Capitaine Mulet

C'est le premier livre de Sophie Guerrive que je lis. Je l'ai choisi car l'action se passe au Moyen-âge, époque qui me plaît beaucoup et j'ai du mal à faire une critique car je suis très partagée.

Tout d'abord, c'est un très beau livre, avec une couverture soignée dans le dessin, la présentation. On a du plaisir à le tenir dans ses mains, comme un livre ancien.

Côté graphisme, les dessins sont superbes, le crayon est léger, minutieux, les personnages bien campés et certaines planches sont vraiment très belles, fourmillant de détails et font penser aux grimoires de l'époque ou à des planches anatomiques et d'herboristerie. L'auteure s'adresse à notre imaginaire, on pense au roman de Renart ou à la chanson de Roland et tant d'autres récits (aussi bien qu'aux « Visiteurs»).

du côté des personnages, on se trouve face à deux antihéros, avec notre capitaine Mulet, poète écrivant des vers à sa chère épouse ou au Roy de France (j'adore le Y et regrette son usage trop limité par rapport à l'ancien Français, et donc j'en profite) de façon tellement maladroite que cela lui vaut un exil forcé sur un bateau pour découvrir le monde.

Son fidèle adjoint est tout aussi balourd et leurs découvertes de nouveaux mondes sont très drôles, notamment le domaine de Fonculotte qu'il s'approprie et attribue des titres aux membres de son équipage. Quête de l'Atlantide ? Vision de la Terre à cette époque : si elle est ronde comment les êtres qui vivent de l'autre côté tiennent-ils debout ? Que vont-ils découvrir ?

J'ai beaucoup aimé les illustrations des fonds marins avec des poissons étranges, des monstres, et toutes les références aux légendes et aux croyances de l'époque. La carte de Fonculotte est très belle aussi, ainsi que le dessin des églises avec beaucoup de détails.

Donc, des dessins magnifiques, une langue assez recherchée, mais des personnages qui deviennent peu à peu trop caricaturaux, et les bêtises du capitaine Mulet, ses provocations continuelles envers Le Roy finissent par lasser.

Je remercie vivement Babelio et les éditions 2004 pour l'envoi de ce roman graphique qui m'ont permis de découvrir un univers particulier vers lequel je ne serais sous doute jamais allée.

Je suis donc partagée car j'ai aimé le graphisme, l'écriture, le clin d'oeil aux mythes, légendes mais l’intrigue tourne assez vite en rond.

Note : 6/10

Grâce à Masse Critique de Babelio, j'ai fait une découverte intéressante avec le "Capitaine Mulet".
L'histoire raconte l'épopée trépidante et loufoque du capitaine Célestin Mulet et de son second, Bienvenu.
Avant même de recevoir l'ouvrage, et n'ayant pas lu le résumé de l'éditeur, je m'attendais plus ou moins à une histoire se voulant réaliste, se déroulant au Moyen-âge, sur un thème que je n'avais pas bien défini (j'aime bien que ce soit la grande découverte à chaque fois).
Dès ma lecture des premières pages, j'ai su que je me trompais. Loin d'être un récit réaliste, l'histoire se base au Moyen-âge pour raconter une histoire un peu décalée.
Le dessin m'a tout de suite fait penser à la carte, de Florin, dessinée et présente dans le livre de "Princess Bride" de William Goldman. C'est à peu près le même style. Je trouve que ça laisse bien penser à l'époque médiévale, car quand nous regardons les cartes de cette période historique, tous les endroits importants sont représentés (petite église, petit château, petites maisons pour une ville...) et pas du tout à l'échelle de la carte (prenons l'exemple la carte de Peutinger). de même, c'est un graphisme qui renvoie bien à l'image médiévale avec des personnages disproportionnés par rapport à des bâtiments, navires... (comme par exemple sur la Tapisserie de Bayeux, les soldats de Guillaume le conquérant sont très grands dans leur bâteau...). A ce niveau là, j'ai bien aimé. Nous plongeons vraiment dans une ambiance moyenâgeuse.
Toujours en ce qui concerne les graphismes, je les ai trouvé aussi sympa, car au-delà de cette ressemblance avec les images médiévales, il y a également un côté mystérieux (les grands monstres marins), qui renvoie aussi au rêve et à la féerie (p. 17 et la représentation de la Terre et de ses océans qui débordent du cercle du dessin...).
Pour ajouter encore à l'ambiance médiévale, Sophie Guerrive a fait le choix d'adopter un langage médiéval et garde par exemple les termes de "Roy" et "Royne".
A côté de ça, nous suivons les aventures de deux personnages. Nous pouvons les prendre pour des héros. En effet, ils sont envoyés sur mer, dans une mission mystérieuse au tout début de l'histoire. L'auteure en profite pour faire un petit clin d'oeil sur les avancées de la marine de l'époque. Nous pouvons dès lors penser à la découverte d'une terre inexplorée. La découverte de la terre "inexplorée" est d'ailleurs assez hilarante.
Cependant, au fur et à mesure que nous avançons dans leurs péripéties, nous prenons connaissance de leur ridicule, à cause de leur naïveté, de leur bêtise et de leur obstination. Cela n'enlève rien à leur côté attachant.
Ainsi, nous voyageons dans un monde moyenâgeux, découvrant les coutumes, les modes de pensées de l'époque, les situations politiques et les relations entre les grandes civilisations, en suivant ces deux anti-héros (car c'est bien le qualificatif qui leur correspond à nos deux personnages). Ce style de récit me fait penser un peu aux histoires du fakir qui voyage dans une armoire ikéa, voire le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, sauf que cette fois c'est au Moyen-âge que cela se déroule. L'histoire est donc décalée et pas vraiment réaliste, mais dans un monde réaliste assez bien documenté et riche en précision. Or, aussi riche et documenté qu'il puisse être, les aventures de nos deux compères peut très vite nous dépasser et leur bêtise/ naïveté nous lasser. La fin rattrape très bien ces quelques longueurs.
Finalement, cette histoire est plaisante et décalée, les images sont intéressantes, le tout nous fait passé un temps agréable en la compagnie de cet ouvrage.
Donc, oui, je peux remercier Masse Critique de Babelio pour cette découverte.
PS : Je n'ai pas évoqué l'objet livre. J'ai reçu un livre très beau et relié (en dur, comme les très belles collections).

Une BD médiévale qui traite de la période des conquérants et des débuts de la découverte du nouveau continent. Ce héros est terriblement drôle par sa bêtise mais aussi sa détermination. Les dialogues sont tournés à la façon médiévale de manière humoristique tout en restant réaliste. Bref 232 pages pour vivre une joyeuse épopée !

Qu'avons-nous là ?
- Des dessins agréables avec des inspirations en provenance à la fois de l'imaginaire collectif sur le Moyen-Âge mais aussi d'oeuvres artistiques qui l'ont représenté, aussi bien au niveau du bestiaire fantastique que des cartes ou des paysages
- des situations absurdes portées par des personnages qui oscillent entre candeur, bêtise et avidité et dont une des devises est "honneur et profit !".
- une conclusion presque philosophique, à l'image de certains contes.
- et pour finir, ce qui ne gâche rien, un livre qui est un bel objet.
Malgré tous ces ingrédients, je n'ai pas réussi à être emporté par l'histoire. Il y a bien une trame générale qui sert de fil rouge, mais le découpage en chapitres donne une impression de manque de liant. J'ai suivi l'histoire comme le personnage Bienvenu suit le personnage Mulet, sans réelle conviction mais curieux de voir où cela allait me mener. le voyage ne m'a pas emballé malgré pourtant de belles idées.

"On croit connaître quelqu'un, on s'attache, et tout à coup, on apprend que c'est un âne." (87)

L'homme Mulet est un grand rêveur, enthousiaste qui plus est, et prompt à partager ses expériences avec son entourage. L'illusion le guide. Une espèce de Don Quichotte sans panache qui se démène dans un monde d'êtres frustes et limités. le résultat de ses quêtes frénétiques est assez pathétique.

La rondeur du dessin, sa grande lisibilité, les inspirations graphiques tirées du Moyen-Âge - j'adore les poissons fabuleux et autres atlantes à gros nez - apportent un charme au feuilletage. L'humour naïf m'a parfois fait sourire. Mais le plaisir de lecture n'est pas vraiment au rendez-vous. Toute cette bêtise qui se mord la queue ne fait pas pétiller mon esprit. Je me sens au contraire de plus en plus triste au fil des pages. Les personnages s'enfoncent dans le marais d'une agitation vaine et aveuglée de superstitions. le monde n'a aucun sens. Nul éclat de lumière, nulle grâce au bout du chemin. Grosse déprime.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]