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EAN : 9781911417835
254 pages
Omnia Veritas Ltd (31/12/2017)
4.28/5   18 notes
Résumé :
René Guénon, dans les mois qui précédèrent immédiatement sa mort, avait donné quelques indications en vue de l'accomplissement de son oeuvre lorsqu'il aurait disparu. Dans des lettres datées du 30 août et du 24 septembre 1950, il exprimait, entre autres choses, le désir que soient réunis en volumes les articles qu'il n'avait pas encore utilisés dans ses livres déjà existants. Cet ouvrage est la première réalisation du voeu formulé par René Guénon et les articles qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A quoi bon dieu peut bien servir un livre qui parle d'initiation spirituelle alors que, selon René Guénon lui-même, nous nous trouvons au fin fond de la cuvette spirituelle, à remuer de nos deux mains les remugles d'une fin de cycle désespérante ? René Guénon a fréquenté des milieux de toutes sortes, il a beaucoup lu et beaucoup vécu. Un homme ordinaire n'y résisterait sans doute pas mieux que lui. Je ne connais pas assez René Guénon pour me permettre d'évaluer la légitimité de ses textes : il faudrait avoir au moins autant de connaissances que lui. Ce qu'il écrit, toutefois, ne semble pas complètement échevelé, il me semble même qu'on peut y trouver matière à déguster à et s'instruire sur les sujets dénigrés et oubliés de notre petit siècle. Avec ce livre, René Guénon nous propose de se mettre d'accord une bonne fois pour toutes sur la signification traditionnelle de l'ésotérisme et de l'exotérisme. Qu'on arrête de se laisser duper par les contre-sens opportunistes ou lobotomisés qui servent les intérêts temporels des figures les plus profanes de notre temps (précisons quand même que s'il le pouvait, René Guénon n'hésiterait à considérer que 95% de notre époque est constituée d'éléments profanes).


Revenons-y à ce fameux monde profane. Celui-ci cherche à asseoir sa domination en diabolisant la quête spirituelle ou en la ridiculisant. Les moyens sont faciles : c'est la dérision, c'est la corruption, c'est la déformation. On fait des reportages pas chers et grand public, on invoque des personnages d'autorité qui vont venir piétiner la fourmilière, on fait parler les grands charlots, qu'il s'agisse d'Elisabeth Teissier ou du dernier auteur de développement personnel à la mode, qui vend aussi des pilules pour voir la vie en rose, et en deux tours de chapeau magique, on assimile l'ésotérisme au viagra spirituel, et la tradition à la ringardise. le propre des bonnes choses, paraît-il, c'est d'être toujours martyrisées.


Pour résumer rapidement ce livre, s'il est possible de résumer un texte qui ne contient pas une ligne superflue, René Guénon insiste surtout sur l'importance de faire la distinction entre :
- La connaissance initiatique et la culture profane.
- La voie initiatique et la voie mystique.
- La coutume (elle descend vers l'humain) et la tradition (elle s'élève au-dessus de l'humain).
Et de comprendre les différents niveaux ou aspects d'un même processus :
- L'exotérisme et l'ésotérisme sont les deux aspects d'un même processus, l'un extériorisé, l'autre intériorisé.
- L'initiation virtuelle et l'initiation effective, la première survenant obligatoirement avant la seconde.
- le salut et la Délivrance, le premier étant de l'ordre individuel, le second de l'ordre transcendant.


René Guénon nous explique également que la réalisation spirituelle n'a rien d'exclusif et qu'elle ne peut se produire de manière complète qu'à condition de ne pas négliger les forces contenues dans notre état corporel.


Il paraît que la joie du monde profane, c'est de faire croire à ses petits sujets que la lecture d'un tel bouquin est un gâchis de temps incomparable. Ecoutez, on aurait quand même pu regarder un film à la place, ou se payer un coca à la terrasse d'un café, c'était quand même plus rentable. Alors, le bouquin de René Guénon peut sembler, au choix : arriéré /belliqueux / élitiste. Et pourtant :
- Arriéré ? Pour le croire, il faudrait croire que l'histoire avance linéairement et avec un sens orienté. le temps proche peut nous en donner l'illusion. Mais avec René Guénon, on ne se contente pas des derniers siècles, on remonte plus loin, vers des époques qui nous éclaircissent sur la nôtre, comme lorsqu'on parle à pépé et mémé pour mieux comprendre ce qui fait de notre vie ce qu'elle est devenue.
- Belliqueux ? Mais non… Selon René Guénon, l'individu ne peut rien faire pour infléchir la marche du monde. Il peut essayer, mais ça ne vaudra pas grand-chose si ses actes ne correspondent pas à ce qui doit se passer. Que ceux qui croient au libre-arbitre absolu passent leur chemin, ils finiraient rageux. René Guénon, en vertu de sa connaissance du système des castes, admet que chaque chose, même celle qui semble la plus inférieure ou néfaste, connaît sa nécessité supérieure. Ainsi en va-t-il de la marche du monde. On peut se battre pour le fun, si ça nous plaît, mais ça ne sert pas à grand-chose.
- Elitiste ? Plutôt instructif. René Guénon nous fait profiter de sa connaissance pointue de l'islam et de l'hindouisme pour nous éclairer sur de nombreuses notions. Ses réflexions sont souvent de l'ordre de la religion comparée. Sa clarté ne peut pas nous tromper, mais elle peut écoeurer celui qui n'a pas l'estomac assez large.


René Guénon a sans doute écrit ce livre parce qu'il pensait faire partie de ces hommes rares qui, en période profane et matérialiste, se raccrochent encore à la tradition ésotérique. En alimentant ce vieux brasier presque mort, quelques autres hommes suivront à sa suite et traverseront en apnée les remous d'une époque bien ancrée dans sa rationalité de pacotille, joliment enrubannée, en attendant des lendemains plus spirituels.


Si on observe la conversion de René Guénon à l'islam à l'aune de ce livre, on comprendra enfin très bien ce que signifie la réelle « fin de l'histoire » : l'être humain, dans son individualité profane, ne vaut pas grand-chose –et le degré de réalisation spirituel qu'il pourra atteindre ne dépend même pas de lui. Ni gloire, ni honte : c'est comme ça et le mieux, c'est encore de le savoir tout de suite.
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Citations et extraits (93) Voir plus Ajouter une citation
Dans le Principe, il est évident que rien ne saurait jamais être sujet au changement; ce n’est donc point le «Soi» qui doit être délivré, puisqu’il n’est jamais conditionné, ni soumis à aucune limitation, mais c’est le «moi» et celui-ci ne peut l’être qu’en dissipant l’illusion qui le fait paraître séparé du «Soi»; de même, ce n’est pas le lien avec le Principe qu’il s’agit en réalité de rétablir, puisqu’il existe toujours et ne peut pas cesser d’exister, mais c’est, pour l’être manifesté, la conscience effective de ce lien qui doit être réalisée; et, dans les conditions présentes de notre humanité, il n’y a pour cela aucun autre moyen possible que celui qui est fourni par l’initiation.
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Il est de mode, à notre époque, d’exalter le travail, quel qu’il soit et de quelque façon qu’il soit accompli, comme s’il avait une valeur éminente par lui-même et indépendamment de toute considération d’un autre ordre ; c’est là le sujet d’innombrables déclamations aussi vides que pompeuses, et cela non seulement dans le monde profane, mais même, ce qui est plus grave, dans les organisations initiatiques qui subsistent en Occident. Il est facile de comprendre que cette façon d’envisager les choses se rattache directement au besoin exagéré d’action qui est caractéristique des Occidentaux modernes ; en effet, le travail, du moins quand il est considéré ainsi, n’est évidemment pas autre chose qu’une forme de l’action, et une forme à laquelle, d’autre part, le préjugé « moraliste » engage a attribuer encore plus d’importance qu’à toute autre, parce que c’est celle qui se prête le mieux à être présentée comme constituant un « devoir » pour l’homme et comme contribuant à assurer sa « dignité ». Il s’y ajoute même le plus souvent une intention nettement antitraditionnelle, celle de déprécier la contemplation, qu’on affecte d’assimiler à l’« oisiveté », alors que, tout au contraire, elle est en réalité la plus haute activité concevable, et que d’ailleurs l’action séparée de la contemplation ne peut être qu’aveugle et désordonnée. Tout cela ne s’explique que trop facilement de la part d’hommes qui déclarent, et sans doute sincèrement, que « leur bonheur consiste dans l’action même », nous dirions volontiers dans l’agitation, car, lorsque l’action est prise ainsi pour une fin en elle-même, et quels que soient les prétextes « moralistes » qu’on invoquera pour la justifier, elle n’est véritablement rien de plus que cela.

Contrairement à ce que pensent les modernes, n’importe quel travail, accompli indistinctement par n’importe qui, et uniquement pour le plaisir d’agir ou par nécessité de « gagner sa vie », ne mérite aucunement d’être exalté, et il ne peut même être regardé que comme une chose anormale, opposée à l’ordre qui devrait régir les institutions humaines, à tel point que, dans les conditions de notre époque, il en arrive trop souvent à prendre un caractère qu’on pourrait, sans nulle exagération, qualifier d’« infra-humain ». Ce que nos contemporains paraissent ignorer complètement, c’est qu’un travail n’est réellement valable que s’il est conforme à la nature même de l’être qui l’accomplit, s’il en résulte d’une façon en quelque sorte spontanée et nécessaire, si bien qu’il n’est pour cette nature que le moyen de se réaliser aussi parfaitement qu’il est possible. C’est là, en somme, la notion même du swadharma, qui est le véritable fondement de l’institution des castes, et sur laquelle nous avons suffisamment insisté en bien d’autres occasions pour pouvoir nous contenter de la rappeler ici sans nous y étendre davantage. (pp. 90-92)
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On pourrait dire que le respect de la coutume comme telle n’est au fond rien d’autre que le respect de la sottise humaine, car c’est celle-ci qui, en pareil cas, s’exprime naturellement dans l’opinion; d’ailleurs, «faire comme tout le monde», suivant l’expression couramment employée à ce sujet, et qui pour certains semble tenir lieu de raison suffisante pour toutes leurs actions, c’est nécessairement s’assimiler au vulgaire et s’appliquer à ne s’en distinguer en aucune façon […].
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Comme nous l’avons fait remarquer en diverses occasions des phénomènes semblables peuvent procéder de causes entièrement différentes; c’est pourquoi les phénomènes en eux-mêmes, qui ne sont que de simples apparences extérieures, ne peuvent jamais être considérés comme constituant réellement la preuve de la vérité d’une doctrine ou d’une théorie quelconque, contrairement aux illusions que se fait à cet égard l’«expérimentalisme» moderne. Il en est de même en ce qui concerne les actions humaines, qui d’ailleurs sont aussi des phénomènes d’un certain genre: les mêmes actions, ou, pour parler plus exactement, des actions indiscernables extérieurement les unes des autres, peuvent répondre à des intentions très diverses chez ceux qui les accomplissent; et même, plus généralement, deux individus peuvent agir d’une façon similaire dans presque toutes les circonstances de leur vie, tout en se plaçant, pour régler leur conduite, à des points de vue qui en réalité n’ont à peu près rien de commun.
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Dans Mândûkya Upanishad sont décrites les quatre états de l’Atmâ: la veille, le rêve, le sommeil profond (les trois premiers correspondent à la manifestation corporelle, à la manifestation subtile et au non-manifesté). Le quatrième état est au-delà du non-manifesté lui-même, il n’est ni manifesté ni non-manifesté.
Le parcours envisagé comme „ascendant” et ensuite „descendant” peut être décrit comme tel du point de vue des êtres enfermés dans les conditions du monde manifesté. En fait, du point de vue du Principe, le mouvement est continuel.
La descente diffère de la régression car l’acquis est éternel.
Le côté sacrificiel de la réalisation descendante n’a rien en commun avec les platitudes philosophiques suivantes: altruisme, humanitarisme, philanthropie. La vie du missionné est son sacrifice, pas forcément une fin violente.
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Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "La Crise du Monde Moderne" de René Guénon aux Editions Héritage.
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