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Critique de Fandol


Quelle belle idée ! Avoir rencontré le dernier inventeur de la grotte de Lascaux au soir de sa vie. Avoir su gagner son amitié ainsi que celle de Gisèle, son épouse, leur confiance. Raconter tout cela de façon très originale en donnant même la parole à la grotte, Héloïse Guay de Bellissen l'a réussi pour mon plus grand régal dans ce roman en lice pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2021.
Comme elle axe son roman sur la découverte par des enfants de ce que les adultes ne savent pas ou ne veulent pas voir, elle n'évoque pas la Grotte Chauvet en Ardèche (36 000 ans), ni la Grotte Cosquer près de Marseille (entre 27 000 et 19 000 ans). Je le regrette mais tout est concentré sur Montignac – Lascaux, avec quelques allusions à la grotte des Combarelles (13 000 ans) et à Font-de-Gaume (15 000 ans), deux grottes ornées que, comme l'autrice, j'ai eu le bonheur de visiter après Lascaux II. Là, pas de fac-similé mais des gravures réelles, ce qui décuple les sentiments, remue encore plus notre imaginaire.
L'autrice axe donc son roman sur la découverte, oeuvre d'enfants comme cette María Sanz de Sautuola (8 ans) qui, la première, en 1879, découvrit les taureaux (15 000 ans) sur les parois de la grotte d'Altamira, en Espagne, alors que son père ne les avait pas repérés, ces fameux dessins.
Pour Héloïse Guay de Bellissen, c'est son père qui lui a raconté l'histoire de la découverte de la grotte de Lascaux (17 000 ans) par quatre garçons : Simon, Jacques, Marcel et Georges, nommés les inventeurs.
C'est en 2018, à Paris, Champs-Élysées, que l'autrice rencontre enfin Simon Coencas (91 ans), le dernier des inventeurs, et sa femme Gisèle. Entre va-et-vient avec le passé, sauts dans le temps, j'ai été passionné par ce récit des rencontres, le détail de la découverte puis le drame.
1940 : la guerre fait rage. La famille Coencas a fui Paris pour s'installer à Montignac (Dordogne) où, le 12 septembre, Jacques Marsal (14 ans), Georges Agniel (15 ans), Marcel Ravidat (18 ans) le plus âgé, et Simon Coencas (13 ans) élargissent un trou où aurait disparu un chien et découvrent ces merveilles d'art pariétal que nous ne nous lassons pas d'admirer.
Hélas, quelques temps plus tard, la famille rentre à Paris où Simon découvre qu'il est juif et se retrouve plongé dans l'horreur conduisant à la Shoah. Arrêté, il est interné à Drancy où les images de la grotte l'aident à tenir. L'autrice réussit là une performance littéraire mêlant le fantastique au sordide, à l'horreur d'une extermination programmée et orchestrée par une partie de nos compatriotes. Victorine et Michel Coencas, les parents de Simon, déportés à Auschwitz, ne reviendront pas.
Les rencontres avec le dernier inventeur rythment le récit mais la santé de Simon décline rapidement. Héloïse Guay de Bellissen enregistre toutes leurs rencontres et les restitue fidèlement, son talent réussissant la liaison avec la grotte qui se confronte avec la maladie et la mort.
Le dernier inventeur est un beau roman que j'ai aimé lire car il permet de ne pas oublier, mêlant des instants glorieux aux plus terribles événements de notre Histoire.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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