Bouddhisme de tradition tibétaine en France

UNE GROSSE ÉTUDE SCIENTIFIQUE SUR DHAGPO KAGYU LING !!! ABSOLUMENT GÉNIALE ET INÉDITE !



Attention, ceci est un ouvrage scientifique : oui, car c'est une thèse de doctorat – un ouvrage majeur et de référence – bien qu'elle soit correctement vulgarisée, sans compter que c'est un pavé. Et l'angle adopté par Sylvie Guérineau est celui qu'elle enseigne : c'est-à-dire la géographie sociale et culturelle, matinées de sociologie, d'anthropologie et de médiologie. Il faut louer de tels travaux universitaires (nous sommes tellement en retard sur les USA qui étudient à haut niveau le bouddhisme et depuis bien longtemps !), qui crédibilisent le bouddhisme sur le territoire français.
Son ouvrage n'est donc pas aisé d'accès, mais il est passionnant, et il serait souhaitable que de telles études se fassent également dans les autres traditions bouddhistes de France. Que Bouddha nous entende !

La rencontre de Sylvie Guérineau et du bouddhisme tibétain a eu lieu en 1999, soit plus de 20 ans désormais. Elle a rapidement compris les liens évidents entre les notions bouddhiques des Kagyupa, et les notions scientifiques décrivant la « réalité » (pensez à l'improbable physique quantique !). Et l'incroyable centre bouddhique Dhagpo Kagyu Ling en Dordogne était tout à fait ce qu'il lui fallait pour s'y épanouir, tant spirituellement, philosophiquement, et… scientifiquement ! Cette thèse fut soutenue et validée en 2007, mais l'auteure a attendue 12 ans avant de la publier, car elle avait encore à confirmer beaucoup d'éléments (Dhagpo Kagyu Ling ayant alors traversé des épreuves) et qu'elle l'a faite relire par tout un tas de ses pairs, scientifiques comme religieux !

Sylvie Guérineau se questionne donc quant à sa recherche : « Pourquoi dans notre discipline, en géographie, aucune recherche n'avait-elle été faite sur le bouddhisme en France ? La géographie sociale et culturelle s'ouvre sur de vastes domaines et celui-ci restait complètement ignoré ! La société française est en pleine recomposition; les notions d'éco-citoyenneté, d'éthique environnementale et de bioéthique, qui sont mises en exergue par les medias, sont complètement en adéquation avec ce que nous entendions au centre [Dhagpo Kagyu Ling], parmi les participants aux divers enseignements, mais aussi dans notre activité professionnelle. le territoire ne repose-t-il pas sur l'actualité de l'homme ? ». Elle poursuit : « Dans cette recherche en géographie sociale, nous n'avons pas la prétention d'expliquer l'ensemble des relations existant entre les espaces et l'être humain, les espaces et le bouddhisme, l'être humain et le bouddhisme. Cependant, le bouddhisme peut être considéré comme une science de l'esprit qui est allée très loin dans la compréhension du fonctionnement de l'être humain, dans ses rapports avec lui-même, ses semblables, son environnement et bien plus encore. »

Je me répète : malgré le beau bébé qu'il représente et la masse incroyable de données rassemblées et analysées, cet ouvrage demeure passionnant car il s'intéresse d'abord à la géographie sociale des lieux de pratiques, plutôt qu'aux collines et ruisseaux de cette partie de la France. le livre est par ailleurs très bien écrit, condition indispensable quand une maison d'édition aussi importante que L'Harmattan vous publie. Il vous faudra donc vous armer de patience bouddhique et avoir l'esprit suffisamment clair pour le lire. Vous serez surpris par d'innombrables détails, y compris historiques, géopolitiques, au sujet de cette branche du bouddhisme tibétain.

le résumer serait difficile. Voici toutefois ses grandes parties : Sylvie Guérineau décrit d'abord le bouddhisme et principalement le bouddhisme tibétain puis la Tradition Karma Kagyu, avant de nous exposer en 35 pages sa Méthodologie.
Dans la Première partie, elle travaille la question de l'Universalisme du Bouddhisme : les fondements de sa décision après-guerre. C'est absolument captivant. La géopolitique est même abordée. Elle nous expose l'émanation spatiale du bouddhisme tibétain jusqu'à son arrivée en France, puis elle décrit la répartition géographique des centres de pratiques tibétains en France. Et enfin, elle détaille la manière dont le message spirituel du bouddhisme tibétain s'est adapté à ce nouveau contexte socio-culturel français (une des caractéristique merveilleuse du bouddhisme est sa capacité à se fondre et adopter la culture où il s'implante).
En Seconde partie, Sylvie Guérineau aborde cette fois-ci comment la France a accueilli cette nouvelle religion, et comment le bouddhisme tibétain s'est « emparé » de diverses préoccupations des néophytes du bouddhisme tibétain (dans le contexte de la fin des années 60-début des années 70, puis les problématiques des années 90), et surtout, comment certains français, absolument passionnés, se sont mis au travail pour l'adhésion large au bouddhisme tibétains, et le diffuser le plus amplement possible.
Dans la dernière partie, c'est plus « concrètement » dirais-je, c'est-à-dire physiquement, matériellement, géographiquement, comment dans l'espace français se forment les communautés, temples et centres bouddhiques se sont implantées en France.
Après la Conclusion, de nombreuses annexes étayent le discours, et une grosse bibliographie clôt ce gros ouvrage.

Voilà je vous recommande chaudement cet épais livre sur le bouddhiste tibétain en France, et notamment si vous fréquentez le centre Dhagpo Kagyu Ling. Je n'ai jamais vu un tel ouvrage en France, qui dissèque de cette façon, avec ces questions, le bouddhisme tibétain implanté en France. C'est un ouvrage de référence, très enthousiasmant.

Je vous souhaite une excellente lecture !

ZUIHÔ
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