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Critique de nadejda


Un roman plein de vitalité à l'image de Petka qui en occupe le centre. Ce gamin vif et futé, petit polisson qui observe, cherche, questionne, nous entraîne à sa suite dans ses rêves et ses cabrioles pieds nus à travers le village de Razgouliaevka situé en Sibérie orientale près de la frontière chinoise ; village qui "doit indirectement son nom à la gnôle puisque sa racine est issue du verbe "gouliat" dont un des sens est "faire la bringue". La vie de ses habitants retracée à travers Petka y oscille entre bouffonnerie et tragédie.
S'il est solitaire et se sent très proche du louveteau qu'il a recueilli, sa curiosité l'entraîne vers bien des aventures où il prend des coups et en donne. Parmi les enfants, Il a un ami de son âge Valerka, un ennemi Lionka l'Atout qui mène les autres gamins du village. Quant aux adultes il adore les berner que ce soit la grand-mère Daria et ses chèvres, le grand-père Artiom qui va se fournir en alcool de contrebande en Chine avec sa carriole tirée par sa jument la "Petite Étoile" ou les gardes du camp de prisonniers japonais. Il s'y fera un autre ami en la personne d'un médecin japonais Hirotaro qu'il ira chercher pour sauver son ami Valerka.
La guerre occupe également une grande place dans l'imaginaire de l'enfant, qui voudrait devenir un héros, et dans la vie du village déserté par les hommes. Une guerre où ses oncles et son père inconnu sont partis et qui n'est pas tout à fait finie dans ces terres des confins même si l'on est en 1945....
" A Razgouliaevka, les femmes se battaient toujours avec les hommes. (...) Mais lorsque la guerre débuta et que les hommes furent envoyés au front, le silence s'instaura dans les cours. Personne ne bondissait plus hors de chez lui en sous-vêtements, ne hurlait plus comme un enragé au milieu de la nuit, ne se cachait plus dans les granges. Les haches, les fourches, les pelles et les râteaux étaient fastidieusement utilisés à bon escient. Personne ne les brandissait au-dessus de sa tête, ne les jetait chez les voisins par-dessus la palissade. La vie s'était arrêtée.
Cela, il est vrai, jusqu'à ce que les grands-pères et les grands-mères se souviennent qu'eux aussi étaient "maris et femmes" et que les lois, en amour, étaient les mêmes pour tous.
Et alors, les vieux se mirent peu à peu à se bagarrer." p 38-39

Un beau livre où se croisent le loup et l'alouette, animaux qui sont en accord avec Petka qui vit de manière instinctive en suivant ses intuitions mais sait aussi composer avec la réalité. La légèreté de l'oiseau l'habite quand il rêve de voler et de voir le monde d'en haut et pour ce faire grimpe sur le toit de la grange de ses grands-parents. Ces deux animaux totems vont faire se rejoindre intimement Hirotaro le médecin japonais et l'attachant petit va-nu-pieds russe dans une belle leçon de vie et de poésie ...
"Hirotaro s'assit à la table et, à la lumière de la lampe que grand-père Artiom tenait au-dessus de sa tête, il écrivit directement sur un dessin un autre haïku.
Une alouette dans les hauteurs...
Et hier encore, en folâtrait
Une autre au même endroit" p 330
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