« Arf j'ai pris quelques claques, et alors je ne suis pas mort hein ».
Cette phrase on l'a tous entendu, quand les gens ont toujours une bonne combine pour éduquer leur progéniture, faut les mater les gosses pour qu'ils marchent au pas… Ces petits sauvages capricieux qui vous mettent la misère, se roulant par terre, d'une insolence provocante, ils n'auront pas le dernier mot. Alors une petite fessée ne fait jamais de mal.
Ma mère avait la claque dans la gueule fastoche, un mauvais rhume, une sale journée, une contrariété et bim bam boum t'en prenais une petit sur le coin du nez : « Range ta chambre » qu'est-ce que tu peux être empoté » « Baisse les yeux », « Je ne suis pas ta copine »
J'étais un enfant sage, pas turbulent pour une connerie, je craignais mas mère autant que je l'aimais, comment remettre en question l'éducation de nos parents quand nous sommes enfant ?
C'est plus tard que j'ai commencé à piger que ma mère n'était qu'une adulte immature, anxieuse, égoïste, incapable de prendre le recul nécessaire, reproduisant l'éducation de ses propres parents, cette fameuse éducation ou l'enfant est déjà un être mature capable de réflexion, capable de calculs vicieux pour emmerder ses parents.
Aujourd'hui les parents dépassés écoutent les conseils avisés des anciens, ils surfent sur le web à la recherche de réponses, justifiant leur violence en se donnant bonne conscience, seulement voilà un enfant est un être fragile, avec un cerveau en plein développement. Avec les progrès en Neuroscience, nous connaissons en détail comment notre cerveau évolue, quelles zones sont stimulées, quelles molécules sont sécrétées pour notre bien-être, notre épanouissement et notre apprentissage.
Je ferai l'impasse sur les détails qui régissent notre cerveau, une chose est sûre c'est qu'un enfant humilié, battu, abandonné, sera un enfant avec des troubles cognitifs plus ou moins important, plus ou moins grave, il enregistrera, interprétera, se développera en fonction du comportement des adultes à son égard.
Rien que la gestion des émotions et savoir prendre du recul c'est vers 17 ans d'où cette fameuse période compliquée de l'adolescence, source de bien des inquiétudes, des parents dépassés par la situation du mal être de leur enfant.
Pour ma part, quand ma première fille est née, je savais que je n'écouterais pas les conseils des autres, quand ma fille pleurait, nous nous précipitions pour la câliner, la bercer, nous avons pratiqué le cododo pendant un an, en grandissant, j'ai toujours veillé à me lever si elle se réveillait la nuit pour la rassurer, pas de fessé, pas de violence verbale, juste de l'amour… Tout le monde avait son mot à dire : « tu vas en faire un tyran, un enfant roi » « elle va vous bouffer la vie », « il faut la laisser pleurer, se fâcher »
???? Ah parce que vous imaginez bande de trou duc qu'à cet âge un enfant est capable de réflexion ? Sans déconner ? Vous êtes convaincus de cette connerie ? un enfant c'est compliqué car il a besoin d'attention, d'amour, d'empathie, de câlins, il a besoin qu'on le rassure, pas de ces vieilles rengaines du temps d'avant. On ne doit pas taper un adulte mais un enfant ça passe crème, on lui impose des limites par la violence, pas notre manque de patience ou avec des interprétations à deux balles faites par des gens qui ne prennent pas la peine de les comprendre… Même sans livre sur le sujet, chacun devrait être capable de piger l'évidence, on parle d'un enfant hein, inutile de se triturer la bêtise pour comprendre qu'il n'a pas encore acquis les notions de la vie, qu'il a besoin de jouer, de crier, de s'exprimer, de râler, il a besoin de comprendre ce qui l'entoure, moi je me souviens que petit je ne comprenais pourquoi je devais ranger ma chambre, seulement si je ne le faisais pas, j'en prenais une…
Quand je regardais mes parents se taper sur la gueule, avec des souvenirs aussi précis qu'inoubliables, persuadés que ce n'était que des problèmes de grands, quand votre père vous insultait d'enculé pour des raisons obscures d'un bon coup dans le nez affalé sur le parquet incapable de marcher droit…
C'est marquant, aujourd'hui j'arrive à me souvenir ce que je ressentais, paumé, triste, je ne comprenais pas, pas les moyens cognitifs de piger, entre 0 et 7 ans le cerveau est en construction.
Pas d'inquiétude j'ai soigné tout ça il y a bien longtemps, mes lectures m'ont aidé à comprendre l'être humain, à comprendre bien des choses, aujourd'hui j'explique à ma fille que quand je gueule pour qu'elle range sa putain de chambre, c'est juste parce que je suis un peu fatigué, que ce n'est pas de sa faute, qu'elle ne peut pas comprendre pourquoi j'insiste lourdement, quand le matin j'aimerai qu'elle active sont petit popotin parce que je vais être en retard , pareil je dédramatise en lui expliquant que la notion du temps pour un enfant est abstraite, que c'est nous les adultes qui sommes un peu con.
Bref ma fille n'a absolument pas peur de nous, elle est parfois insolente, alors je prends le temps pour lui expliquer les choses, parfois le ton monte mais toujours avec bienveillance, elle a le temps d'apprendre, de comprendre, elle est épanouie, heureuse, me prépare des cessions câlins tous les soirs, me posent des questions pertinentes sur mes lectures, elle s'intéressent à tout, elle est choyée, gâtée et nous sommes heureux ainsi , je me fou du regard des autres et de leur avis…
Et quand votre fille vous pose une question sur la gravitation et la rotation des planètes, que vous lui apportez les réponses, et qu'elle vous répond : Tu sais plein de trucs papa, comment tu sais tout ça ?
Je lui réponds que je suis curieux de tout, et que je lui apprendrais tout ce qu'elle veut savoir ou comprendre. Je lui parle de tout sans tabou, avec des mots pour elle.
Du coup elle veut devenir astronaute… 😊
Avec la deuxième, nous sommes encore pires, elle cherche notre doigt pour le serrer et s'endormir, elle pleure peu, on la porte tout le temps, du coup elle est calme, souriante et heureuse… bref on avait tout compris, la violence est une connerie, l'humiliation une abomination qui tôt ou tard auront des répercussions sur le développement de leur cerveau et c'est tout le sujet de ce bouquin, une petite pépite qui au vu des dernières découvertes en neuroscience ne nous dédouane plus de notre incompréhension, de notre manque de discernement, c'est nous les adultes et c'est eux nos enfants.
A lire de toute urgence
A plus les copains
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