AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Raphaëlle Pache (Traducteur)
EAN : 9782940701469
384 pages
Editions des Syrtes (06/01/2023)
4.61/5   9 notes
Résumé :
Avant de devenir un célèbre rappeur, Tolian, ancien toxicomane, a fait un séjour en hôpital psychiatrique pour soigner son addiction. En tournée à Dortmund, une rencontre inattendue fait resurgir son passé ... et on le retrouve dans les années 1990 dans le chaos et les trafics de Rostov-sur-le-Don.

Purextase plonge le lecteur dans l'underground des années 1990 et 2000 en Russie.
C'est l'itinéraire émouvant et drôle, parfois brutal de Tolian. C'... >Voir plus
Que lire après PurextaseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Aïe Tolian !
Une mère, la Nikolaïevna craint comme la peste par son entourage y compris famille proche ,
Un père tchétchène qu'il aime, vite remplacé par son père biologique ,capitaine des RVSN( Les forces des fusées stratégiques de la Fédération de Russie ) que personne n'aurait voulu avoir comme père, qui refait surface pour la première fois sept ans après sa conception,
Un frère , tout son opposé mais avec lequel il est comme cul et chemise pour le meilleur et le pire,
Des potes aux surnoms irrésistibles pour lesquels il est toujours prêt à se sacrifier,
Et une vie qui ne manque pas de pep dans un contexte de violence, drogue , alcool, ….et de MUSIQUE , et c'est cette dernière qui le sauvera.
De Rostov-sur-le-Don à Dortmund, de 1990 à 2010 l'étonnant parcours d'un célèbre rappeur , dont le passé fait resurface à la suite d'une rencontre inattendue, celle d'une certaine Maïka avec qui il gazouillait dans le temps…..et au coeur duquel se niche une histoire d'amour pas comme les autres,
« Je sais, il y en a qui aiment aimer selon leurs moyens,
Mais là c'est un amour à faire exploser un putain de coeur.
Tu es à côté de moi... c'est la plus purextase !
Tu es à côté de moi… c'est la plus purextase !
La plus Purextase !

C'est le deuxième livre de Guelassimov que je lis, et à vrai dire très surprise, de par le style , le ton , et le sujet très différent du premier lu , « Les dieux de la steppe », une plongée historique dans la Sibérie de l'après-guerre, décrite avec beaucoup de poésie . Même s'il y a l'humour ravageur en commun , ici on s'approche un peu plus du style violent de Zakhar Prilepine , un autre auteur russe que j'apprécie aussi beaucoup bien que l'oeuvre de ce dernier soit plutôt asphyxiante tant elle est chargée de haine, de mépris et de dérision comme l'asséne aussi Guelassimov. Une prose énergique, faites de phrases courtes, où malgré la violence, la tendresse pour ses personnages et l'humour qu'il emploie comme une arme pour résister à l'horrreur, en font un livre jubilatoire. L'auteur alterne magnifiquement l'inhumain et l'humain ne laissant pas de place au désespoir dans un pays pourtant ravagée par la misère, la détresse , l'absence de perspectives à plus ou moins long terme.
Beaucoup aimé !

“…. je me suis dit que la vie en soi ne méritait pas qu'on se casse le cul pour elle. Elle n'acquiert une véritable valeur que lorsque tu commences à piger les choses. Quand tu piges ce qui te rend heureux, ce dont tu te moques, ce qui compte pour toi et pourquoi exactement — comme autant d'items sur une liste —, tu as parfois envie de te pendre. Seules ces choses, si tu les as pigées, font que ta vie mérite d'être vécue.”
Commenter  J’apprécie          8611
C'est l'itinéraire d'un enfant pas gâté, celui qui se sent "la lie de la lie de Rostov".
Et là, je vous parle de Rostov-sur-le-Don, et pas d'un autre, car il y en a plusieurs en Russie.
Et Rostov-sur-le-Don, dans le Caucase du Nord, au milieu des années 90, c'est un véritable paradis mafieux, bagarres, combines bizarres, meurtres en tous genres, trafics, drogue et tout ce qui s'ensuit, et les gangs de s'entre-tuer férocement !
Bref, le chaos complet dans cette Russie post-soviétique, livrée à l'anarchie, et dans une région où le conflit tchètchène, qui bat son plein, fait des ravages et laisse ses épouvantables traces.
Et l'auteur de nous en tracer un tableau sidérant de réalisme.

L'adolescent Tolian se retrouve donc pris dans cet engrenage de violence, entraîné qu'il est avec ses potes dans cette spire, sans arriver à se détacher de ce climat mortifère, d'autant plus qu'il se came jusqu'à l'os... heureusement pour lui, il a un don, Tolian ... il a la musique dans la peau, et il saura enfin remplacer la seringue par le flux salvateur de son rap.
Alors, de la perdition, il va passer à la reconstruction pour finir par la rédemption.

On sent Andréï Guelassimov dans l'urgence en nous livrant son récit, dans un style alerte et incisif, mais aussi plein d'humour, n'épargnant pas la violence au lecteur, mais sachant aussi exprimer la tendresse, et n'oubliant pas la poésie, tout cela avec une analyse sans complaisance de la nature humaine, s'attachant à chacun de ses personnages pour leur donner chair et âme, ce qu'il réussit parfaitement.

Et avec le flow final libéré par Tolian, c'est un formidable hymne à la vie que délivre l'auteur, dont l'optimisme peut paraître quelque peu excessif, mais même si c'est un peu simpliste, cela fait du bien d'y croire !
Allez frère, faut venir écouter ça, c'est la Purextase !


Je remercie Babelio pour l'attribution de cet ouvrage lors de la dernière Masse Critique, ainsi que les Editions des Syrtes qui m'ont en outre adressé une carte postale accompagnée d'un sympathique message.
Commenter  J’apprécie          151
Livre en 3 parties : Pistoletto, Tolia, Booster
Ces trois noms sont en fait une seule et même personne vue à des époques différentes de sa vie.
Dans la deuxième partie du livre, la psychologue conseille à notre personnage de remplir un tableau composé de 5 questions pour l'aider à manifester ses émotions et ainsi sortir de l'enfer de la toxicomanie... Mais on n'est jamais ex-toxicomane n'est-ce pas ?
Je vais reprendre ces questions pour rédiger ma critique.
1) Evénements (succinctement et précisément, ce qui est arrivé) : J'ai lu Purextase d' Andreï Guelassimov aux éditions Des Syrtes
2) Qu'est ce que j'ai ressenti : de la compassion pour le personnage principal, de la curiosité pour savoir comment il s'en est sorti et devenir Booster (célèbre rappeur russe) , de l'émotion avec la superbe plume de l'auteur (à la fois poétique et tellement réaliste)
3) Réactions de mon corps (expressions faciales, respiration, réactions musculaires) : Augmentation du rythme cardiaque à certains moments, respiration irrégulière, visage crispé tout au long de la 1ere et de la 2eme partie et ensuite relâchement et apaisement dans la 3eme partie
4) Comment ai-je réagi ? Qu'ai-je pensé ? Qu'ai-je fait ? : J'ai réfléchi à l'absurdité de la vie. J'ai compris que personne n'est jamais complètement heureux et ce qu'importe son statut social. J'ai refermé le livre, très satisfaite de ma lecture et soulagée. Tout le monde peut avoir la possibilité d'une renaissance, d'une rédemption... Faut accepter ses faiblesses et en faire une force !
5) Qu'aurais-je pu faire différemment : J'aurais pu ne jamais lire ce livre s'il n'y avait pas eu Babélio et la masse critique ... et passer donc à côté de ce roman percutant, brutal mais nécessaire !
Je voudrais parler aussi de cette magnifique couverture... Il s'agit d'une illustration d'Ivan Sollogoub. Si vous prenez le temps de regarder le travail fait par cet artiste, vous verrez que chacune de ses oeuvres est sublime. Noir, poétique, nostalgique, onirique, sombre ... Tout ce que j'aime !!
J'aimerais terminer en remerciant vivement babélio et les éditions Des Syrtes pour l'envoi de ce roman et la confiance qu'ils m'ont accordée.
Commenter  J’apprécie          110
Le lecteur qui aura, comme moi, entamé la lecture de Purextase après s'être enthousiasmé par La rose des vents, ne peut être que curieusement bousculé par le grand écart opéré par Andreï Guelassimov. En refermant le livre, il aura peut être le sentiment que ces projets littéraires très différents suivent pourtant un même fil: celui de reconstituer, autour d'un personnage principal comme ballotté par le destin, mais accroché à sa bonne étoile, une portion de l'histoire russe.

Ce personnage, Booster, est inspiré du destin d'une star du rap russe, Basta de son nom de scène, assez fidèlement si j'en crois l'obscure page Web en .ru que j'ai pu consulter sur sa biographie (et qui a au passage infecté mon téléphone d'un sympathique virus... Ah les bad boys russes !!)
Ballotté par le destin car né dans les années 80, ado en pleine guerre de Tchetchenie, dans une ville contrôlée par les mafias où drogues et armes circulent si facilement.
Accroché à sa bonne étoile, la musique, reçue en héritage de sa grand mère "bab" Nikolaievna.

Car avant de devenir Booster, ultime réinvention de lui même, nous rencontrons au fil des pages Pistoletto, jeune ado paumé de Rostov sur le don, et Tolia, troudniki qui cherche sa pénitence dans un monastère de la région de Pskov.
Alors que le héros de la rose des vents partait sur les mers pour sonder l'embouchure du fleuve Amour, Anatoli, narrateur de ce roman rédigé à la première personne comme un témoignage, embarque pour une odyssée d'une autre nature dans la Russie des années 90 2000. Odyssée sans retour au pays de la toxicomanie, mais non sans espoir et sans rédemption, où l'amour a aussi sa place.

C'est donc un style tout à fait différent qui guide la plume de l'auteur, bercée du "Flow" du rap qui marque les années 90 et rythmée par le chaos qui règne dans la vie de son personnage, et dont il va réussir à s'extraire. Purextase est un roman enthousiasmant, d'une grande qualité littéraire, férocement drôle et profondément spirituel.

J'ai été marquée par un extrait de l'article du site Russia Beyond que j'ai consulté en cherchant des informations sur le fameux Basta: "Les paroles du rap russe sont, étonnamment, presque toujours centrées sur les thèmes du sens de la vie, de la signification et de l'influence de l'amour et de la haine, des relations entre hommes et femmes et des dures réalités d'une jeunesse dans une société post-soviétique en ruine".
Cette description me semblait résumer assez fidèlement l'objet de ce roman de Guelassimov. Il me semble que par sa plume, grâce au travail des éditions des Syrtes, le lecteur français peut accéder à un peu de Russie, de la plus noble façon.
Commenter  J’apprécie          90
Rap et drogue, voilà les thèmes du dernier titre d'Andreï Guelassimov, Андрей Валерьевич Геласимов, Purextase paru aux Éditions des Syrtes. On est bien loin des problèmes de géopolitique et de l'odyssée maritime de La rose des vents, dont la publication date de la rentrée 2021. Ça peut surprendre, mais l'auteur russe emprunte là une des problématiques de cette fin de XXe siècle, qui touche sans distinction tout le monde et de partout, y compris les braves gens de Rostov-sur-le-don, la plus grande ville du sud du pays. L'auteur s'est inspiré du rappeur russe, Basta, dont j'ignorais tout, à commencer par son existence, de son nom patronymique Vassili Mikhaïlovitch Vakoulenko, Василий Михайлович Вакуленко. Je ne suis pas vraiment férue de hip-hop, je suis tout de même allée écouter la musique de Basta, mais j'avoue que c'est le style de musique qui, à mes oreilles, est interchangeable quelle que soit la nationalité du rappeur en question, qu'il soit français, italien, américain ou russe. Au-delà de mes goûts personnels et subjectifs, j'ai été très curieuse de lire l'histoire qui se cachait derrière ce titre étonnant.

Beaucoup de points communs entre Basta et Tolian notre rappeur en herbe de Purextase : Rostov-sur-le-Don, un père militaire... Mais en dehors de cela, c'est un personnage bien fictif que notre joueur accordéon, qui deviendra l'une des plus grandes stars de rap russe. Enchâssés à un récit au présent qui présente Booster aka Tolian, star de l'Olimpiiski Indoor Arena de Moscou, d'autres chapitres dévolus au passé du chanteur, aux frasques et à la personnalité du jeune homme. C'est un roman plein d'esprit, très drôle, au prime abord, qui m'a réjoui du début à la fin ; je ne compte plus les passages qui m'ont fait rire. Ce roman permet, encore une fois, à Guelassimov de pointer certaines problématiques sociales à savoir le trafic et la consommation de drogue, en premier lieu. Où Rostov-sur-le-Don devient une véritable Naples russe, gangrené par les groupes mafieux qui font du trafic de drogue, leur source de revenu principal, avec la prostitution, et ses inévitables règlements de compte et passages à tabac. La source de cette Purextase, issue de la consommation de la poudre blanche, qui donnent une quinzaine de minutes de plaisir jubilatoire, et le double de douleur physique dans l'attente de la prochaine dose. Le style parfois familier, mais toujours juste, de Guelassimov enlève toute trace de tentative d'envolée tragique ou dramatique, sa façon à lui d'enlever un peu de lourdeur à un monde déjà bien sombre et glauque, où les toxines de la drogue remettent des artifices colorés à ceux embourbés dans la sinistrose ambiante du chômage, d'une économie défaillante, de plans d'avenirs aussi embrumés que la fumée de la Marie-Jeanne qu'ils fument aussi à l'occasion. Les Kolkhozes soviétiques ont laissé la place aux champs de plantation de cannabis, on pourrait en rire, et on en rit en coin d'ailleurs, si derrière cela n'entretenait pas cette addiction mortelle aux psychotropes.

Et c'est sa musique qui va sortir Tolian, devenu Pistoletto, puis Tolia et enfin Booster, du cercle infernal qu'était devenue sa vie : à ce point, je ne sais pas quels sont les points communs avec Basta, mais peu importe. Car Tolian aime la musique, il improvise et chantonne volontiers d'autant qu'il est doué, tout le monde le reconnaît, le pousse, l'incite. C'est ce qu'il le sauvera de la drogue, cette musique aussi irrévérencieuse qu'éloquente, insolente et irritante. D'ailleurs d'un bout à l'autre du livre, cette tendance à blasphémer, m'a frappée, désacraliser les oeuvres d'art, la Création d'Adam de Michel-ange apparaît sous les traits au mieux d'un gribouillage d'enfant à travers les souvenirs du rappeur. Et on poursuit par la naïveté béate du jeune homme, qui dans sa retraite religieuse, ne comprend pas l'indignation dans les yeux du père, qui manque de s'étouffer, après qu'il a introduit un serpent dans l'église. Tout est mis à mal, religion et art, même la mort devient un fait divers comme un autre devant la désinvolture existentielle de Tolian.

Il y a des passages exceptionnels, dont l'un trace un parallèle pour le moins inattendu, et très savoureux, entre le tempo involontaire que marquent les grand-mères du marché de Rostov et le sens du rythme de la musique hip-hop, qui est à l'image de l'ensemble du roman et de Tolian : facétieux et improbable, à l'image de Tolian, un personnage qui se révèle être bien plus complexe que l'image du rappeur frondeur et démonstratif que l'on peut avoir en tête. L'une des autres scènes totalement cocasses, c'est la vue de cet ancien kolkhoze devenu champs de plants de Marie-Jeanne, Guelassimov superpose l'ancienne et la nouvelle Russie, certainement pas pour le meilleur - la drogue comme se révélant être ce nouvel opium du peuple marxiste a remplacé la propagande soviétique et la religion. Et le rap se superpose à tout cela, ayant pris la forme d'une nouvelle religion.

Le rap, ça peut être dérangeant, à travers ses paroles, son rythme, sa mélodie et c'est aussi la manifestation de'une forme de révolte, en secouant, presque brusquant - en tout, cas le rap pur et dur, c'est l'effet que cela me fait - son auditeur, s'imposer, et Tolian l'exprime parfaitement, face à un état qui " me collerait dans le hachoir à viande qui n'offre qu'un seul sort à un jeune gars, que ce soit de la main d'un officier ou d'un Tchétchène armé d'un couteau" : la Tchétchénie, sous la forme des origines du beau-père de notre rappeur, ne manque pas d'apparaître régulièrement à travers le roman. Est-ce que l'auteur considère cette forme d'expression, parfois subversive, comme une nouvelle manière d'exprimer son opposition à un état autoritaire et vorace qui exige son lot de soldats et d'hommes, notamment à travers la guerre de Tchétchénie.

Purextase, la traduction de Чистый кайф, la chanson du rappeur Basta est d'après la traduction que j'ai peu en avoir, une chanson d'amour, ou plutôt une déclaration à la femme aimée, dépourvue de toute dimension politique, mais une allusion franche à la passion amoureuse euphorisante et jubilatoire, à l'image du plaisir procuré par l'ingestion de drogue, une Purextase. Mais истый кайф n'est qu'une source d'inspiration, qui a ses limites, ce que Purextase n'a pas, car c'est une fiction, dont s'est servi Guelassimov pour faire un personnage et une diégèse ambitieuse et universelle, davantage qu'une simple montée d'adrénaline à travers musique, drogue et religion. 



Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          22

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
….il ne me resta plus grand-chose pour louer un studio*. Inutile de ramener ma fraise chez un ingénieur du son professionnel avec aussi peu de fric.
-T’aurais besoin d’un grand local ? demanda mon frère.
- Ben, non. J’ai plus assez d’argent pour du matériel, de toute façon. Du moment qu’il y a de la place pour un ordinateur. Et peut-être pour construire une cabine. On tapissera l’intérieur de mousse, et le tour sera joué.
- Parce que j’ai vu une publicité à la fac. Ils louent leurs salles de cours comme bureaux. C’est plutôt bon marché. Tu pourrais dire que tu as une agence de voyages. Il y en a déjà deux.
- À la fac ? répétai-je. Ouais, ce serait marrant. Et c’est ainsi que je fis mes premiers pas dans un établissement d’enseignement supérieur.
On ne nous demanda pas les papiers de notre société. Dans les faits, j’aurais pu raconter à mon interlocutrice, qui était une bonne femme coiffée d’une choucroute monumentale, que nous représentions une société en train de préparer une expédition sur Mars. En coopération avec le gouvernement du Honduras. Elle n’en avait strictement rien à foutre.
* le narrateur est un musicien qui promet , on lui a donné de l’argent pour qu’il loue un studio qu’il a distribué pour autres causes:-)
Commenter  J’apprécie          260
On rigolait à en pleurer, que ce soit un effet des propos qu’elle tenait ou de la came super classieuse que Vadik nous avait procurée grâce à l’oseille des pigeons. Car ceux-ci ne cessaient d’affluer, l’un après l’autre, impatients de fumer la chaux bon marché qu’on arrachait aux murs de notre cage d’escalier. Il y avait un lycée professionnel dans les parages, et ce petit malin de Jora avait fixé des prix tout ce qu’il y avait de raisonnable pour notre came. Par comparaison avec les vrais dealers, nous ne prenions presque rien. Autrement dit, le marché était aussi honnête et dénué d’entourloupe que les boniments d’un magicien.
À dire vrai, au bout d’une heure et demie, Jora totalisa ce que nous avions gagné et calcula combien de chaux nous devrions vendre pour rembourser ma dette aux truands, pour l’herbe que je leur avais incendiée. Il en ressortait que, si le commerce demeurait aussi dynamique, nous devrions faire le pied de grue dans cette cage d’escalier pendant plus de deux siècles.
Commenter  J’apprécie          323
Comment un gamin sait-il qu’il sera mieux dans les bras d’un adulte ? Pourquoi braille-t-il quand on le recouche dans son lit ? Pourquoi avons-nous envie de soirées, d’alcool et de personnes agréables à l’œil ? Pourquoi avons-nous envie d’une Cadillac Escalade ? Qui nous l’a soufflé ? Pourquoi se sent-on tout guilleret quand une beauté nous sourit ? Qu’est-ce que c’est que cette idiotie ? Comment ça fonctionne, ce truc ? Peut-être que tout réside dans le manque qui nous colle à la peau quand nous n’obtenons pas ce que nous souhaitons ? Peut-être que nous le pressentons, l’effet de cette carence ? Et que nous cherchons à tout prix à l’éviter. Avec, pour unique résultat, la poursuite sans fin de l’inaccessible.
Commenter  J’apprécie          340
C’est un drôle de truc, mais nous nous reflétons plus puissamment dans nos proches que dans un miroir. Moi, par exemple, je ne m’étais pas vu comme un toxicomane jusqu’à ce que ma mère se mette à penser que j’en étais un. Ou plutôt, jusqu’à ce qu’elle le découvre. Autrement dit, je vivais ma vie, j’écrivais des morceaux, je me shootais, et rien ne m’inquiétait vraiment. Et puis j’avais regardé ma mère et je m’étais dit : Ouh là, en fait, je suis un toxico. La réalité, c’est plus abrupt qu’un miroir.
Commenter  J’apprécie          345
- Donc vous êtes une espèce de juge : vous m'avez condamné à vie ?
Elle secoua la tête.
- Vous vous êtes condamné vous-même. Donc, le juge, c'est vous. Ainsi que le condamné. Vous êtes aussi celui qui veillera à l'éxecution de la sentence. Vous êtes donc le criminel, la victime, le juge et le bourreau. Tout en un.
Je souris.
- Comme un dieu aux milles visages.
- Non, rétorqua-t-elle sans même sourire. Comme un vulgaire toxicomane.
Commenter  J’apprécie          60

autres livres classés : Hip-hopVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (68) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..