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EAN : 9782857921745
Fédérop (05/10/2007)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Même si la plupart de ceux qui en font ne s’en doutent guère, il en coûte beaucoup d’écrire un livre et c’est un acte grave. Une œuvre, dès qu’on ne la tient plus pour un feuillet dans l’effarante cataracte de papier imprimé qui s’abat chaque matin sur la France, on doit se demander quel est son acte sur la terre ; et non seulement de quel esprit elle procède, mais aussi et peut-être surtout, dans l’angoissante tragédie de nos jours, quels esprits et quels cœurs ell... >Voir plus
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SAINTE SOLITUDE
     
Virginal horizon tendu
À l’angle des mémoires,
Désert de pureté
Néant noir inconnu :
Je suis l’ombre dit l’ombre
Et mon ombre n’est pas.
     
Je suis l’errant qui ne sais pas
Dit le vent où il va,
Portant dans l’urne des printemps
Ou sur la croix des hivers
Un chant plus solitaire
Que le gémissement d’un mort.
     
Je suis qui parle dit la voix
Plus lourdes d’évidences, dévalant les parois
De l’invisible,
Plus lourde d’éminence que la réalité.
Océan, océan, vieux rebelle
Toi qui brasses et la rumeur
Millénaire et l’instant
Tout en précipitant les matins nus
Au labyrinthe de tes profondeurs ;
Vieil océan vengeur
Marins peuplés d’éternités
Et de folles géographies,
Toujours depuis toujours
Halant sous le soleil et dans la nuit
Ton voyage sans bords :
Je suis la mer, dis-tu ;
Et toutes choses à jamais
Sont enchantées
Dans ton silence triomphal.
     
Mais autour des sommets, la meute des abîmes…
     
Car voici que le nombre a dit le nombre
Au nombre, et le matin brutal détruit
Les châteaux de la nuit.
Je suis celui qui fut
Voyageur, voyageur
Venu sous le soleil et les mains de la pluie
Celui qui est et qui n’est plus,
Car voici que le don de vie
A passé par les fleurs ;
Je suis le coeur, je suis le nom,
Je suis l’itinérant qui longe l’horizon
Et voici que le ciel se ferme comme un poing.
     
Consolez-vous de lui, maisons abandonnées !
Ces deuils extasiés n’avaient point de racines,
Et du lent paysage ils n’avaient point l’accueil.
Consolez-vous de moi, rochers subtils
Penchés au creux torride de l’été
Sur les sources taries.
Dans l’immobile extase du silence
Une respiration – mais où ?
Bat comme un pouls.
Retentissantes sont les profondes années
Loin au-dessous.
     
Prophétique lumière ! émerveillée
des feux qui transitent l’abîme,
Est-ce toi, pâlissante éblouie
Aux jeunes franges du matin ?
Est-ce toi ?
Et ta danse vertigineuse
Est emplie d’anges et de démons
Plus transparents encore et plus légers
Que la transparence inouïe
De ta joyeuse incantation !
     
Blanches ténèbres radieuses
Épaissies de splendeur,
Blanche ténèbre enfin blessée
Sanglante de lumière et de solennité,
Vois : l’immobile orage de l’attente
N’attends plus
Maintenant sous la neige
Impatiente et furtive
De l’éternité.
Et je ferme mes yeux en toi.
     
1958
     
Le poids vivant de la parole, pp. 37-39.
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SOUDAIN

Des mots, rien que de les poser
L’un à côté de l’autre,
Qui disent plus et vont plus loin
Que nous n’allons ; des mots
Soudain qui ne sont plus les nôtres
Et qui se tiennent tellement
Près d’une vérité suprême.
Des mots qui cessent d’être dits
Pour mieux venir, soudain, redevenir
Des paroles de la parole.

(Sourde écoute) vers 1973

Le poids vivant de la parole, p. 57
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Que nous mettions en exil hors de nos mémoires
Tout ce qui peut avoir un goût pour notre vie
Une saveur, une importance d'absolu,
N'implique pas que nous soyons des exilés
Nous-mêmes, des bannis de mémoires plus grandes.
Les êtres et les choses que nous oublions
Se souviennent de nous, peut-être infiniment.
Une pierre touchée, un feuillage froissé,
Le passage imprévu d'une heure de bonheur.
L’œil qui réduit le paysage à la mesure
De la chétivité de son regard éteint
N'enlève rien au paysage et n'abolit
Nulle richesse de sa haute majesté.
Allons! fermez les yeux et laissez les saisons
Par générosité vous être saisonnières !
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Je voudrais me glisser sans un soupir
Hors de ce monde, et sans un cri,
Pouvoir sourire et transparaître enfin
De cette immense joie,
Ne laisser après moi pas un regret,
Aucun chagrin, mais un amour vraiment
Avancé dans la confidence et déjà qui
Sûrement la partage.
Je voudrais ne laisser au moment d’être
Aspiré par l’éternité
Qu’une trace de mon bonheur :
Ne pas mourir. Communier.
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VRAI


Réinséré comme on peut l'être encore
Dans le temps vrai des heures pleines
Et l'héroïsme du moment,
Votre pas dans le pas des jours entiers :
Le temps d'un orage qui monte et qui s'écrase
Et qui passe plus loin,
Le temps que pousse l'herbe,
Le temps d'un papillon versatile au soleil,
D'une mouche impatiente à l'ombre,
Ou le temps d'une fleur qui a mis dix mille ans
Pour venir et qui meurt, splendide, d'être là ;
Le temps comme un accord de la musique, ici,
Dans une autre musique, un parfum, un été,
Un toujours qui n'est pas d'hier et qui est là,
Présence devinée, absent de nulle part...
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Vidéo de Armel Guerne
Armel GUERNE – Qui est Armel Guerne ? (France Culture, 1984) L’émission « Agora », par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 10 avril 1984 sur France Culture. Invité : Dominique Gagnard.
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