Première sacrée immersion pour moi dans l'univers de Gudule (Anne Duguël), avec cette nouvelle qui m'a embarquée dès les premières pages et dont je n'ai fait qu'une bouchée !
Impossible de la lacher avant la dernière page tournée...
Avec son regard, ses émotions d'enfant, Miquette nous raconte son histoire.
Celle qui l'a conduite dans une institution.
Enfermée dans un certain mutisme, le psy Quiquequoi veut la faire parler, mais elle ne s'adresse qu'à son ami Gogol et élève des araignées.
Un récit absolument terrible ! Teinté d'un humour très grinçant et de fantastique.
Cet étrange mélange de glauque et de langage enfantin est assez malsain. Il nous fait à la fois sourire et plonger dans un évident malaise...Déconcertant et envoûtant...
Sa maman, sa grande-tante Madeleine, son chien Titus, et l'arrivée de ce curieux acupuncteur asiatique Tu-Ahn.
Son élevage d'araignées aussi !
Miquette nous dit tout ! Petite fille, si attachante et mystérieuse à la fois...
Je me suis sentie spectatrice, à la place de Miquette, en fait, tellement la narration est imagée.
Véritablement subjuguée !
Une plume que j'ai vraiment apprécié, donc.
Bien évidemment je ne vais pas m'arrêter là et je lirai les autres nouvelles du recueil Le club des petites filles mortes, dans un futur très très proche.
Bisous à la personne qui me l'a recommandé ;-)
Je vous le conseille à mon tour !
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《Miquette fixe sa montre. La trotteuse tourne clopin-clopant. Le compte à rebours est commencé. Encore dix secondes, (...), cinq, quatre, trois, deux, une... Top !"
"C'est comme s'il y avait un écran dans ma tête, avec un film projeté dessus.
L'héroïne est très jeune. C'est une petite fille appelée Miquette, avec des boucles brunes comme sa mère (mais plus courtes), plutôt petite pour ses onze ans, maigrichonne et muette. Mais attention, cette Miquette-là, ce n'est pas moi. Moi, je suis juste la spectatrice, assise sur son fauteuil dans la grande salle obscure. Et je ne quitte pas l'écran des yeux.》
Mon résumé :
Miquette est effectivement une fillette de onze ans, "devenue" mutique suite à de terribles événements. Elle vit à présent dans une institution et ne communique plus qu'avec Gogol, un enfant trisomique; son seul ami.
Malheureusement, c'est une bien triste histoire qui lui est arrivée...
Triste, mais surtout, que personne ne voudra jamais croire...
"Ici, ils prétendent que je suis "aphasique", ça veut dire "muette" en langage de docteurs.
Quels idiots ! J'ai jamais été muette, moi ! (...) Même qu'à l'école, la maîtresse me trouvait trop bavarde. Et je chantais aussi.
C'est seulement après que j'ai décidé de me taire.
Après."
Car avant tout ça, Miquette était simplement une petite fille joyeuse et pleine de vie à l'instar des enfants de son âge, et qui adorait par-dessus tout sa maman. Elles vivaient ensemble avec Titus, le chien de la famille.
Son papa lui, était un "irresponsable" d'après ce que disait sa mère, et c'est pour cela que ses parents étaient séparés.
Dans la vie de Miquette et Maud, sa maman, il y a tante Madeleine (en réalité la grand'tante). Une dame d'un certain âge dirons-nous, et que la petite fille n'aime pas beaucoup (celle-ci étant beaucoup trop présente dans leur vie à son goût), et qu'elle finira par détester totalement, autant qu'une fillette peut détester un adulte...
"L'âge de tante Madeleine, c'était son sujet de conversation préféré. Elle adorait se plaindre."
...Voire plus ;
"C'est là que j'ai croisé deux types qui descendaient. Ils portaient une civière avec un sac plastique dans lequel une forme était allongée.
Tante Madeleine !
J'ai trouvé que ça lui allait bien, un sac-poubelle, comme cercueil."
Et dans la vie de Madeleine, il y a Tu-Ahn. Un jeune acupuncteur d'origine asiatique et qui prétend faire des miracles avec ses aiguilles. Madeleine en tombera folle amoureuse, malgré l'énorme différence d'âge entre eux. ...Mais cela devrait pouvoir s'arranger.
"Les miracles, ça arrive."
"C'est alors que cette vérité horrible m'a sauté aux yeux : TANTE MADELEINE AVAIT L'AIR PLUS JEUNE QUE MAMAN."
En bref :
"Je me suis sauvée sur la pointe des pieds. j'avais le coeur lourd, mais lourd !
Une enclume."
Nous sommes bien ici dans un roman de Gudule (alias Anne Duguël, et de son vrai nom Anne Liger-Belair), et comme elle se plaît à le dire elle-même : "C'est de ma propre enfance dont je me débarrasse". L'auteure a publié nombre de romans où elle en tue des gens ! Des vilains pas beaux, des pères Noël, et bien sûr, beaucoup de petite filles !
- Je recommande d'ailleurs "Le Club des petites filles mortes" ; premier volume de l'intégrale de ses romans fantastiques, dans lequel j'avais pour la première fois découvert l'histoire de Miquette, il y a déjà fort longtemps déjà. J'ai pris énormément de plaisir à la relire récemment alors que je l'avais presque oublié. -
Et donc, on peut se douter que l'histoire de cette fillette aux araignées ne s'arrête pas à mon humble résumé. Ceux qui connaissent Gudule savent, ou se doutent, que la vie de Miquette va rapidement tourner au cauchemar.
C'est un terrible drame, une tragédie, qui va prendre à l'enfant ce qu'elle a de plus cher au monde.
Mais il y a pire, c'est les circonstances dans lesquelles cette horrible farce va avoir lieue...
"- Mais les gens vont croire que c'est toi, la morte !
- Et alors ? On s'en fiche de ce que croient les gens. L'important, c'est ce qu'on croit, nous !"
Je ne peux me résoudre, ce malgré une réelle envie, à vous en dire d'avantage. Parce que c'est l'histoire de Miquette après tout, et que c'est tellement mieux quand c'est elle qui raconte. Avec ses mots à elle, sa logique de gamine de onze ans, et un franc-parler détonnant, qui fait pourtant sourire, en dépit de l'horreur qu'elle décrit à travers ses rêves, mais surtout ses cauchemars...
"La perspective de se réveiller permet de supporter les pires cauchemars.
Or, là, j'avais une certitude horrible : le cauchemar, c'était devenu ma vie."
Ma note : 5/5, obligé !
J'ai adoré cette nouvelle qui se lit agréablement, tissée de mots et de rêves d'enfants, mais néanmoins terribles, et qui font mouche.
Ceci dit, si je devais me prononcer pour un coup de coeur, ce serait alors les yeux fermés pour le recueil "Le Club des petites filles mortes" dans son entièreté, dont je parle plus haut.
Ce que j'en pense :
"...mon cerveau fonctionnait tellement vite que j'avais du mal à le suivre."
Jusqu'à quel point peut-on croire cet enfant, enfermée dans le mutisme total et la solitude (enfin presque, car il y a son meilleur ami Gogol et son élevage d'araignées aussi. Mais également sa Barbie, qu'elle chérit plus que tout au monde - même si ce n'est pas vraiment pour la poupée elle-même) depuis ces terribles événements.
"Quel crétin ! Si je ne quitte jamais ma Barbie, ce n'est pas parce que je l'aime mais à cause de ce qu'il y a dedans.
Si on me prenait ça, ce serait vraiment la fin des fins !"
Ces éventements, on les découvre au fil de l'histoire car si Miquette est muette, elle ne discute pas moins dans sa tête, avec le lecteur.
L'idée de cauchemar est plus que récurrente et l'on est alors en droit de se demander si toute cette histoire n'est pas tout bêtement née de son esprit naïf et torturé par la mort de sa maman - ce qui serait humain. Oui mais la gosse semble tout, sauf naïve...
"Les pires cauchemars sont ceux qui se passent dans la réalité."
Au final, l'auteure nous laisse décider de ce qu'il advient de sa petite héroïne. C'est sans doute là, pour moi, le point faible de cette nouvelle car j'aurais sans doute aimé qu'elle étoffe un peu plus de ci de là ce récit qui mérite que l'on s'y attarde sincèrement, à tout le moins en tant que lecteur.
Je préconise donc cette lecture à tous, excepté peut-être à ceux ou celles qui auraient la déprime facile. C'est bel et bien un triste conte que Gudule nous livre ici sous les traits de "La fille aux araignées".
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La fille aux araignées, un conte pour adulte.
En effet, on lit ce livre en une petite heure. On reçoit les pensées directement de Miquette qui ne parle pas aux adultes. Comme elle reste dans son monde, elle invente des surnoms. Miquette fait un élevage d'araignées pour rajeunir sa maman. Car celle-ci a été frappée par un odieux sort qui la fait vieillir. On a ainsi tous les ingrédients d'un conte : une petite fille malheureuse mais héroïne, une mère qui souffre malgré sa grande bonté, une méchante marâtre-tante qui refuse de vieillir et un prince charmant (le chien et ensuite l'ami Gogole).
Pourtant on traite de sujets sérieux, voire traumatisants. Et qui paraissent d'autant plus effrayants que l'on voit tout à travers les yeux innocents de la petite Miquette.
De lecture légère à questionnements
La fille aux araignées devient de plus en plus sombre voire glauque du début à la fin. Cela nous plonge dans l'horreur, dans le fantastique. Jusqu'à une phrase du psychanalyste de Miquette. Et cette toute petite phrase est magnifique car elle nous laisse sur une impression de doute. Etait-ce réel ? Ou était-ce un rêve ? Ou les pensées de la petite Miquette très perturbée ? Suivons-nous un récit ou une thérapie ? Ou le cheminement d'un deuil ? A vous de voir au final. Mais lisez le ;)
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La fille aux araignées, un conte pour adulte.
En effet, on lit ce livre en une petite heure. On reçoit les pensées directement de Miquette qui ne parle pas aux adultes. Comme elle reste dans son monde, elle invente des surnoms. Miquette fait un élevage d'araignées pour rajeunir sa maman. Car celle-ci a été frappée par un odieux sort qui la fait vieillir. On a ainsi tous les ingrédients d'un conte : une petite fille malheureuse mais héroïne, une mère qui souffre malgré sa grande bonté, une méchante marâtre-tante qui refuse de vieillir et un prince charmant (le chien et ensuite l'ami Gogole).
Pourtant on traite de sujets sérieux, voire traumatisants. Et qui paraissent d'autant plus effrayants que l'on voit tout à travers les yeux innocents de la petite Miquette.
De lecture légère à questionnements
La fille aux araignées devient de plus en plus sombre voire glauque du début à la fin. Cela nous plonge dans l'horreur, dans le fantastique. Jusqu'à une phrase du psychanalyste de Miquette. Et cette toute petite phrase est magnifique car elle nous laisse sur une impression de doute. Etait-ce réel ? Ou était-ce un rêve ? Ou les pensées de la petite Miquette très perturbée ? Suivons-nous un récit ou une thérapie ? Ou le cheminement d'un deuil ? A vous de voir au final. Mais lisez le ;)
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