![]() |
Le Club des Petites Filles mortes est le volume 1 de l'intégrale des romans fantastiques. Ce livre est destiné à un public averti. Huit nouvelles, chacune d'environ 80 pages dans ce format. Des textes denses, sans temps mort, sans remise de peine, que l'on dévore en peu de temps. Les protagonistes sont des enfants, souvent des petites filles, qui sombrent dans le monde abject et répugnant des grandes personnes et qui perdent bien vite leur innocence: certains se vengent de façon particulièrement redoutable... les autres : folie ou mort. Avec le risque que l'horreur véritable ne commence qu'à partir de là... Les personnages, les enfants en particulier, sont à la fois victimes et bourreaux. Le recueil s'ouvre sur « Dancing Lolita », pure science-fiction, sordide et pervers : des petites filles, vraies ou fausses, livrées aux appétits boulimiques d'adultes répugnants dans un monde glauque, culte de l'apparence et de l'éphémère. Dans « Entre chien et louve », un homme réincarné en chien cherche refuge auprès de sa veuve, désormais sa maîtresse, inconsciente de la transmutation... D'abord heureux de combler la solitude de sa veuve, il est bientôt accablé de désillusions sur sa vie d'avant lorsque sa femme, belle africaine noire ramenée dans ses bagages, se livre en confidences à l'animal. On enchaîne ensuite avec « Gargouille », un récit fantastique où une enfant maltraitée dans un couvent par sa classe se venge de ses tortionnaires en s'alliant à des forces obscures cinquante ans après. A mon sens, le texte le moins bon de ce recueil. Heureusement suit « La petite fille aux araignées », émouvant récit de Miquette, internée dans un asile après un drame atroce : voir sa mère dépérir parce qu'on vole sa jeunesse. Miquette, grâce ses araignées, rêve de la ressusciter. Tout de suite après vient « Mon âme est une porcherie », ou l'histoire d'une petite fille qui s'amourache d'un cochon magique. Laide, elle est mal dans sa peau, a si peu d'estime pour elle qu'elle trouve normal d'être rejetée et martyrisée par son entourage. Elle a une notion corrompue du bien et du mal et s'enfonce dans la folie. Avec « Petite Chanson dans la pénombre », on a droit à un nouveau portrait de petite fille à se dresser les cheveux sur la tête. Elle est morte, prisonnière depuis plus d'un demi-siècle de l'étable de son violeur et assassin et saisit l'occasion de se venger quand elle fait la connaissance de Zoé, une autre fillette. Une petite fille morte qui en ravage une vivante pour revenir. Ensuite, récit plutôt moyen avec “La baby-sitter ». Dans une maison isolée dans la campagne, une gardienne d'enfant , conteuse de talent, perd la tête quand les jumeaux dont elle a la responsabilité se révoltent. L'horreur se déchaîne quand ses souvenirs traumatisants refont surface Le recueil se conclut avec « Repas éternel » un texte de science fiction cauchemardesque. Tous se nourrissent de chair humaine dans un pays ruiné par la guerre et tentent de survivre sous la coupe d'un dictateur. Grâce à Babelio, j'ai découvert Anne DUGUËL, dite Gudule. J'ai lu ce recueil de nouvelles avec une avidité jubilatoire et quelque peu perverse. Un recueil à lire absolument pour découvrir un fabuleux écrivain qui cherche ses thèmes dans l'enfance et l'adolescence. Son fantastique plonge dans les racines de leurs peurs et angoisses. Gudule rend parfaitement le franc-parler candide des enfants Elle n'idéalise pas les petits monstres car leur cruauté plus ou moins consciente en fait les plus sadiques des tortionnaires.... C'est noir et perturbant : chaque histoire est plus désespérée que la précédente Toutes les histoires n'ont pas le même intérêt et j'ai mes préférences, mais la qualité domine. + Lire la suite |