La Brigade de l'Oeil

Je suis allé les yeux fermés vers cette dystopie dont la couverture, le sujet et les références évidentes me faisaient de l'oeil depuis un moment. le rythme syncopé de la scène d'ouverture ainsi que ses promesses d'une narration imagée m'ont d'abord donné l'impression que je n'allais pas en croire mes yeux mais j'ai fini par détourner mon regard de ce roman moyennement convaincant qui perd rapidement de vue son objectif et qui jette plus de poudre aux yeux qu'il ne tient ses engagements. L'auteur, certainement myope, ne voit pas plus loin que le bout de son nez, reste en surface et, les yeux sans doute plus gros que le ventre, ne creuse pas très loin ce bon filon.

Mais j'ai pris mon parti de fermer les yeux sur les nombreux défauts de ce livre et de ne plus avoir d'yeux que pour l'intention louable de son discours. Toi qui n'as pas les yeux dans la poche, garde à l'oeil qu'une piste de réflexion sur la culture et la liberté est toujours bonne à emprunter, surtout quand elle multiplie les clins d'oeil au cinéma classique.

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Résumé : Depuis la proclamation de la loi Bradbury, toutes les images sont interdites dans tout le pays depuis de nombreuses années. La Brigade de l'oeil est chargée de faire respecter cette loi, brûlant les images découvertes et rendant aveugles leurs propriétaires. Les vies de de Falk, chef de la Brigade, et de Kao, jeune lycéen faisant de la contrebande d'images, vont se croiser, pour le pire…

Mon avis : Guillaume Guéraud est un auteur souvent au coeur de polémiques. Et cet ouvrage ne fait pas exception. L'histoire m'a dérangée et je n'ai pas du tout apprécié, manquant par moment d'arrêter ma lecture. le style est trop haché, la psychologie des personnages pas assez développée, et certaines scènes m'ont donné la nausée (ce qui est d'ailleurs sans doute le but recherché). Mais par ailleurs, ce livre permet de faire réfléchir le lecteur à la liberté d'expression, sur le rôle des images dans la société et pour la mémoire, sur ce qui peut être vu ou pas. Ici, l'image est un danger pour la société, soupçonnée d'engendrer la violence, même si par ailleurs on voit bien que cela n'a pas empêché la violence de toujours exister. En même temps, c'est un hymne et une déclaration d'amour pour le cinéma, notamment dans la scène où des centaines de bobines de films cachées sont retrouvées, et leurs titres donnés telle une litanie. A la fin, la projection des « Temps modernes » de Chaplin est tout sauf anodine, prouvant que le septième art est un immense vecteur de rêve et d'évasion. Un bel hommage, mais dommage que certaines scènes soient trop crues, aussi bien sexuelles que de violence humaine. A mettre plutôt en lycée qu'en collège.
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