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sur 2432 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Josef Mengele est souvent considéré comme l'un des pires criminels nazis, « le symbole de la cruauté nazie », pour le président du tribunal de Yad Vashem, le procureur général du procès d'Eichmann. Un tortionnaire de la pire espèce qui, comme Klaus Barbie et beaucoup d'autres, a bénéficié d'aides et de complicités pour se cacher en Amérique latine. A commencer par celle de l'argentin Peron, favorable aux nazis, qui rêvait pour son pays d'une destinée exceptionnelle, quand les Soviétiques et les Américains se seraient anéantis à coups de bombes atomiques.

Mengele a aussi été soutenu financièrement par sa famille, des riches industriels de Günzburg en Bavière qui ne souhaitaient pas qu'il soit arrêté parce qu'ils risquaient d'être associés à lui. Mais après une période relativement sereine, Mengele a vécu constamment sur le qui vive, dans la peur d'être pris et jugé, et probablement exécuté comme Eichmann qu'il a croisé dans son exil. Car Mengele est surtout un lâche, un sociopathe narcissique et paranoïaque dont la monstruosité s'est épanouie avec la guerre.

Mais tout ça, on le sait plus ou moins, alors pourquoi écrire encore un livre, un roman de surcroît, sur un criminel nazi ? On espère pour les bonnes raisons. Pour ne pas oublier. Pour que ça ne recommence jamais. Pour rendre hommage aux victimes de Mengele et à leurs familles parce qu'il n'y a pas eu de procès pour leur donner la parole, " un procès nécessaire pour analyser L Histoire et l'assumer pour le présent " comme l'a écrit le Die Ziet après le procès Barbie.
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Josef Mengele était médecin dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Ce chercheur zélé affectionnait particulièrement les expériences sur les jumeaux et les nains. Il collectionnait les yeux bleus, qu'il épinglait tels des papillons sur les murs de son bureau.
Comme de nombreux criminels nazis, Mengele est parti se cacher en Amérique du Sud après la guerre, où il a bénéficié du soutien de pairs également en exil, et de l'aide financière de sa famille - des riches industriels - restée en Allemagne.
Comment et pourquoi, à la fin des années 40, le gouvernement argentin acceptait de recueillir ces hommes et éventuellement leurs proches, leur épargnant ainsi les procès qu'ils auraient dû affronter en Europe ?

Olivier Guez explique cela dans cette biographie romancée parfaitement documentée, en exposant le contexte politique argentin : dans sa mégalomanie, Juan Perón entendait profiter de la Guerre froide qui opposait l'est et l'ouest pour tirer son épingle du jeu et créer un IVe Reich, aidé en cela par de jeunes et fringants fascistes, brillants scientifiques, issus d'Allemagne ou d'Italie, et dont le bel avenir promis en Europe avait été fauché en plein vol...

J'ai parfois peiné dans ma lecture, le contexte géopolitique est assez complexe (Guerre froide, conflit israélo-palestinien), d'autant que les personnages sont nombreux (noms allemands, et parfois plusieurs pseudonymes pour un même individu)... Quoi qu'il en soit, le portrait de ce criminel en fuite lâche et geignard est saisissant. On espère que sa frousse et sa paranoïa croissantes l'ont autant torturé qu'un procès et quelques années de détention ? Car des remords, il ne semble pas en avoir eus...

Parfois ardu, mais passionnant.
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Olivier Guez nous propose ici de découvrir comment Mengele a disparu des écrans radars à la fin de la guerre.

Il nous parle de sa deuxième vie en exil, tout en la reliant avec le passé, la décryptant à la lumière des évènements de sa première vie dans l'Allemagne nazie, car les deux sont intriquées, imbriquées, l'une expliquant l'autre.

On approfondit le rôle joué par Perón, et d'autres dictateurs d'Amérique du Sud, tel Stroessner au Paraguay. Perón recueille tous les nazis et comparses, « veille personnellement au déroulement de la grande évasion », constituant « un Quatrième Reich fantôme » (P 39 à 41)

Il pense que la guerre froide va dégénérer et que la troisième guerre mondiale est proche, donc il a toutes les cartes en mains pour tenir le monde….

Mengele vit comme un roi à Buenos Aires alors que l'entreprise familiale, à Günzburg, prospère allègrement, réjouissant l'économie allemande, sans jamais être inquiétée, elle emploie tellement de salariés…

Mais la vie de château ne dure qu'un temps, les consciences s'éveillent et la chasse aux nazis commence, avec Eichmann notamment. Il doit fuir au Paraguay, puis au Brésil. Lui qui a terrorisé tant de déportés, tremble à l'idée d'être découvert, le moindre bruit le fait sursauter, il se cache dans des maisons de plus en plus précaires, va jusqu'à se faire construire un blockhaus, d'où il regarde au loin avec ses jumelles pendant des heures. Il est surarmé, se déplace avec une meute de chiens dressés évidemment.

Ce mec (désolée, je ne peux pas dire cet homme, tant il est abject) est vraiment un minable qui manipule tout le monde, y compris ses proches, passe son temps à se plaindre et à gémir, demande de l'argent à tout le monde : famille, autres exilés… son comportement avec son fils est révoltant…

Il est dans le déni : Auschwitz était un camp de travail et il veillait au bon fonctionnement, fier de sa mission. Il n'a rien fait de mal donc pourquoi se sentirait-il coupable ? Voici ce qu'il pense au moment de l'arrestation d'Eichmann selon Olivier Guez :

« Honte aux Allemands, ramassis de mauviettes et de lâches, nation de boutiquiers médiocres aveulis par des dirigeants de pacotille, vendus aux plus offrants, aux marchands du temple : ils ont lâché Eichmann ! ils lui ont tiré une balle dans le dos, alors qu'il n'avait fait que son devoir et que nous nous étions contentés d'obéir aux ordres, au nom de l'Allemagne, pour l'Allemagne, pour la grandeur de notre chère patrie. » P 137

Jamais, pas une seule seconde il n'éprouve le moindre regret, la moindre compassion, pour les êtres qu'il a envoyé à la mort, torturé pour ses pseudo expériences scientifiques, et il ne renoncera jamais à son rêve d'une race aryenne pure, ni à son führer bien-aimé.

Il va se comporter de façon abjecte, dans les actes comme dans la pensée, jusqu'à la fin, et pas une seconde, en lisant ce roman, je n'ai éprouvé la moindre compassion pour lui. Je me demanderai toujours comment des médecins peuvent faire des choses aussi abominables au nom de la science…

Olivier Guez cite, au passage, des extraits particulièrement émouvants du livre de Nyizli, qui fut « le scalpel de Mengele », publié sous le titre « Médecin à Auschwitz ».

Le style est percutant, le livre bien documenté, avec une bibliographie très intéressante si l'on veut en apprendre davantage. Ce roman se dévore.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Roman historique sur le célèbre médecin tortionnaire nazi du camp d'Auschwitz.

Ce roman qui a obtenu le prix Renaudot est très agréable à lire et nous offre sous le format d'un roman la fuite de cet homme traqué en Amérique du Sud après la chute du Nazisme en Europe.

On suit ici la misérable et solitaire descente aux enfers de cette ancienne gloire du Nazisme; la loi universelle qui dit que l'on finit toujours par payer ce que l'on sème se vérifie bien ici aussi.
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Ecriture remarquable, ironie et causticité.
Je ne parle pas de Josef Mengele, tout le monde l'aura compris, mais de l'auteur du « roman » sur sa vie après Auschwitz.
Oui, des gens ont eu une vie après Auschwitz, principalement les SS...


Une belle vie ?
Qui pourrait dire qu'être traqué, devoir se cacher perpétuellement, avoir peur d'être reconnu, ne pas oser être pris en photo, être séparé de sa famille, être renié par certains de ses amis, dépendre de la bonne volonté de personnes « gentilles » ou admiratrices, c'est une belle vie ?
Mais en fait, on ne le plaint pas, n'est-ce pas ? On se dit : « Bien fait pour lui ! » (Pour tout renseignement concernant les tortures sous le couvert d'expérimentations qu'il a fait subir aux prisonniers d'Auswchitz, prière de se reporter à des sites d'Histoire. Moi, je n'en dirai pas un mot, c'est impossible ; Guez ne s'est pas répandu outre mesure non plus, ce n'était pas son propos).


De l'Argentine, « l'ange de la mort » a fui au Paraguay lorsque les amitiés politiques ont changé, et puis au Brésil, où il est mort en 1979.
Et c'est cette fuite perpétuelle qui est narrée ici principalement. Cette fuite qui n'aurait pas pu s'opérer sans complicités, bien entendu.
J'ai été effarée par le nombre de SS et de sympathisants en Amérique latine ayant pignon sur rue dans les premières années après la guerre, mais au fur et à mesure du temps qui passe et de l'opinion conscientisée, grâce notamment à la traque par le Mossad, agence de renseignements israélienne, les SS se font nettement moins démonstratifs !
Et Mengele est, de toute façon, tout sauf démonstratif. Egocentrique mais timoré, cruel et vindicatif mais plaintif quand il s'agit de parler de lui, ne reniant rien mais replié sur lui-même et son abominable secret, Mengele est abject.


Je suis contente d'en avoir fini avec ce livre, car l'auteur, même s'il traite son oeuvre de « roman », a conté la vérité.
Et cette vérité, au fil des pages, je la vomis.
C'est le but de l'auteur, non ? Il a réussi tout à fait sa traque, lui, il a atteint et tué Mengele dans son intimité.
Car les autres n'ont jamais pu le dénicher vivant, même s'il est mort honni de tous, sur une plage. Ses os ont servi, des années après, à des expériences scientifiques. Farce macabre du destin ! On n'en finira jamais avec la mort quand il s'agit de Mengele...
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Que dire de plus , tout à été dit déjà !
C'est un ouvrage glaçant, parfaitement documenté, un travail d'investigation fouillé, une plongée extraordinaire , au coeur de l'horreur absolue ! Une investigation minutieuse , impressionnante, hallucinante , qui m'a fait penser aux " Bienveillantes" de Jonathan Littel, lu en 2006.Il retraçait l'histoire des plus sombres , le parcours complexe d'un officier S.S à l'intérieur d'un système,.... Sauf que le livre était pétri de références littéraires ( Sade, Gustave-Flaubert Stendhal etc.... ) , ce qui n'est pas le cas ici.
Cette grande biographie terrifiante entre documentaire et roman de "l'ange de la mort ", ce nazi sadique, froid, méprisant, ce monstre au coeur atrophié, manipulateur égocentrique inhumain, traqué, errant de planque en planque jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979 , m'a glacé le sang .
Comment passer entre les mailles du filet pendant si longtemps ??
Une bête cruelle et malfaisante dégénérée, au profil bas,déguisé sous maintes identités ," petit ", obsessionnel, adepte du chantage, cupide , ce tortionnaire déchu ,,rongé par l'angoisse mais jamais repentant , toujours dans la Haine !
Je n'ai pas aimé le roman vérité de cette cavale hors norme tout en rendant hommage à l'auteur pour son travail . Je ne le relirai pas .
J'ai juste eu de la peine et une certain écoeurement ....
Cette enquête interroge le mal absolu, le mal personnel, le mal idéologique , le Mal avec un grand M ! Une plongée dans les Ténèbres ....
Une odyssée dantesque .
Ce n'est que mon avis bien sûr, je suis toujours dans le souvenir de ma visite à Auschwitz, en 2006 , lorsque je lis un tel ouvrage!! .
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" la disparition de Josef Mengele" est une sorte de témoignage sur la cavale de ce monstre qui a sevi à Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. La lecture de ce roman est assez exigeante mais si l'on a accès à Internet c'est très instructif. J'y ai eu à plusieurs reprises recours pour obtenir des informations sur certains personnages qui m'étaient juste connus de nom.
Arrivé en Argentine en 1949, Josef Mengele s'imagine pouvoir vivre en paix, il faut dire que l'Argentine l'accueille avec bienveillance comme tant d'autres criminels de guerre. Toutefois il sera rapidement traqué et devra, jusqu'à sa mort, vivre avec la crainte d'être arrêté. C'est une bien maigre punition au regard les atrocités commises mais il n'aura tout de même pas coulé des années sereines en exil.
De Pacha, titre de la première partie à rat , titre de la deuxième, on ressent une déchéance sociale. On voit comment de la toute-puissance, lorsqu'il décidait du sort des Hommes en sifflotant des airs d'opéra, il va finir traqué, caché, seul.
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Titre : La disparition de Josef Mengele
Auteur : Olivier Guez
Année : 2017
Editeur : Grasset
Résumé : 1949, le funeste Josef Mengele quitte l'Allemagne clandestinement pour rejoindre l'Argentine. Il y rejoint une petite communauté d'anciens nazis rêvant de quatrième reich et de retour triomphant. Mengele qui fut responsable de milliers de morts à Auschwitz mais aussi de multiples et atroces expérimentations sur les déportés n'exprime aucun regret, persuadé d'avoir oeuvré pour la grande Allemagne et pour le bien de l'humanité. En Europe et en Israël la traque des anciens nazis commence, l'ange de la mort est l'une des priorités des agents du Mossad. La traque commence…
Mon humble avis : Prix Renaudot, critiques élogieuses, thème passionnant, la lecture de ce roman d'Olivier Guez s'annonçait sous les meilleurs auspices. Pourquoi sommes nous curieux de lire la vie de ce type de personnages infâmes ? Il s'agit surement de la même fascination morbide qui nous pousse à lire des romans de tueurs en série et autres acharnés de la gâchette. A cela s'ajoute le fait qu'il s'agisse d'une biographie romancée, un texte au plus près de la réalité historique, dans ce cas la curiosité s'en trouve décuplée avec cette éternelle question en filigrane : comment un homme lambda peut se transformer, selon certaines circonstances, en un monstre sans pitié ? Si le roman de Guez ne réponds pas à cette question (la narration se concentrant principalement sur sa période sud-américaine) il arrive par petites touches à nous dépeindre le destin funeste d'un homme qui jamais ne renia ses idéaux, un homme veule, lâche, méchant, cruel, jaloux, bref un petit homme. Celui que l'on surnomma l'ange de la mort ne fut en effet qu'un monstre banal, l'un des rouages d'un système infernal qui mit le monde à feu et à sang durant la seconde guerre mondiale. le roman de Guez est passionnant car il reste au plus près de Mengele. le lecteur partage les affres, la souffrance et les multiples déceptions d'un homme traqué, un homme que la presse internationale décrivait comme insaisissable, vivant dans le luxe alors qu'il errait chichement dans des fermes puis dans une cabane insalubre dans les faubourgs de Sao-Paulo. le bouquin de Guez est documenté, précis, les multiples complicité dont bénéficia Mengele font froid dans le dos : régime Péroniste, familles de riches industriels allemands, flopée de nostalgique du troisième reich. Grâce à ces nombreux facteurs mais aussi à la situation politique internationale, le médecin d'Auschwitz ne fut jamais capturé et mourut sur une plage brésilienne à l'âge de 68 ans, sans avoir eu à répondre de ses actes. Ton distancié, rythme trépidant, récit documenté, le texte de Guez est hautement addictif et ce roman est belle réussite. le destin de Mengele après son exfiltration d'Europe ne fut que frustration, maladie, souffrances et acrimonie, ce n'est bien évidemment que justice pour celui qui fut considéré comme l'un des pires meurtriers de l'histoire.
J'achète ? : Oui sans hésiter. Ce court roman est passionnant, érudit et brillant. Mengele était un psychopathe, un tueur dégénéré et sa lente agonie sud-américaine est excellemment décrite dans l'oeuvre d'Olivier Guez. Les derniers mots de ce texte sont édifiants et à méditer : Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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En Argentine post Seconde Guerre mondiale, les Péron aveuglés par leurs rêves de grandeur, accueillent les fugitifs de guerre nazis, dont le dandy cannibale le plus connu de l'Histoire : Josef Mengele. Ce dernier mènera la belle vie dans le cercle de la nazi society.
L'écriture d'Olivier Guez est âpre et sèche et La disparition de Josef Mengele est une sorte de plongée quasi documentaire dans la traque des criminels de guerre en Amérique du Sud. L'auteur choisit de reprendre ce sujet maintes fois traité, pour ne pas oublier, pour rappeler les atrocités commises contre le peuple juif, les Roms, les handicapés et les homosexuels.
Les passages qui décrivent les procédés utilisés par Mengele lors de ses expériences médicales sont à la limite du soutenable. le médecin sanguinaire a disséqué, brûlé et torturé des enfants et a fait subir des atrocités innommables à des milliers des personnes « au nom de la science et de la recherche ». Pourtant, l'ange de la mort d'Auschwitz estime qu'en exterminant des milliers de juifs dans les chambres à gaz il n'a fait que son devoir patriotique. Sa folie froide d'ingénieur de la race aryenne prend des airs de cauchemars.
La chasse aux nazis marque un tournant dans l'histoire de l'impunité. L'exécution d'Eichmann et les procès de Nuremberg ont rendu justice aux victimes et à leurs familles.
Mengele sera traqué comme une bête, aux abois, fugitif en cavale à Buenos Aires, au Paraguay et au Brésil il deviendra une légende et servira d'inspiration pour des films et livres.

Il n'aura jamais eu à affronter la justice des hommes.


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"La Disparition de Josef Mengele" , c'est le récit de la folle cavale de "L'Ange de la mort".
Josef Mengele, médecin et généticien sous le IIIe Reich, grand admirateur d'Hitler et fanatique de la pureté de la race aryenne, affecté à Auschwitz à partir de 1943, est l'un des nazis les plus tristement célèbres. Obsédé par ses recherches sur la gémellité mais aussi sur le nanisme et les personnes souffrant de déformations physiques, Auschwitz a été pour lui le plus fabuleux des laboratoires où les cobayes pullulaient. Ses expériences scientifiques toutes plus inhumaines et cruelles les unes que les autres ont fait de lui un des nazis les plus recherchés au monde. Comment cet homme a-t-il pu échapper à la justice pendant 34 ans ?

Olivier Guez a tout lu sur Mengele, a fait des recherches historiques et a enquêté pendant 3 ans, se rendant en Allemagne, en Argentine, au Paraguay et au Brésil sur les dernières traces du criminel de guerre. Ses investigations et sa plongée dans l'après-guerre, dans cette Amérique du Sud où les anciens nazis étaient accueillis à bras ouverts nous donnent ce roman -car il s'agit bien d'un roman - écrit dans un style âpre et dur. Argentine, Paraguay, Brésil... le lecteur marche dans les pas de cet homme inhumain et tout ce périple sud-américain m'a affolée.

Affolée de voir comment les nazis festoyaient dans l'immédiat après-guerre dans l'Argentine dorée de Peron qui rêvait de créer un 4e Reich sur les cendres de la guerre froide que se livraient les Etats-Unis et l'URSS. Dans les premiers temps, à Buenos Aires, capitale des rebuts de l'ordre noir déchu, Mengele est alors soigné aux petits oignons. C'est le temps du "Pacha".
Affolée de constater que le Mossad est souvent "à ça" de mettre la main sur Mengele mais que, conflit israëlo-arabe oblige, ses agents sont monopolisés sur d'autres fronts. Et donc tant pis pour Mengele.
Affolée de découvrir que les services secrets ouest-allemands infestés d'anciens nazis n'ont tout simplement rien fait avant les années 1980. Il fallait que cette génération de monstres disparaisse pour qu'un douloureux travail de mémoire officiel puisse commencer.
Affolée de voir combien Mengele a eu de soutiens : famille en premier lieu, amis, fonctionnaires... entretenu et souvent sauvé par l'argent qui coulait à flot de l'entreprise familiale bavaroise.

"La disparition de Josef Mengele" est vraiment une mine d'informations sur les dernières années du nazi. Un des premiers intérêts de ce livre, écrit sous forme de roman, est de combler les blancs qui jalonnent un documentaire, ces moments où - au-delà des faits historiques connus - l'on ne peut qu'imaginer les réactions ou sentiments d'un être ayant réellement existé. On peut ne pas être d'accord avec la part de fiction de Guez, avec les cauchemars de Mengele qu'il imagine de toutes pièces. Mais le résultat est là : le monstre est là, à portée de main. Il ne s'agit plus d'une figure historique impersonnelle mais d'un homme, dans tout ce qu'il a de plus inhumain. L'auteur s'est suffisamment documenté - il suffit de lire ses sources en fin d'ouvrage - sur le nazi pour que l'on soit sûr de la déchéance et de la chute de Mengele et pour que l'on se doute que des cauchemars devaient tarauder cet homme devenu paranoïaque et suspicieux, éternellement aux aguets, replié sur lui-même et maladif, bloqué dans une époque révolue et déchue.

On aurait tant aimé qu'il soit jugé pour ses crimes et que le bourreau fasse face à ses anciennes victimes. Mais ce n'était pas son destin. Alors on se contente de ce que Guez nous fait découvrir : un homme qui a cru se voir sorti d'affaires mais qui va vivre une vie de paria, rongé par l'angoisse jusqu'à la moelle, malade d'un climat et d'un pays qui ne sera jamais le sien. Et ça nous console. Car combien d'autres nazis sont morts tranquillement dans leur lit à plus de 90 ans ?
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