Tout au long de ma lecture du roman
le reste est silence, l'appréciation que j'en avais changeait constamment. J'ai immédiatement aimé le jeune Tommy. Douze ans, malade, il s'amuse à enregistrer les conversations des autres. C'est ainsi qu'il découvre dans les premières pages que sa mère morte il y a plusieurs années s'est en fait suicidée. Il est un peu trouble mais c'était impossible de ne pas compatir avec lui.
Mais voilà que la narration passe de Tommy à son père Juan puis ensuite à sa belle-mère Alma. Par la suite, elle se promène entre les trois personnages, dévoilant des pans de leur passé et de leur présent.
Au début, je n'étais pas convaincu de cette narration partagée entre les trois personnages. J'admets d'emblée que j'ai dû commencer la lecture trop tard le soir, je n'y accordais pas toute l'attention qu'elle aurait mérité. Je ne comprenais pas les changements de narrateurs, les symboles à la tête des chapitres, je ne les ai saisi que trop tard et, rendu à ce point, ils ne m'aidaient pas vraiment. Je me sentais perdu.
Si une partie me revient, peut-être qu'une autre repose chez l'auteure Carla Guenfelbein? Maladresses ou choix délibérés ? Je me demandais, entre autres, pourquoi elle n'avait pas concentré la narration seulement sur Tommy. Ça aurait pu être suffisant. Les autres personnages me semblaient moins importants. Je me demandais ce que l'histoire intime de Juan et celle d'Alma apportaient à l'ensemble de l'intrigue.
Mais j'ai persisté. Tranquillement, un sens s'est construit. Au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire, cette narration partagée me semblait appropriée (elle donne différents points de vue sur des événements uniques) et, au vu de la finale, nécessaire. Chacun des personnage traine une souffrance et celle des adultes n'est pas moins importante (bien sur, il est plus facile de s'attendrir sur celle d'un enfant qui est encore innocent que sur celles des adultes qui, souvent, y ont une part de responsabilité). Cette souffrance les empêche de faire les bons choix et a des répercussions sur les autres. En ce sens, les narrations de Tommy, Juan et Alma permettent au lecteur de les découvrir une à une et de voir comment elles vont s'entrelacer pour en arriver à une finale troublante.
Je n'aime pas laisser un livre en plan, même quand l'histoire ne me plait pas autant que je l'aurais cru. Eh bien, cette fois-ci avec
le reste est silence, j'ai bien fait de persister. Au final, je garderai un bon souvenir du roman
le reste est silence. Il traite de sujets importants comme la communication, le pardon, le désir de faire du bien autour de soi mais aussi d'aimer sa vie. Il ne faut pas laisser la part d'ombre enfouie en chacun de nous l'emporter.