un peintre du début XXème siècle, rejeté injustement par les critiques, qui va s'engouffrer dans le halo de mystère autour de Vermeer et s'avérer un excellent faussaire. Il restera dans l'ombre jusqu'à ce qu'on l'accuse, à la fin de la guerre 40-45, d'avoir contribué à la fuite des oeuvres d'art hollandaises vers l'ennemi nazi. Sa seule issue sera d'avouer ses méfaits de faussaire (qui en font un héros patriotique plutôt qu'un traître…). La double vie de Vermeer nous emmène, de manière très documentée, dans le monde de Vermeer, de van Meegeren, de Proust, de Goering, et dans le monde de l'art en général. Une belle balade très instructive.
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Han van Meegeren est un peintre suffisamment talentueux pour vivre très confortablement de sa production ; mais il est trop académique, trop dénué de génie pour espérer laisser une trace dans l'histoire de la peinture. Passablement mortifié de subir les railleries des experts de son temps, en particulier du spécialiste de Rembrandt Abraham Bredius, il décide de se venger en réalisant un faux de Vermeer, susceptible d'être adoubé par la critique d'art, digne d'être tenu pour un chef-d'oeuvre du maître de Delft afin de confondre les experts et d'être reconnu pour son talent.
le roman de Guarnieri use et abuse des digressions : il interrompt volontiers le cours du récit pour glisser tel chapitre consacré à Vermeer, tel autre à Marcel Proust qui fut l'un des premiers écrivains à assurer la postérité de Vermeer en lui consacrant un épisode célèbre dans lequel l'un des protagonistes de la Recherche meurt en allant voir la vue de Delft dans une exposition. Il s'éloigne trop longuement de son propos en racontant l'histoire de la constitution par le maréchal Göring d'une extravagante collection de peintures, amassée à force de combines, de corruptions et de spoliations en tout genre.
L'intérêt de ce livre est de raconter comment Vermeer, ce peintre peu prolifique - une trentaine de toiles sont portées à son crédit -, considéré comme un peintre mineur jusqu'à la fin du 19ème siècle, est devenu l'un des artistes les plus renommés et admirés de notre époque. Il a fallu pour cela la force de persuasion de certains experts et la boulimie de grands collectionneurs qui firent grimper les enchères de ses oeuvres au tournant du 20ème siècle. Ces mêmes experts, qui furent ensuite dupés par le faussaire Meegeren. A quoi tient la postérité, le lustre d'un peintre ?
A ses qualités intrinsèques, à sa façon unique de sublimer des sujets que d'autres traduisent en des termes plus prosaïques ? Comme ces portraits collectifs de guildes que l'on peut voir au Rijksmuseum d'Amsterdam et que transfigure Rembrandt dans la Ronde de nuit. Ou notre admiration et notre émotion sont-elles guidées par les louanges qu'en ont tressées des générations d'adorateurs avant nous ?
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Très beau roman sur le talent d'un faussaire de génie, Han van Meegeren.
Que Hermann Goering était amateur d'art est connu : qu'il a acquis des faux Vermeer l'est moins, et moins encore que cette vente mit gravement l'auteur du faux Vermeer en danger. Ce roman dépeint avec réalisme le milieu de l'art, dans lequel marchands, experts et collectionneurs font et défont une cote d'artiste, et l'on en sort fantasmant sur les faux chefs d'oeuvres qui ornent les musées ou les vrais qui, sans identification, peuplent nos greniers.
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Né au Pays-Bas en 1889, Hans van Meegeren est un peintre de style traditionnel ce qui se révèle être un véritable handicap vu qu'il tombe en pleine éclosion de la peinture moderne. Complètement à contre courant de la mode, il est éreinté par tous les critiques et ne rencontre que mépris, insuccès et vie difficile. Pour se venger de manière spectaculaire, il décide de réaliser plusieurs faux Vermeer, non par simple imitation d'un original mais par véritable création à partir de rien. Il faut dire que Vermeer de Delft (1632-1675) fut un peintre longtemps méconnu et peu prolifique.
Van Meegeren, s'appuyant sur l'hypothèse selon laquelle le maître aurait produit une série de tableaux à sujets religieux qui se seraient égarés et se servant des techniques de l'époque, réalise un véritable chef d'oeuvre, un magnifique « Christ à Emmaus » aussitôt reconnu comme authentique et vendu au plus haut prix. Encouragé par ce premier succès, le faussaire continue sur sa lancée, en produit une série et amasse une véritable fortune. Tout aurait été pour le mieux, s'il n'avait vendu ses faux aux principaux musées nationaux hollandais et un au maréchal Goering lui-même! A la Libération, en 1945, le pot aux roses est découvert, il est accusé de collaboration, l'Etat hollandais veut être remboursé et sa vie bascule...
Formidable roman historique basé sur une histoire vraie, ce livre se révèle passionnant et agréablement écrit. Il nous permet de visiter les recoins de la petite Histoire ( avec un luxe de détails qui empèche de douter du sérieux de la documentation de l'auteur, mais qui peut lasser parfois) et toucher du doigt la fragilité des réussites humaines et la grande relativité du savoir des fameux « experts »...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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( 16/10/2017 )

Il aura fallu un petit city trip à La Haye et un passage à Delft pour tomber sur cet ovni de livre!

Ovni parce que je peux pas vraiment le mettre dans le domaine littéraire, ni dans le domaine historique et pourtant! Il allie le meilleur des deux et fini par être le meilleur guide pour découvrir Vermeer et surtout l'histoire de ces tableaux! A partir de bribes de l'histoire de la vie de Vermeer, l'auteur nous emmène dans la grande aventure de son plus célèbre faussaire et avec lui de belles pages d'histoires dans la grande Histoire...On a tout! Y compris les anecdotes... Et tout ça nous est servi avec un style qui fait qu'on le commence et qu'on le dévore!

Je n'ai qu'une chose à dire: Suivez le guide!
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