"
B.I. sur les toits de Paris" n'est pas un roman comme les autres. Ce n'est ni un thriller, ni un roman noir. le polar est le genre qui s'en rapproche le plus, mais on n'y est pas tout à fait non plus. Et ce n'est pas exactement un témoignage, à la rigueur un récit-documentaire. En réalité, ce livre ne rentre dans aucune case et c'est précisément ce qui lui donne tout son intérêt.
Après un premier polar beaucoup plus en conformité avec les règles du genre,
Alexandra Guerreiro, véritable passionnée des institutions policières et proche du milieu, livre un roman court entièrement construit autour de ses personnages, et non autour d'une seule et même enquête comme on a l'habitude d'en rencontrer dans ce type de littérature. le fil conducteur, c'est le métier de flic, et pas n'importe lequel de ses aspects.
Tout au long du récit, le lecteur est invité à suivre au plus près, au jour le jour, une brigade parisienne très spécifique : la Brigade d'intervention, la "BI" pour les initiés. Prises d'otages, interpellations et arrestations délicates, sécurisation de zones de danger via positionnement de tireurs d'élite ou encore recherches de personnes dans des coins aussi obscurs que les catacombes sont autant de missions qui incombent à cette unité et à ses opérateurs au travail unique.
Parmi eux se trouve Jérémy, particulièrement doué avec une arme dans les mains. Il adore son métier et coule des jours paisibles auprès de sa compagne Chloé, avec laquelle il s'apprête à se marier (ça alors, tous les flics ne seraient pas d'éternels célibataires esseulés ayant sombré dans l'alcoolisme ?? Tiens donc, on nous aurait menti...). Une nuit, au cours d'une intervention délicate, il est contraint de tirer sur un homme pour protéger ses collègues. C'est la première fois,
tout le monde s'en sort indemne et la légitime défense s'entend tout à fait. Pourtant, le point de bascule atteint ce soir-là hante Jérémy, à tel point que son acte, sur une décision qui s'est jouée en une fraction de seconde, le suit sur chacune des interventions suivantes et menace jusqu'à son équilibre privé...
Si "
L'Effet Domino" était déjà empreint d'un vrai souci de réalisme, c'est encore plus le cas ici. Concernant l'intrigue et les procédures bien sûr, comme on pouvait s'y attendre, mais pas que. Les dialogues, les réflexions des personnages sont également d'une authenticité remarquable. On a l'impression d'y être, de toucher du doigt le quotidien de Jérémy, Maxime, Sébastien et les autres sans non plus se retrouver face à un étalage de connaissances gratuit, travers dans lequel ce roman aurait facilement pu tomber étant donné la vraisemblance recherchée avant tout par l'autrice. Mais non, c'est aussi divertissant que pédagogique. Et c'est également un bel hommage à ces hommes de l'ombre, à l'heure où certains collègues moins consciencieux n'oeuvrent pas forcément à redorer leur blason auprès d'une population de plus en plus défiante...
Il y a quelques soucis de mise en forme comme dans beaucoup de livres indépendants, mais pour une fois, je trouve que c'est largement compensé par l'audace dont ce texte, très rafraîchissant sur la planète fictions-avec-des-flics et surtout sans aucune ficelle préconçue ou aucun poncif dans l'écriture, fait preuve.
À la manière d'un
Police d'
Hugo Boris, ce roman ne ressemble à aucun autre. À l'heure de la codification en littérature, peu de textes peuvent désormais s'en prévaloir...