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Critique de PhilippeCastellain


Oublié des oubliés parmi les oubliés, voici Raymond Guérin ! Qui a bien pu avoir l'idée de réimprimer ce journal ? Je ne sais pas, mais c'en était une bonne de me l'offrir. Il est probable que ce cahier était d'ailleurs destiné à ne jamais être publié. Qu'il constituait un simple exutoire. Car c'est un être brisé, détruit qui l'écrit.

On l'oublie assez généralement, mais près de deux million de soldats français faits prisonniers en 1940 passèrent l'intégralité de la guerre en camps de prisonniers en Allemagne – les fameux Stalags. Certains purent s'évader. D'autres moururent en captivité. Pour les autres, le retour ne fut guère joyeux. Traités avec indifférence, voir mépris, ils ne faisaient pas partie des héros du jour. Leurs cinq années derrières les barbelés n'intéressaient personne.

Raymond Guérin nous montre ce qu'ils ont pu ressentir, revenant comme des étrangers dans une patrie dont ils avaient si longtemps rêvé. Ses lignes regorgent d'une amertume que rien ne vient tempérer, et qui se mêle à tous les autres sentiments. Au début, la joie de voir les Nazis – qu'il appelle les Barbares – chassés et vaincus. Rapidement le dégoût prend le pas, quand il constate que ce sont les Résistants de la dernière heure qui font le plus de bruit.

Il n'a pas de pitié pour les femmes tondues ou les collabos exécutés. Ils ont rejoint le Barbare, ils payent. Mais il ne peut supporter l'hypocrisie, la lâcheté, les tentatives désespérées de ceux qui, après en avoir profité pendant l'occupation, sont prêt à tous pour sauver leur peau. Et il ne supporte pas plus ceux qui tentent de faire oublier leur propre tiédeur en lançant des chasses aux sorcières. Il croit voir une société irrémédiablement marquée par la barbarie, l'ayant intégrée et pour ainsi dire digérée. Et il en souffre atrocement.

Un témoignage cash et direct sur la libération, qui nous rappel que pour certains le grand jour tant attendu fut au final amère. Mais qui pourrait leur reprocher de l'avoir trop attendu ?
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