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EAN : 9782845638181
269 pages
XO Editions (21/10/2015)
3.52/5   25 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : XO, Document - 10/2015)


L’histoire d’un indestructible « fil de vie » de mère en fille.

« Je suis l’enfant de multiples orages, la fille de rivières de sang. L’Arménie m’a enfantée, mais le pays de mon cœur a été détruit. Gamine, à Paris, j’ai écouté les échos lointains du peuple arménien qui a été égorgé là-bas, en 1915. Toute ma vie, j’ai entendu parler de « là-bas ». Achrène, ma gr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Trébizonde, sur les rivages de la mer Noire, était un carrefour des grands vents de l'Histoire. Elle fut aussi un lieu d'horreur, où la haine, la cruauté et la colère des hommes, ont fait couler le sang, et tout cela par convoitise et par haine de la culture et de la religion de l'autre. La main de l'homme a frappé, sans égard pour ces Arméniens, qu'ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes. La compassion et la raison humaine n'ont plus leur place dans cette logique d'extermination infernale.

Les survivants tentent de continuer à avancer ailleurs, portant sur eux le poids de leur passé, les souvenirs des disparus. Ils n'ont plus de patrie, mais ils transmettent leurs traditions, leur état d'esprit et surtout leur force, leur fierté.
La main de l'homme, aussi impitoyable et déterminée soit-elle, ne pourra pas effacer cette communauté d'hommes qui a lutté et gardé la tête haute, face à tant de perversités et d'atrocités..

Gaya Guérian raconte dans ce roman l'histoire de sa grand-mère et de sa mère, toutes deux survivantes du génocide de Trébizonde, en Arménie. Un roman qui rappelle celui d'Henri Verneuil ; Mayrig. Beaucoup d'émotions et beaucoup d'incompréhensions devant cette misère humaine.
Des enfants en quête de racines , pour ne pas oublier que leur naissance est une victoire sur les bourreaux, qu'elle est le fruit d'une lutte acharnée pour la vie. Des enfants qui démontrent que le fil de la vie, aussi fragile qu'il soit,tendu d'une génération à l'autre, n'est pas aussi facile à rompre qu'on pourrait le croire.
Des enfants qui racontent, pour qu'on n'oublie pas que l'on peut mourir parce qu'on est différent de l'autre.

Les bourreaux ont bien peu de valeur face à ceux qu'ils persécutent et qu'ils prennent pour des sous-hommes. Et l'histoire se répète hélas, comme si aucune leçon n'avait été retenue. Beaucoup d'hommes fuient encore leur patrie en quête de paix et de dignité, victimes de la capacité de destruction de l'homme.

Je remercie les Editions XO ainsi que la masse critique de Babelio pour ce roman sensible et chaleureux. L'Arménienne, L'indestructible fil de la vie, est un roman précieux qui permet de savoir et de ne pas oublier. C'est aussi une leçon de vie.



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Triste centenaire cette année, celui du génocide arménien de 1915.
À la fin du XIXe siècle, l'Arménie est partagée entre la Russie et l'Empire ottoman. De 1894 à 1896, les Turcs se livrent aux premiers massacres contre les Arméniens d’Asie Mineure orientale (80 000 à 300 000 morts).
La première guerre mondiale est l'occasion d'un nouvel assaut : les Turcs (alliés à l'Allemagne) accusent les Arméniens (soutenus par les Russes) de sympathie avec l'ennemi, des prétextes religieux sont également invoqués - islam vs christianisme - pour récupérer leur territoire et donc procéder à un "nettoyage ethnique" (sic).
Concrètement (et en résumé, car la situation est complexe) : massacre par l'armée turque de plus d'un million d'Arméniens à partir d'avril 1915, et déportation. Les survivants s'installent à Constantinople ou s'exilent vers l'URSS, la Grèce, l'Europe occidentale...

Dans ce témoignage, Gaya Guérian relate les destins de sa grand-mère et de sa mère arméniennes, qui, comme tant de leurs compatriotes, ont vu des proches se faire tuer, ont été chassées de chez elles, ont perdu tous leurs biens, ont dû fuir leur région. Ces deux femmes ont eu "la chance" de trouver refuge en France - terre d'accueil, à l'époque, car besoin de main-d'oeuvre - et ont réussi à se faire une place dans la société grâce à la solidarité entre Arméniens.

Ce récit est très intéressant, l'auteur y inscrit son histoire familiale dans la grande Histoire, celle du XXe siècle, marquée par la barbarie à grande échelle.
Quelques passages sont éprouvants, attention, mais la narration simple - parfois naïve, façon 'autobiographie de people' - rend ce texte accessible à tous.

A découvrir, pour ne pas oublier, et pour mieux comprendre ce tragique épisode de l'histoire turque...
Pour info : utiliser le terme de "génocide" arménien est encore sanctionnable pénalement en Turquie.

• Merci à Babelio et aux éditions XO.
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Que laisse-t-on ?, que prend-on ?, que léguons nous , de quoi héritons-t-nous ? D'un visage ? D'un nom ? D'une mémoire, et de quelle mémoire ? Quel morceau, quel pan emportons nous, quel chant retenons nous ? Gaya Guérian est une « enfant de multiples orage, la fille de rivières de de sang. » mais elle est Gaya fille d'Azad , fille d'Achrène,elle même arrière grand-mère d'Elsa. Elles ont en elles une mémoire, celle du peuple d'Arménie. Gaya porte la réponse d'un destin multiple, singulier, particulier. Elle file, dit, et relie les instants de vie. Chaque fil est un miracle, chaque nœud est la marque d'une victoire, une résistance, chaque fil porte l'espoir d'un nouveau chemin, l'idée de son propre dessein. Chaque mouvement de la trame donne souffle à l'ensemble. Elle est l'âme du fil, la main qui ne s'interrompt pas. Ce qui ne se rompt pas. Bien sur c'est un acte de mémoire en réponse à la terreur de l'histoire. Mais une réponse qu'elle transmet à chacun d'entre nous. Q' importe notre naissance, qu'importe ce que nous avons traversé, ce que nous traverserons demain. Peu importe les lieux qui nous accueilleront. Une mémoire prend place quand elle s'inscrit en parole d'espoir. Une mémoire est le contraire d'un deuil. Chaque mouvement, chaque parfum, chaque rue, chaque enfant, chaque rire, chaque frémissement, chaque commencement est un lieu de mémoire. C'est là que réside le nom de toute chose , le nom des lieux, c'est là que que sourit chaque visage, c'est que se prononce chaque prénom. C'est à cela que naissent les mémoires. Le rappel ne doit pas être blessure, et ne doit laisser la béance de la douleur. Ce n'est pas l' anathème du recommencement, c'est la parole donnée à l'espoir. Une mémoire qui libère et qui n'enferme pas. Comme les lettres de ce prénom inscrites sur ce mur blanc : A..Z..A..D. Azad qui en kurde, en persan , en arménien en ourdou et en hindi signifie Libre. Libre comme l'oiseau bouche qui sait nourrir de son amour la force indestructible du Vivant.

Opération Masse critique Babelio- Xo document, novembre 2015.
Astrid Shriqui Garain
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En novembre 1914, l’Empire Ottoman entre en guerre aux côtés des puissances centrales (Allemagne et Autriche-Hongrie) contre la Triple Alliance (France, Royaume-Uni et Russie). A partir d’avril 1915 et pendant plusieurs mois, les autorités turques prétextent d'une collusion entre des Arméniens et l’ennemi russe pour exterminer cette partie de la population du pays.
Le récit de Gaya Guérian débute par un massacre organisé dans ce cadre. Un Turc réquisitionné pour cette entreprise d’extermination épargne une fillette, puis un jeune soldat lui trouve un refuge. Ainsi commence la terrible histoire de celle qui deviendra la mère de la narratrice.

L’intérêt de cette histoire familiale réside surtout dans son imbrication avec l’Histoire arménienne, dans la manière dont ce contexte historique est resitué. Les massacres hamidiens des années 1894 à 1896 sont évoqués. Rétrospectivement ils apparaissent comme des préludes au génocide de 1915-1916.
Le poids de ce passé pour les survivants et leurs descendants est mis en évidence, et expliqué. Ce ne sont pas seulement des proches qu’ont perdu les survivants, mais aussi des situations sociales, ainsi que leur pays. Cette dernière perte est d’autant plus grande que la Turquie minimise le nombre de meurtres commis et nie leur caractère génocidaire (là-bas, l’emploi de ce terme est encore pénalement sanctionnable…). Pour les descendants, aux traumatismes causés par les cruautés racontées, s’ajoutent ceux générés par des non-dits (ce qui est trop difficile à raconter laisse des marques telles que les autres en ressentent des effets).
Cette histoire n’est pas seulement celle d’un génocide, elle est aussi celle d’exils et de reconstructions hors du pays d’origine. L’intégration en France des populations d’origine arménienne fut probablement plus réussie que celle de populations culturellement plus éloignées, immigrées dans un autre contexte. Ce ne fut pas pour autant une sinécure, d’autant que certains avaient tout perdu.

Un ouvrage particulièrement intéressant, qui invite à relativiser certains de nos petits malheurs.
L’auteur semble cependant avoir intégré quelques éléments dont la véracité est douteuse (pas au sujet du génocide en lui-même). Ainsi, quelques recherches sur internet montrent que la société Danone est née en Espagne, non en France chez des amis de la famille de la narratrice. Dommage que ce genre de détails vienne jeter un doute sur la véracité de ce récit biographique.

• Merci à Babelio et aux éditions XO.
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C'est en racontant l'histoire de sa famille et plus particulièrement de sa grand-mère et de sa mère, que l'auteur Gaya Guérian révèle la cruauté du génocide arménien. Nous suivons la séparation des familles, la mort pour beaucoup et certains plus chanceux se retrouvent après des années. L'auteur décrit les retrouvailles, l'intégration, les non-dits, l'héritage lourd de la communauté arménienne, mais aussi un retour à la vie et la vie pour les générations suivantes.
C'est le témoignage de cette femme, de sa famille à travers son histoire. Je n'ai pas été vraiment émue par ce récit, peut être que ce n'était pas vraiment le bon moment.
Je remercie les éditions XO document et Masse Critique.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La déportation est massive. Des colonnes d'êtres humains marchent, encadrées par des soldats, sous un soleil de plomb. Certaines colonnes sont arrêtées, à quelque distance de la ville, et fusillées. D'autres sont abandonnées, sans nourriture, sans eau. Il y a des cadavres brûlés, des corps jetés dans les fleuves. Les malades, les faibles, les vieux sont exterminés. Parfois, un coup de feu claque. D'autres fois, juste un coup de baïonnette, pour économiser une balle. Les Arméniens marchent vers la mort.
"Temporairement", a dit l'officier. Les maisons sont quittées temporairement. Les enfants sont noyés temporairement. Les morts ne sont morts que temporairement. Le grand mensonge commence.
(p. 26)
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Les Arméniens de Paris, peu à peu, constituent leur réseau. Un temps morcelés, ceux-ci se regroupent, d'autant plus que la Turquie des années 20 interdit les partis politiques, et l'URSS aussi. Donc, là-bas, les Arméniens n'ont plus d'expression politique. En France, en revanche... Entre Alfortville, Issy-les-Moulineaux, Sarcelles, Bagneux, Cachan et Chaville, les liens se tissent, le dialogue reprend : le parti social-démocrate Hintchakian renaît de ses cendres, la Fédération révolutionnaire arménienne Dachnak se fait entendre, le parti Ramgavar publie un bulletin. Un journal, le quotidien 'Haratch' fondé par Chavarche Missakian, donne des nouvelles. Une communauté, fragmentée, éclatée par les guerres et les errances à travers les continents, renaît.
(p. 119)
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C'est le moment où l'immigration arménienne, en France, est massive. Des milliers de familles, venues de Smyrne, de Trébizonde, de Cilicie, débarquent à Marseille. Elles sont réparties dans des camps de fortune : Oddo, Saint-Jérôme, Saint-Loup, Sainte-Marguerite... Des institutions, des associations, des réseaux les prennent en charge. Ils côtoient des gens venus de partout : Espagnols, Tunisiens, Algériens, Grecs, Juifs, Bulgares, Russes... Des strates se forment ainsi, année après année, dans cette ville aux destins multiples, porte d'entrée de la France depuis longtemps. Les Arméniens s'installent dans les quartiers périphériques, leur nombre augmentant d'autant plus que la déception en ce qui concerne la République socialiste d'Arménie se répand. Les rares candidats revenus de là-bas témoignent : le règne des soviets, c'est la geôle.
(p. 102)
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Après mûre réflexion, les aînés ont décidé de se lancer dans la fabrication et la commercialisation d'un produit qui n’existe pas là-bas : le yaourt. La publicité mise en place est simple : l'un des fils a découvert que le roi François Ier avait été guéri de ses ennuis digestifs grâce à un yaourt préparé par un médecin turc, envoyé par Soliman le Magnifique. Ensuite, un Arménien de Paris, Deukmejian Aram, a ouvert un restaurant, récemment, rue de la Sorbonne, et sert ses yaourts certifiés par l'Institut Pasteur. Un autre exilé turc, Isaac Carasso, fait de même, et a donné le surnom de son fils Daniel à ses produits. Le papa appelle son fils Danone. Curieusement , plus tard, Danone rachètera les yaourts des Indjeian.
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La vie, disent les Japonais, est un fil de soie tendu depuis un arc, relié à une flèche qui file vers l'infini du ciel. Ce fil ne doit jamais rompre, c'est tout l'enjeu. La tension entre le haut et le bas doit être suffisante pour garder la soie bien droite, mais assez délicate pour ne briser aucun filament.
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