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EAN : 9781911417859
236 pages
Omnia Veritas Ltd (31/12/2017)
4.16/5   46 notes
Résumé :
La civilisation occidentale moderne apparaît dans l'histoire comme une véritable anomalie : parmi toutes celles qui nous sont connues plus ou moins complètement, cette civilisation est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, et ce développement monstrueux, dont le début coïncide avec ce qu'on est convenu d'appeler la Renaissance, a été accompagné, comme il devait l'être fatalement, d'une régression intellectuelle correspondante ; nous ne diso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
De belles choses sont effectivement à garder dans cette lecture. Mais certaines pensées me dérangent (confère, pour exemple, les citations publiées). Il y a en outre des interprétations avec lesquelles je suis en total désaccord sur la relation de l'extrême orient avec le colonisateur occidental. Non la Chine n'a pas accepté le colon en se disant que ce serait temporaire, il faudra commencer par se rappeler de la décadence Qing qui n'a pas permis à ce peuple d'imposer son avis sur le marché de l'opium. Non le Japon n'a pas assimilé le matérialisme occidental avec plaisir, mais rappelons nous plutôt de la menace de l'amiral Matthew Perry accompagné de ses canons et la peur des japonais de voir leur pays se faire piller comme celui des chinois, donc plutôt une occidentalisation de nécessité.
En outre ; oui, bien sûr que l'orient a connu ses peuples guerriers malgré toute leur sagesse et leurs traditions. Si, la colonisation militaire de l'orient par les arabes fut menée pour des idées plus que pour du matérialisme.
René Guenon cherche à tout prix à défendre un orient fantasmé en niant la sagesse occidentale post-renaissance. Dommage….
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
toutes les supériorités dont se targuent les Occidentaux sont purement imaginaires, à l'exception de la seule supériorité matérielle; celle-là n'est que trop réelle, personne ne la leur conteste, et, au fond, personne ne la leur envie non plus; mais le malheur est qu'ils en abusent.
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A notre époque, l’élite intellectuelle, telle que nous l’entendons, est donc véritablement inexistante en Occident ; les cas d’exception sont trop rares et trop isolés pour qu’on les regarde comme constituant quelque chose qui puisse porter ce nom, et encore sont-ils en réalité pour la plupart, tout à fait étrangers au monde occidental, car il s’agit d’individualités qui, devant tout à l’Orient sous le rapport intellectuel, se trouvent à peu près, à cet égard, dans la même situation que les Orientaux vivant en Europe, et qui ne savent que trop quel abîme les sépare mentalement des hommes qui les entourent. Dans ces conditions, on est assurément tenté de se renfermer en soi-même, plutôt que de risquer, en cherchant à exprimer certaines idées, de se heurter à l’indifférence générale ou même de provoquer des réactions hostiles ; pourtant, si l’on est persuadé de la nécessité de certains changements, il faut bien commencer à faire quelque chose en ce sens, et tout au moins donner, à ceux qui en sont capables (car il doit y en avoir malgré tout), l’occasion de développer leurs facultés latentes.
(...)
S’il y avait encore, en Occident, des individualités, même isolées, ayant conservé intact le dépôt de la tradition purement intellectuelle qui a dû exister au moyen âge, tout serait grandement simplifié ; mais c’est à ces individualités d’affirmer leur existence et de produire leurs titres, et, tant qu’elles ne l’auront pas fait, il ne nous appartient pas de résoudre la question. A défaut de cette éventualité, malheureusement assez improbable, c’est seulement ce que nous pourrions appeler une assimilation au second degré des doctrines orientales qui pourrait susciter les premiers éléments de l’élite future ; nous voulons dire que l’initiative devrait venir d’individualités qui se seraient développées par la compréhension de ces doctrines, mais sans avoir de liens trop directs avec l’Orient, et en gardant au contraire le contact avec tout ce qui peut encore subsister de valable dans la civilisation occidentale, et spécialement avec les vestiges d’esprit traditionnel qui ont pu s’y maintenir, en dépit de la mentalité moderne, principalement sous la forme religieuse. (pp. 171 & 180)
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Quoi qu’il en soit de ces prévisions peut-être lointaines, les Occidentaux d’aujourd’hui en sont encore à se persuader que le progrès, ou ce qu’ils appellent ainsi, peut et doit être continu et indéfini ; s’illusionnant plus que jamais sur leur propre compte, ils se sont donné à eux-mêmes la mission de faire pénétrer ce progrès partout, en l’imposant au besoin par la force aux peuples qui ont le tort, impardonnable à leurs yeux, de ne pas l’accepter avec empressement. Cette fureur de propagande, à laquelle nous avons déjà fait allusion, est fort dangereuse pour tout le monde, mais surtout pour les Occidentaux eux-mêmes, qu’elle fait craindre et détester ; l’esprit de conquête n’avait jamais été poussé aussi loin, et surtout il ne s’était jamais déguisé sous ces dehors hypocrites qui sont le propre du « moralisme » moderne. L’Occident oublie, d’ailleurs, qu’il n’avait aucune existence historique à une époque où les civilisations orientales avaient déjà atteint leur plein développement(1) ; avec ses prétentions, il apparaît aux Orientaux comme un enfant qui, fier d’avoir acquis rapidement quelques connaissances rudimentaires, se croirait en possession du savoir total et voudrait l’enseigner à des vieillards remplis de sagesse et d’expérience. Ce ne serait là qu’un travers assez inoffensif, et dont il n’y aurait qu’à sourire, si les Occidentaux n’avaient à leur disposition la force brutale ; mais l’emploi qu’ils font de celle-ci change entièrement la face des choses, car c’est là qu’est le véritable danger pour ceux qui, bien involontairement, entrent en contact avec eux, et non dans une « assimilation » qu’ils sont parfaitement incapables de réaliser, n’étant ni intellectuellement ni même physiquement qualifiés pour y parvenir.

En effet, les peuples européens, sans doute parce qu’ils sont formés d’éléments hétérogènes et ne constituent pas une race à proprement parler, sont ceux dont les caractères ethniques sont les moins stables et disparaissent le plus rapidement en se mêlant à d’autres races ; partout où il se produit de tels mélanges, c’est toujours l’Occidental qui est absorbé, bien loin de pouvoir absorber les autres. Quant au point de vue intellectuel, les considérations que nous avons exposées jusqu’ici nous dispensent d’y insister ; une civilisation qui est sans cesse en mouvement, qui n’a ni tradition ni principe profond, ne peut évidemment exercer une influence réelle sur celles qui possèdent précisément tout ce qui lui manque à elle-même ; et, si l’influence inverse ne s’exerce pas davantage en fait, c’est seulement parce que les Occidentaux sont incapables de comprendre ce qui leur est étranger : leur impénétrabilité, à cet égard, n’a d’autre cause qu’une infériorité mentale, tandis que celle des Orientaux est faite d’intellectualité pure.

Il est des vérités qu’il est nécessaire de dire et de redire avec insistance, si déplaisantes qu’elles soient pour beaucoup de gens : toutes les supériorités dont se targuent les Occidentaux sont purement imaginaires, à l’exception de la seule supériorité matérielle ; celle-là n’est que trop réelle, personne ne la leur conteste, et, au fond, personne ne la leur envie non plus ; mais le malheur est qu’ils en abusent.

(1) Il est possible qu’il y ait eu cependant des civilisations occidentales antérieures, mais celle d’aujourd’hui n’est point leur héritière, et leur souvenir même est perdu ; nous n’avons donc pas à nous en préoccuper ici. (pp. 98-100)
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Métaphysique et religion ne sont pas et ne seront jamais sur le même plan ; il résulte de là, d’ailleurs, qu’une doctrine purement métaphysique et une doctrine religieuse ne peuvent ni se faire concurrence ni entrer en conflit, puisque leurs domaines sont nettement différents. Mais, d’autre part, il en résulte aussi que l’existence d’une doctrine uniquement religieuse est insuffisante pour permettre d’établir une entente profonde comme celle que nous avons en vue quand nous parlons du rapprochement intellectuel de l’Orient et de l’Occident ; c’est pourquoi nous avons insisté sur la nécessité d’accomplir en premier lieu un travail d’ordre métaphysique, et ce n’est qu’ensuite que la tradition religieuse de l’Occident, revivifiée et restaurée dans sa plénitude, pourrait devenir utilisable à cette fin, grâce à l’adjonction de l’élément intérieur qui lui fait actuellement défaut, mais qui peut fort bien venir s’y superposer sans que rien soit changé extérieurement. Si une entente est possible entre les représentants des différentes traditions, et nous savons que rien ne s’y oppose en principe, cette entente ne pourra se faire que par en haut, de telle façon que chaque tradition gardera toujours son entière indépendance, avec les formes qui lui sont propres ; et la masse, tout en participant aux bénéfices de cette entente, n’en aura pas directement conscience, car c’est là une chose qui ne concerne que l’élite, et même « l’élite de l’élite », suivant l’expression qu’emploient certaines écoles islamiques.

On voit combien tout cela est éloigné de nous ne savons quels projets de « fusion » que nous regardons comme parfaitement irréalisables : une tradition n’est pas une chose qui peut s’inventer ou se créer artificiellement ; en rassemblant tant bien que mal des éléments empruntés à des doctrines diverses, on ne constituera jamais qu’une pseudo-tradition sans valeur et sans portée, et ce sont là des fantaisies qu’il convient de laisser aux occultistes et aux théosophistes ; pour agir ainsi, il faut ignorer ce qu’est vraiment une tradition, et ne pas comprendre le sens réel et profond de ces éléments que l’on s’efforce d’associer en un ensemble plus ou moins incohérent. (pp. 195-196)
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La science, telle que la conçoivent nos contemporains, est uniquement l’étude des phénomènes du monde sensible, et cette étude est entreprise et menée de telle façon qu’elle ne peut, nous y insistons, être rattachée à aucun principe d’un ordre supérieur ; ignorant résolument tout ce qui la dépasse, elle se rend ainsi pleinement indépendante dans son domaine, cela est vrai, mais cette indépendance dont elle se glorifie n’est faite que de sa limitation même. Bien mieux, elle va jusqu’à nier ce qu’elle ignore, parce que c’est là le seul moyen de ne pas avouer cette ignorance ; ou, si elle n’ose pas nier formellement qu’il puisse exister quelque chose qui ne tombe pas sous son emprise, elle nie du moins que cela puisse être connu de quelque manière que ce soit, ce qui en fait revient au même, et elle prétend englober toute connaissance possible. Par un parti pris souvent inconscient, les « scientistes » s’imaginent comme Auguste Comte, que l’homme ne s’est jamais proposé d’autre objet de connaissance qu’une explication des phénomènes naturels ; parti pris inconscient, disons-nous, car ils sont évidemment incapables de comprendre qu’on puisse aller plus loin, et ce n’est pas là ce que nous leur reprochons, mais seulement leur prétention de refuser aux autres la possession ou l’usage de facultés qui leur manquent à eux-mêmes : on dirait des aveugles qui nient, sinon l’existence de la lumière, du moins celle du sens de la vue, pour l’unique raison qu’ils en sont privés. Affirmer qu’il y a, non pas simplement de l’inconnu, mais bien de l’« inconnaissable », suivant le mot de Spencer, et faire d’une infirmité intellectuelle une borne qu’il n’est permis à personne de franchir, voilà ce qui ne s’était jamais vu nulle part ; et jamais on n’avait vu non plus des hommes faire d’une affirmation d’ignorance un programme et une profession de foi, la prendre ouvertement pour étiquette d’une prétendue doctrine, sous le nom d’« agnosticisme ». Et ceux-là, qu’on le remarque bien, ne sont pas et ne veulent pas être des sceptiques ; s’ils l’étaient, il y aurait dans leur attitude une certaine logique qui pourrait la rendre excusable ; mais ils sont, au contraire, les croyants les plus enthousiastes de la « science », les plus fervents admirateurs de la « raison ». Il est assez étrange, dira-t-on, de mettre la raison au-dessus de tout, de professer pour elle un véritable culte, et de proclamer en même temps qu’elle est essentiellement limitée ; cela est quelque peu contradictoire, en effet, et, si nous le constatons, nous ne nous chargerons pas de l’expliquer ; cette attitude dénote une mentalité qui n’est la nôtre à aucun degré, et ce n’est pas à nous de justifier les contradictions qui semblent inhérentes au « relativisme » sous toutes ses formes. Nous aussi, nous disons que la raison est bornée et relative ; mais, bien loin d’en faire le tout de l’intelligence, nous ne la regardons que comme une de ses portions inférieures, et nous voyons dans l’intelligence d’autres possibilités qui dépassent immensément celles de la raison. En somme, les modernes, ou certains d’entre eux du moins, consentent bien à reconnaître leur ignorance, et les rationalistes actuels le font peut-être plus volontiers que leurs prédécesseurs, mais ce n’est qu’à la condition que nul n’ait le droit de connaître ce qu’eux-mêmes ignorent ; qu’on prétende limiter ce qui est ou seulement limiter radicalement la connaissance, c’est toujours une manifestation de l’esprit de négation qui est si caractéristique du monde moderne. Cet esprit de négation, ce n’est pas autre chose que l’esprit systématique, car un système est essentiellement une conception fermée ; et il en est arrivé à s’identifier à l’esprit philosophique lui-même, surtout depuis Kant, qui, voulant enfermer toute connaissance dans le relatif, a osé déclarer expressément que « la philosophie est, non un instrument pour étendre la connaissance, mais une discipline pour la limiter », ce qui revient à dire que la fonction principale des philosophes consiste à imposer à tous les bornes étroites de leur propre entendement. C’est pourquoi la philosophie moderne finit par substituer presque entièrement la « critique » ou la « théorie de la connaissance ».
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