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EAN : 9782710119647
196 pages
ESF Editeur (25/08/2008)
4.25/5   4 notes
Résumé :

Malgré ses dénégations, l'éducateur ne peut guère se passer de la ruse... Il sait, en effet, qu'il doit mobiliser ses élèves sur des objectifs qui ne relèvent pas de leurs intérêts immédiats, qu'il doit susciter chez eux un désir d'apprendre parfois absent et les amener souvent à engager ses efforts dont ils aimeraient se dispenser. Pour tout cela, l'autoritarisme n'est guère efficace :... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'auteur, Yves Guégan, psychosociologue français, est un ancien professeur de lettres et formateur des enseignants de CFA (centres de formation des apprentis). Il a développé une expertise sur la motivation des apprentis, la conduite de la classe et la gestion des comportements difficiles.
Ce livre écrit en 2008, fait partie de la collection «Pédagogies » et propose aux éducateurs, qu'ils soient enseignants ou parents, des livres mêlant réflexion et moyens pratiques afin de permettre de comprendre certaines situations et d'y intervenir en toute conscience.
Dans le domaine de l'enseignement et de l'éducation, pour être fructueuse et productrice de résultats, la relation pédagogique doit impérativement reposer sur deux prérequis essentiels : une communication claire, franche et directe et une volonté de dialogue et d'écoute.
Pourtant, des éléments extérieurs (difficultés d'apprentissage, malentendus, incompatibilité d'humeur, …) viennent interférer et perturber cette relation entre l'enseignant et l'apprenant.
Du fait de ces éléments ou facteurs extérieurs, l'apprenant développe (consciemment ou inconsciemment) une attitude de résistance presque normale qui conduit au blocage de cette relation pédagogique.
Apprendre est reconnu comme une aspiration universelle mais c'est un vrai travail qui demande temps et efforts et vis-à-vis duquel le risque d'échec est réel et la compétition souvent omniprésente. Ces contraintes amènent l'enfant à opposer une résistance, caractéristique universelle de l'enfance qui permet d'obtenir la conscience de soi. le plaisir de « s'affirmer contre » ou encore la source de l'identité sont des moyens de cimenter le groupe ou la classe dans la naissance du sentiment de solidarité réactive.
L'auteur propose différentes pistes et parle d'autorité, de persuasion et de ruse.
L'autorité est indispensable pour fixer des repères sociaux pour assurer la sécurité des plus faibles contre la pression du groupe (moqueries, violence, intimidation) et si l'autorité de l'adulte s'efface, elle peut occasionner un sentiment d'insécurité. L'autorité légitime procure une vertu libératrice, canalise l'effervescence des ados et établit un équilibre entre un ordre nécessaire et un désordre intolérable et garantit un espace qui permet l'expression libre de tous.
Si la contrainte est perçue comme un instrument de travail et non comme une brimade l'adhésion des élèves sera raisonnée.
La persuasion bénéficie d'une image positive et est l'outil d'influence le plus privilégié. Elle fonctionne sur le principe de l'adhésion c.à.d. faire coopérer l'enfant sur la base d'une logique partagée afin d'atteindre les objectifs éducatifs.
Le cours n'est pas une transmission neutre d'informations : le maître a un rôle d'incitation et la pédagogie devient l'art de convaincre l'élève d'accepter de nouvelles connaissances. On n'enlève pas à l'enfant le droit au doute ou à l'objection. le juste milieu est un raisonnement combinant adhésion et sens critique.
Pour que le professeur réussisse à persuader l'élève, il doit combiner un message cohérent, une image de compétence, une relation pédagogique de qualité au point de vue affectif.
La persuasion repose sur la qualité de la relation enseignant-enfant pour réguler les comportements des élèves. La relation éducative doit être bonne sinon l'élève aura tendance à se refermer et à rejeter toute idée ou toute indication mettant en cause sa liberté et son identité.
Autorité et Persuasion doivent être visibles pour être comprises.
Dans les relations éducatives conflictuelles, la persuasion est sans effet. le rapport de force en effet détruit l'adhésion. L'enfant rejette d'office l'argument du professeur et utilise la mauvaise foi pour préserver son point de vue et sauver la face.
Recourir à la ruse permet d'obtenir l'adhésion de l'enfant sans violence, sans contrainte visible, c'est le faire participer en lui donnant le sentiment qu'il pense et agit en toute liberté, qu'il prend ses décisions de manière autonome. La ruse donne de la satisfaction, de l'engagement et de la responsabilité.
La ruse est une tactique légitime d'influence à laquelle l'enseignant peut recourir lorsque l'objectif visé est éducatif et dans l'intérêt de l'enfant. Ce qui est légitime c'est la ruse bienveillante, celle qui ne vise pas le confort ou la puissance du maître mais bien l'intérêt et la réussite de l'élève. Ses avantages sont multiples : elle n'utilise pas l'autorité, elle surmonte les oppositions en changeant le regard de l'enfant sur le travail scolaire, elle stimule le travail scolaire en inventant des solutions pédagogiques originales et inattendues, elle travaille pour le maintien d'une coopération.
L'art du camouflage est essentiel car il est indispensable que la ruse reste invisible pour donner des résultats.
La ruse est une bonne tactique d'évitement du conflit. Grâce à elle, on peut renoncer à l'autorité par crainte du rapport de force. Elle permet également d'éviter l'enlisement créé par la surenchère argumentative quand on a épuisé toutes ses ressources persuasives. Enfin, elle active le désir d'apprendre lorsque l'exigence d'indépendance individuelle est particulièrement solide comme chez les adolescents.
Pour provoquer un changement comportemental c.-à-d. viser le désir de l'élève plutôt que de s'y opposer, l'auteur propose trois techniques de ruses : le sens de la mise en scène, le détournement de l'attention et la technique de l'amorçage. L'auteur propose un panel de cent ruses avec, pour chacune, un témoignage d'enseignant. Je ne vais pas les exposer ici, c'est tout l'avantage de lire le livre.
On se rend compte que dans notre société actuelle, avec les modèles mimétiques de l'enfant et de l'adolescent, l'autorité et la persuasion ne permettent plus à l'enseignant de mener à bien sa mission.
Le recours à la ruse offre donc à l'enseignant une large palette de moyens non coercitifs pour contrer les résistances naturelles de l'enfant, pour attirer son attention et raviver son envie d'apprendre, pour désamorcer les conflits et donc pour assurer sa mission.
Enfin, l'auteur nous avertit, avec raison, que la ruse n'est pas à la portée de tous. Elle demande des facultés d'adaptation et d'anticipation de la part de l'enseignant et doit surtout s'utiliser de manière ponctuelle.




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Les "ruses éducatives"... tout un programme !

Malheureusement, la lecture m'a fortement déçu, en voici les raisons:
Certains passages manquent de concret parfois, certaines situations évoquées semblent même sans rapport avec l'enseignement. Lorsqu'ils sont concrets, les exemples sont pris auprès d'adultes (milieu carcéral) ou auprès d'étudiant en CFA (la presque totalité des cas), rarement auprès d'enseignants de collèges classiques. Ce qui rend les conseils totalement inapplicables pour un professeur de collège. le profil des élèves n'est pas le même, les contraintes programmatiques ne sont pas les mêmes, le temps de présence des élèves face à soi n'est pas la même (lorsqu'on a les élèves 1h ou 2 par semaine, ce n'est pas la même chose que de les avoir une journée, voire toute la semaine).
Pourtant rien n'indique sur la couverture de l'ouvrage qu'il s'adresse prioritairement aux enseignants de CFA.

Finalement, heureusement que le livre présente presqu'une centaine de "ruses" car certaines me semblent très discutables, voire de nature à mettre en danger l'enseignant et son statut, d'autres ne sont applicables que rarement (soit par ce qu'elles ne peuvent fonctionner qu'une fois, soit parce qu'elles nécessitent des conditions difficiles à réunir pour être appliquées.


Si cet ouvrage peut avoir un intérêt pour des professeurs de collège, c'est en faisant ressortir à quel point les professeurs d'aujourd'hui n'ont pas les conditions qui leur permettent d'enseigner correctement (manque de temps, effectifs surchargés, programmes inadéquats, durée des séances, connaissance des élèves, etc.)

Bon en bref:
- si vous êtes prof de CFA, de milieu carcéral ou de collège de banlieue où il n'est même plus possible de faire cours: sauter sur cet ouvrage pour le lire.
- si vous êtes un prof dans des conditions d'un collège ou d'un lycée classique (la majorité d'entre nous): sauter sur le livre, mais ce sera d'énervement après la lecture tant il vous frustrera !

Petite sélection de ruses, à mon avis représentatives de l'ouvrage:

 Ruse n°44 : Faire les anti-sèches : en apprenant aux élèves comment réaliser des antisèches, le professeur leur apprend la lecture attentive des cours, le repérage de points importants, l'esprit de synthèse…et leur fait finalement apprendre et retenir le cours ! L'expression « feuille de pompe autorisée » est plus efficace que « faire une fiche de synthèse ». Autre exemple : élève désigne (ou tire au sort) un souffleur pour une évaluation orale. (Il est important que le prof précise que ces règles ne s'appliquant pas aux autres professeurs).

 Ruse n°45 : Sujets tabous : le professeur d'histoire de CFA, non contraint par les programmes, demande aux élèves ce qu'ils souhaitent aborder : un élève répond « on pourrait parler de la merde ». le professeur le prend au mot et s'appuyant sur un livre d'histoire « histoire et bizarreries sociales des excréments », traite le sujet avec les élèves. Jamais ces élèves ne se sont autant intéressés au cours.

 Ruse n°60 : le détour par les contes : Pour faire entrer en classe des élèves difficiles qui le provoque en restant dehors à la fenêtre (situation familiale compliquée notamment), le professeur se met à lire des contes de Grimm, faisant rentrer progressivement les élèves dans la classe.

 Ruse n°62 : Pygmalion en prison : le professeur de français utilise le mythe de Pygmalion pour faire réfléchir les détenus sur leur vision « machiste » de la femme.

 Ruse n°97 : Duel d'insultes : Face à deux élèves en conflit, le professeur demande le motif du conflit, dramatise la situation et invite les deux protagonistes à un match d'insultes ou certaines règles sont à respecter (pas le droit de répéter la même insulte, pas le droit de réfléchit plus de 5 secondes avant de parler, …). La spontanéité est entravée. Les élèves finissent par en rire et la motivation à s'insulter décroit.

(si vous voulez accéder à ma fiche de lecture, vous pouvez suivre le lien)
Lien : http://jbouinot.free.fr/Ense..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les dysfonctionnements ou les conflits qui apparaissent au sein de tous les groupes risquent toujours de cristalliser les oppositions et les rancœur qui finissent par devenir ingérables quand les « meneurs » parviennent à déclencher un phénomène de résistance mimétique très difficile à contrer parce que dans ces cas-là, les personnes neutres ne s'expriment pas forcément. Pour circonscrire rationnellement les difficultés et tenter de les résoudre, il est pertinent d'accepter d'écouter les critiques avec l'objectif secret de les désamorcer (...)

Comme on (les enseignants) vivait mal c'est séquences et qu'on se sentait nous-mêmes agressés, on a changé de méthode : on a décidé d'inscrire les remarques au tableau. (...)

En fait, cette technique permet de poser les choses. Écrite, les remarques sont dites moins rapidement, davantage de personnes parlent et de vraies discussions s'engagent entre eux. Avec les questions sous les yeux, chacun prend le temps de réfléchir aux problèmes avant d'intervenir, il n'y a plus de réactions d'humeur excessives, c'est beaucoup moins électrique.

Les gens ont complété, questionner, ce qui ne se faisait pas avant. Les regards étaient accrochés par le tableau, ils se sont montrés plus impliqués. Quand à nous, nous avons eu la possibilité de répondre plus sereinement aux questions.
On a eu, pour la première fois, des retours positifs et les remarques négatives ont été formulées avec précaution, plutôt sous forme de souhaits que de critiques.
(...)
En procédant ainsi, il est possible de « vendre » (son discours) en s'appuyant sur des alliés, tout en reconnaissant aux autres le droit d'avoir un avis différent. Cette technique fait tomber les résistances parce que l'enseignant n'argumente pas contre l'avis des opposants, il laisse à chacun une liberté d'expression qui fait sauter les blocages a priori.
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