Thriller, roman policier, roman d'espionnage, roman tout court, pamphlet politique…
No woman no cry (1989) croise plusieurs genres. Deux agents spéciaux, un Français et un Américain, recherchent depuis Dakar un jeune et brillant physicien sénégalais qui a refusé les ponts d'or que lui offraient les plus grands noms de l'industrie mondiale pour se lancer dans le combat contre l'exclusion et le racisme. Un combat qui n'hésite pas à emprunter les méthodes du terrorisme international de l'époque.
De Dakar à Windhoek en passant par Pretoria et Kingston (pour l'enterrement de
Bob Marley), Bassirou Bèye (Bass) construit et étend ses réseaux au sein des mouvements de lutte contre l'apartheid et de libération nationale. Nous sommes à la fin des années 80 et les événements de précipitent en Namibie, en Angola et au Mozambique, comme en Afrique du Sud. Nous voici donc plongés dans les combats des groupes et des groupuscules d'alors, les mouvements Palestiniens, les Black Panthers… et alors que Soviétiques et Cubains ne ménagent pas leurs efforts sur le continent africain.
Plus centré sur le renseignement et la traque informatique que sur l'action,
No woman no cry met en scène des personnages très stéréotypés – un vieil agent de la DGSE issu des réseaux de la résistance, son collègue de la CIA féru de gadgets et d'écoutes en tous genres, une belle danseuse jouant les Mata-Hari, un génie de la physique et ses amis, etc. Mais ce qui pourrait être d'un ridicule total et tourner au mauvais roman d'espionnage sur fond d'exotisme (du genre SAS broie du noir ou La blonde de Pretoria) prend une autre dimension. Car
Asse Gueye ne tombe jamais dans la facilité, le discours politique est précis et argumenté, les portraits des protagonistes complexes, l'action crédible. pour peu que le lecteur se remémore ou imagine un passé bien différent du monde d'aujourd'hui,
No woman no cry est une curiosité littéraire doublée d'roman très réussi. N'oublions pas que les romans policiers (ou d'espionnage) ayant pour cadre l'Afrique et écrit par des auteurs africains, de surcroît francophones, étaient très peu nombreux dans les années 80.
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