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EAN : 9782490356294
176 pages
Chemin Fer (06/11/2021)
4.16/5   31 notes
Résumé :
[résumé Les éditions du Chemin de Fer, 2021]
Catherine Guérard nous emporte dans le monologue de son héroïne, bonne à tout faire, qui décide un jour de quitter ses patrons pour devenir "une libre".
Ce sont trois jours et deux nuits d'errance, à marcher dans les rues, s'asseoir sur les bancs, regarder les passants et écouter les oiseaux. La narratrice va se confronter à un monde qu'elle semble découvrir au fur et à mesure qu'elle l'arpente, un monde qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Bon, lecteurs potentiels, je vais écrire mon avis comme Renata, comme ça, ça vous mettra dans l'ambiance du bouquin, d'abord, il faut le dire d'emblée, voici un livre totalement inclassable, qui ne ressemble à aucun autre, soyons honnête, j'ai eu du mal à le lire, au début c'est à cause de cette seule phrase qui court sur cent soixante-huit pages, il y a un seul point c'est le point final, sinon heureusement la romancière Catherine Guérard n'a pas oublié les virgules et les majuscules, ça aide, mais tout de même, un seul chapitre, un seul paragraphe, un bloc compact écrit tout serré et tout petit, en plus je ne sais pas si c'est un choix de l'éditeur ou de la romancière, mais ces mots noirs sur ce papier bleu foncé ne se détachent pas très bien, il faut de la lumière, beaucoup de lumière pour lire ça, sinon on a mal aux yeux, et moi je l'ai lu en plein hiver avec du brouillard glacial dehors, et chez moi les lampes sont un peu faiblardes alors j'ai souffert et à un moment j'ai été obligé de mettre du collyre, mais ça, c'est parce que c'est moi, les autres lecteurs, je ne sais pas si ça leur fera pareil, en tout cas, je m'en suis vu du côté des yeux, et puis quoi, si tu t'arrêtes de lire un instant pour aller manger une pomme ou faire pipi ou mettre du collyre, tu retournes le bouquin à l'envers et quand tu le reprends après avoir fait tes petites affaires et bien pour retrouver là où tu en étais bonjour ! parce qu'il n'y a aucun repère, de la page 9 à la page 168 c'est tout pareil, tout serré tout compact tout bleu, mais finalement, après un temps d'adaptation, tu t'y fais, il faut faire un effort, on n'a rien sans rien comme on dit, alors si tu te forces un peu, tu rentres dans l'histoire de cette bonne à tout faire dont on ne sait rien de la vie, on ne sait pas ce qu'elle ressemble, si c'est une vieille ou pas, qui quitte son boulot et ses patrons et qui part en quête de la Liberté absolue, et tu t'attaches à cette fille simple qui raconte son histoire avec ses mots simples, mais ses réflexions sont tellement profondes que tu te dis que tu n'as pas besoin d'avoir fait des études approfondies en truc ou en machin philosophiques pour te poser les bonnes questions et t'interroger sur le monde et sur cette Liberté qui n'existe pas, en réalité, car même quand tu as fui tous les autres, ceux qui t'empêchent de faire ce que tu veux, qui te contraignent dans tes choix, ceux qui te chassent de ton banc ou qui te cassent les oreilles à vouloir te parler ou encore ceux qui veulent absolument t'aider et te rendre service ou encore pire t'aider à retrouver du travail alors que c'est justement ce que tu fuis, tous ces autres avec leurs conversations et leur travail et la domination et les patrons et les chefs, bref, même quand il n'y a plus personne pour t'embêter, il y a encore des contraintes, voilà la pluie, voilà tes paquets tout trempés qui t'encombrent mais que tu ne veux jamais laisser ne serait-ce qu'une minute parce qui si jamais il y avait un voleur qui te vole ton carton où il y a ton écharpe et tes vieilles chaussettes, tu n'as même pas une valise avec une poignée ou un sac à dos pour te balader dans Paris, bref, tout concourt à entraver ta liberté, mais tu vas peut-être y arriver, à la fin, quand tu te seras réfugiée à la campagne où il n'y a que des vaches, des champs boueux qui encrottent tes chaussures et des poules idiotes, aussi stupides que ces pigeons parisiens, Vraiment Catherine Guérard qui a écrit ça et qui vivait il y a longtemps et qui est morte depuis longtemps sans doute et que tout le monde a oubliée, ton bouquin, il m'a bien remué la cervelle et je t'en remercie, et toi, lecteur, si tu es arrivé au bout de mon avis, eh bien tu es prêt pour lire Renata n'importe quoi.
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*** novembre 2021 : heureuse réédition d'un roman-culte, marquant et mystérieux ; merci aux éditions le Chemin de Fer ***

C'est un monologue intérieur, ininterrompu, qui dure environ quarante huit heures (et 204 pages) : celui d'une femme simple qui en a assez et qui part. On entend d'abord sa jubilation et sa fierté de planter là sa patronne, la concierge de l'immeuble, les commerçants de sa rue qui ne comprennent pas ce qui lui prend tout à coup. Puis, ses étonnements comiques (un self, le métro, un hôtel minable), ses bonheurs touchants (un banc, une rose, une pomme). Plus tard, sa rage et sa révolte, quand des personnes qu'on dit bien intentionnées tentent de mettre un terme à son envol, en la réinsérant malgré elle.

Catherine Guérard joue avec une ponctuation réduite au strict minimum (la virgule) pour rendre à l'écrit le flot des pensées de son héroïne. La virgule pour la respiration. Après tout quand on se parle à soi-même on ne met pas les points au bout des phrases, ni deux points, ni point virgule. Après une courte adaptation (relire les trois premières pages, par exemple) on pige vite le truc, le rythme.

Quel dommage que ce beau texte trop peu connu n'ait pas été adapté pour le théâtre. En le lisant, je pensais à (j'entendais) Yolande Moreau ou Corinne Masiero.

Voici ce que François Nourissier écrivait en 1967 à propos de Renata (extrait du Cycliste du lundi, page 215) :

Catherine Guérard apparut, il y a une bonne dizaine d'années, en publiant à peu d'exemplaires un court récit intitulé Ces princes. C'était l'histoire des amours d'un général et d'un polytechnicien, si ma mémoire est fidèle. le sujet, le ton, certain étonnement : on remarqua tout de suite Catherine Guérard. Après quoi les années passèrent, au long desquelles parfois, rarement, on put lire ici et là une nouvelle de cet auteur déconcertant. Puis vint l'automne 1967 et l'on découvrit un vrai roman de Catherine Guérard, composé il est vrai d'une seule phrase, mais une phrase longue de cent quatre-vingt-quinze pages. Cette phrase frôla le Goncourt, aventure qui prouve que nous pouvons tout attendre de cette romancière.
[...]

Catherine Guérard a écrit un roman qui défie l'imitation et décourage la comparaison : elle nous est réapparue comme sur un îlot, surprenante, souriante et secrète ; je ne sais pas ce qu'elle écrira ensuite, ni quand, ni même si elle n'attendra pas encore une dizaine d'années avant de se remettre au travail ; il n'en est pas moins sûr que nous avons affaire avec Catherine Guérard à un personnage exceptionnel ; Renata n'importe quoi suffirait à nous empêcher d'oublier son auteur. ”
Lien : https://tillybayardrichard.t..
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Second et dernier livre écrit par Catherine Guerard, ce livre très étonnant écrit en 1967 a eu du succès, fut sélectionné pour le Goncourt et oublié comme son autrice. Sa forme tout d'abord est une longue phrase ininterrompue, sans point mais avec quelques majuscules de 165 pages . Nous plongeons dans les pensées du personnage, employée de maison qui décide de prendre la tangente et de vivre libre. le procédé de la phrase unique parvient néanmoins à recréer des dialogues. J'ai pensé à d'autres auteurs ayant utilisé ce procédé et notamment Laurent Mauvignier dans son livre choc « ce que j'appelle l'oubli », soixante pages, une seule phrase qui vous sidère. Ici la phrase nous emporte doucement dans cette envie irrépressible de liberté qui conduit notre personnage ( nous ne connaissons pas son véritable nom et elle s'en choisira plusieurs) à quitter des employeurs bourgeois, un quartier avec ses commerçants et partir à la découverte de Paris. C'est l'étonnement « mais de quoi allez-vous vivre ? » Elle ne veut pas que l'argent commande sa vie , elle veut juste se promener, admirer les beaux arbres, les oiseaux ; elle part avec quelques paquets qui contiennent trois fois rien, l'un des paquets est plus précieux car il contient les lettres de Paul. On comprend au fil de sa déambulation que la disparition de Paul est encore sujet à déni. Au fur et à mesure de sa pérégrination dans Paris on peut s'amuser de sa découverte désappointée du self-service, de son parcours dans le métro sans tête de ligne mais avec les poinçonneurs pointilleux et les barrières automatiques qui barraient l'accès aux quais, les camelots devant les grands magasins, l'achat d'une rose baccara comme cadeau qu'elle s'offre, sa nuit dans un hôtel où elle craint de ne pas être libre de partir… Elle marche et de temps à autre se pose sur un banc. Elle se confronte à l'ubuesque : payer pour pouvoir s'assoir dans un jardin public, aux nombreuses interdictions qui fleurissaient alors dans ces espaces, à l'hostilité quand elle dort dans les couloirs des employés de maisons où visiblement on entrait sans problème (pas de digicode). Sa hantise c'est d'être abordée par quelqu'un, de devoir discuter avec les importuns, alors elle ment, s'invente y compris de multiples prénoms. Elle devient de plus en plus acerbe sur ses contemporains coincés dans des boulots qui les privent de liberté, elle ne veut pas être commandée par un quelconque besoin ou par quelqu'un, même bien intentionné qui lui propose de partir dans une structure d'accueil à la campagne. Elle fera cependant ce voyage en espérant que le potager ou la nature lui seront enfin accessible. Elle devient de plus en plus agressive et on la sent sombrer. La liberté a un prix et il est élevé pour celle qui ne peut pas transiger. Elle finit par faire peur, car sa détermination confine à la folie. La fin m'a fait penser au film de Agnes Varda « sans toit ni loi ». La déchéance arrive vite et la rumination est une bien mauvaise compagnie qui l'éloigne définitivement des êtres humains. Solitaire et volontairement marginalisée, sa disparition est le prix à payer pour en finir avec toute formes d'aliénation. Et pourtant on dira surement d'elle qu'elle était aliénée.
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Voici un livre inclassable, réédition d'un roman paru en 1927 aux très belles éditions du Chemin de Fer d'une autrice quasi inconnue : Catherine Guérard.
Ce jour-là, la bonne, éprise de liberté, quitte Monsieur et Madame, la concierge, les commerçants du quartier et marche dans les rues de Paris. On suit son odyssée et ses pensées dans une longue phrase où parfois des majuscules permettent de reprendre le souffle. Elle marche avec ses sacs savamment ficelés refusant tout entrave à sa liberté ( recherche de nourriture, d'endroit où dormir, réponse aux questions posées). Parfois elle choisit un banc où s'assoir sur une belle place ombragée avec des oiseaux. Cette "libre" comme elle s'appelle dit l'absurdité d'un monde où le travail est un esclavage qui empêche de prendre le temps de vivre.
On pense bien sûr aux bonnes de Genêt, à l'univers de Kafka et plus encore au théâtre de Beckett.
A lire à haute voix pour mieux apprécier les enjeux de ce roman.
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Bonjour à tous et à toutes,
En ce beau dimanche de juillet, un autre retour de lecture, un livre de Catherine Guérard "Renata n'importe quoi" aux Editions le chemin de fer en 2021.
On ne sait rien ou si peu de Catherine Guérard. En 1967, elle publie "Renata N'importe quoi " chez Gallimard en lice pour le Goncourt. On dit qu'elle a été journaliste, qu'elle a écrit des nouvelles, qu'elle s'intéresse à la musique...Sa trace se perd après la parution de Renata, en écho au destin de son héroïne obsédée par le quête d'une liberté absolue et impossible. A ce jour personne ne sait nous dire ce qu'elle est devenue.
Un court extrait du livre : alors leur vie ne leur appartient pas, ils obéissent au temps, et j'ai pensé Moi je suis mieux qu'eux, ma vie m'appartient, je n'ai pas un patron qui possède ma vie, c'est horrible ça, j'ai pensé, d'avoir une vie qui n'ai pas à soi, c'est des fous ces gens, j'ai pensé, pour avoir de l'argent, ils vendent leur vie à quelqu'un d'autre, comme si on vivait mille ans, comme si on vivait deux fois.
Catherine Guérard nous emporte dans le monologue de son héroïne, bonne à tout faire, qui décide un jour de quitter ses patrons pour devenir "une libre".
Ce sont trois jours et deux nuits d'errance, à marcher dans les rues, s'asseoir sur les bancs, regarder les passants et écouter les oiseaux. La narratrice va se confronter à un monde qu'elle semble découvrir au fur et à mesure qu'elle l'arpente, un monde qui la rejette systématiquement, elle dont la liberté ne peut souffrir aucune entrave.
Le plus saisissant dans ce roman est la réussite magistrale d'un parti pris formel : une seule longue phrase ponctuée de quelques virgules et majuscules judicieuses. le flot du texte emporte le lecteur dans les ressassements et les obsessions d'une pensée pleine de candeur mais toujours déterminée et dangereusement radicale.
L'auteur joue avec une ponctuation réduite au strict minimum (la virgule) pour rendre à l'écrit le flot des pensées de son héroïne. La virgule pour la respiration. Quel dommage que ce beau texte trop peu connu n'ait pas été adapté pour le théâtre.
Elle a écrit un roman qui défie l'imitation et décourage la comparaison : elle nous est réapparue comme sur un îlot, surprenante, souriante et secrète. Elle évoque aussi la dépendance (le pendant de la liberté) et la solitude. Il existe aussi une forme d'urgence et d'agitation qui est rendue possible par le style et la vie de ce personnage féminin.
Une remarquable maîtrise du rythme et de la narration.
Bravo Catherine Guérin pour ce roman qui sort des sentiers battus. Mariaclara Baucere
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critiques presse (1)
Bibliobs
23 novembre 2021
Strident comme un cri dans la nuit, poignant comme un adieu, ce monologue intérieur et itinérant, dont la révolte sociale emprunte au théâtre de Genet, semble destiné à la scène. Il est tellement prémonitoire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
, Bien, elle a dit, avez-vous une pièce d’identité ou une quittance de loyer, et moi j’ai dit Oui, et j’ai cherché mon vieux portefeuille dans mon sac et j’ai pris dedans ma carte d’identité et je l’ai donnée à la bonne femme mais je n’étais pas contente, ça ne la regardait pas mon âge et mon nom et tout ça cette bonne femme, et elle l’a regardée et tout de suite elle a dit Mais elle n’est plus valable votre carte, alors moi j’ai été en colère Pourquoi, j’ai dit, Mais parce qu’il y a vingt-cinq ans qu’elle a été faite, elle a dit, Et alors j’ai crié, moi c’est moi, il y a vingt-cinq ans c’était moi aussi, Je regrette, elle a dit en me tendant la carte, je ne peux pas vous ouvrir un compte avec ça, C’est la loi des banques, j’ai demandé, C’est le règlement elle a dit, Tous des saletés alors ces règlements, j’ai dit, et puis j’ai repris mes paquets et je suis partie vers la porte mais la bonne femme m’a rappelée Vous oubliez votre carte, elle a crié, mais ça m’était bien égal, à quoi elle me servait cette carte, une indiscrétion qui disait mon âge et tous les secrets sur moi, alors je suis sortie de la banque sans retourner la prendre, ma carte, et dans la rue j’étais bien contente que plus personne puisse savoir comment je m’appelais, si on me demandait je dirais que je m’appelais n’importe quoi, Renata Mésange, Renata Fougère, et puis voilà ils ne sauraient jamais la vérité, personne, et c’était encore plus la liberté qu’avant, ça, et j’étais toute heureuse,
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Justement comment ils s'appellent ces arbres, j'ai dit en sautant sur l'occasion, alors elle a levé la tête et moi je me disais Enfin, enfin je vais savoir, mais non je n'ai rien su du tout parce que madame ne savait pas, parce que madame a dit Tiens, je ne les avais jamais regardés ces arbres, ils sont jolis mais là pour vous dire ce que c'est, ça non, alors j'ai dit sèchement Tant pis merci, et j'ai repris mes paquets que j'avais posés quand je lui avais demandé pour les arbres et je suis partie, Alors c'est bien la peine j'ai pensé en haussant les épaules, elle est là toute la journée, elle est libre de regarder en l'air quand elle veut, et elle n'avait pas encore regardé en l'air, une libre qui ne profite pas de sa liberté, qui mériterait d'être poinçonneuse tout au fond du métro et qu'il pleuve ses jours de congé (...)

( p.43)
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, et je suis repartie, comme ça, je ne savais pas où, n’importe où, Toujours pas à l’hôtel, j’ai pensé, payer pour ne pas être libre, ah non, et le petit soir tombait et moi j’aimais quand le petit soir tombait, c’était un beau moment de la journée et j’ai pensé Personne ne connaît comme c’est beau, cette heure, ils sont toujours pressés à cette heure-là, à toutes les heures ils sont pressés, alors j’ai pensé Si les autres n’en profitent pas cette heure elle est à toi, et j’étais si contente que c’était comme si mes yeux riaient de joie, alors j’ai pris une rue plus tranquille et au bout de cette rue le ciel était rose, et il y avait des jolis cris d’oiseaux qui tournoyaient dans le ciel, et alors j’aurais bien voulu m’asseoir pour profiter bien de cette jolie vie, mais il n’y avait pas de bancs, alors j’ai continué des rues vers le ciel rose, et puis maintenant c’était une petite nuit qui tombait et tout est devenu gris et des ombres, et alors j’ai pensé Ceux du métro, et ceux qui dînent, et ceux des cinémas, ils manquent tous cette belle heure, ils manquent toute la beauté, Alors c’est moi la reine de la nuit, j’ai pensé,
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, et je voyais des fenêtres allumées dans la maison d’en face et j’ai pensé Est-ce qu’il y a des femmes heureuses qui habitent là, est-ce que ça existe d’être heureux quand on n’est pas libre, j’ai pensé, Non, j’ai pensé, on n’est pas heureux quand on rentre dans la même maison tous les jours, et longtemps j’ai regardé les fenêtres allumées, et je pensais que moi je n’avais jamais été heureuse, alors j’ai pensé à Paul, et puis j’ai encore regardé la maison aux lumières et j’ai pensé Si je mettais le feu à la maison, tout brûlerait, et comme ça les gens seraient libres puisqu’ils n’auraient plus de maison, Et avec quoi je mettrais le feu, j’ai pensé, Avec les lettres de Paul, j’ai répondu à ma pensée, alors là j’ai ri, j’étais bien gaie, Brûler les lettres de Paul, j’ai pensé en rouspétant cette bête idée, ça jamais, les lettres de Paul c’est comme mon cœur, et je riais, et j’ai pensé Ça pour une bonne soirée c’est une bonne soirée, et alors j’ai dû faire un peu de bruit à chanter des petits airs parce que tout à coup il y a eu une lumière qui s’est allumée derrière moi, et une dame est sortie de la maison où j’étais assise Et alors, elle a dit, ce n’est pas l’Opéra ici,
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Sur un banc, a dit Madame, sur un banc, c'est ce qui vous attend, On ne part pas ainsi, a dit Monsieur, là ou ailleurs mais travailler, alors j'ai dit Travailler pour quoi, avec mon argent qui dort dans une boîte et moi toujours dans quatre murs que je n'aime jamais, il y a des portes, c'est fait pour partir, les portes, j'ai dit (...)
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