J’aimais transgresser les règles, braver l’interdit. C’était excitant de casser les codes et de ne plus se sentir sous l’emprise de la société. Et cet état d’esprit avait changé à jamais mon existence, m’entrainant dans une spirale sombre, incapable de discerner ce qui était juste ou non.
- Putain, Maya Johnson, tu vas mourir ! l’entendis-je crier.
Que de belles paroles douces et rassurantes… Enfin un homme qui excellait en matière de psychologie féminine, la délicatesse incarnée ! Ah c’est sûr, ça me donnait vachement envie de faire demi-tour pour me jeter dans ses bras !
Dans quoi m’embarquais-je ? Je n’en savais trop rien, à part que j’étais sur le point de me jeter dans le vide sans avoir la certitude que mon parachute allait s’ouvrir.
À mes risques et périls.
"Adopter un animal doit être un acte réfléchi et non un caprice ".
Pourquoi rôdait-il dans les parages ? Pourquoi était-il en liberté?
Trop de questions se bousculaient dans ma tête. Pour éclaircir ce mystère, il n'y avait qu'une seule solution: le retrouver.
- Quel intérêt de photographier des lieux abandonnés ?
[...]
- Les lieux que nous visitions pouvaient être des anciennes cliniques, des usines ou encore de vieilles maisons. Ces endroits méritent d’avoir un dernier hommage. Si je faisais ça avec mon frère, c’était surtout pour des raisons d’ordre émotionnel. On essayait d’exprimer à travers la photographie ce sentiment que nous ressentions à la vue d’un endroit abandonné. On était également attachés à l’histoire du lieu. Je trouve ça fascinant de retracer le passé d’un endroit et de l’imaginer lorsqu’il était en activité. Ça donne une impression que le temps… que le temps…
- … s’est arrêté, termina Evann à ma place.
Le regard vide, je coinçai une clope entre mes lèvres, puis retirai mon sweat tâché par le sang de ma victime. Cette sensation familière me reprit. Celle d'être à nouveau corrompu par la noirceur de mon âme.
Il savait exactement viser où il fallait. Je pris mon temps pour peser le pour et le contre : vivre dans une prison jusqu’à mes derniers jours était clairement une destinée plus que merdique. Ma liberté… je pouvais maintenant la récupérer, du moins en partie. Qu’est-ce que j’avais à perdre au final ? Qu’est-ce qui pourrait être pire que cet endroit ? Il s’agissait de ma seule chance pour passer entre les mailles du filet de la justice. Alors, je redressai la tête pour plonger mes yeux dans ceux de Sanders. Je n’étais pas encore convaincu par son discours, persuadé qu’il y avait autre chose derrière… mais quoi ? Autant me jeter à l’eau pour le découvrir.
Je suppose qu’on n’en ressort pas vraiment indemne quand on est face à quelqu’un qui nous veut du mal.
C’était précisément là où elle se trompait. Oui, au début le criminel me voulait du mal, je ne pouvais pas le nier. Il s’en était pris à moi physiquement et avait profité de plusieurs occasions pour m’humilier. Mais notre relation avait évolué. Notamment depuis la mission dans le désert. Un rapprochement incontrôlable et presque inévitable s’était créé entre nous. Un sacré paradoxe quand nous nous rappelions notre véritable nature : lui, un criminel, et moi, sa victime qu’il était censé éliminer. Un paradoxe qui nous avait forcés à faire semblant, à refouler cette proximité inexplicable. Rester aveugles semblait l’option la plus facile, celle qui faisait le moins mal, mais finalement nous n’avions pas pu maîtriser notre attirance. Ni lui ni moi ne nous étions attendus à ça.
Entendre son nom m’était toujours aussi douloureux. Pourquoi vouloir mettre les gens plus bas que terre ? Elle ne se rendait pas compte à quel point ses paroles étaient ignobles. Elle ignorait le calvaire que j’avais vécu et le traumatisme que cela avait engendré chez moi.