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Critique de oiseaulire


"Deux femmes et un jardin" est un court roman, le plus récent d'Anne Guglielmetti, paru en 2021.

Il évoque, à travers l'histoire d'un petit héritage imprévu la renaissance d'une maison et d'un jardin abandonnés, grâce aux soins conjugués d'une femme déjà âgée et d'une adolescente.

Cette maison et ce jardin ne sont qu'une métaphore de l'âme. le récit poétique nous rappelle que nous lui devons tous nos soins et que comme on taille les herbes envahissantes qui menacent d'étouffement arbres, plantes et fleurs, nous devons nous débarrasser de nos mauvaises herbes intérieures et des fantômes de tristesse et de déception qui nous hantent, pour croître, embellir et nous réconcilier avec nous-mêmes avant de rejoindre l'autre rive.

Il m'a semblé que ce livre était l'histoire d'une seconde chance donnée à l'héroïne (l'héritage est symbolique, c'est quelque chose qui l'a sortie de son horizon habituel et l'a propulsée vers une aventure où elle part à la recherche d'elle-même). Cette seconde chance arrive alors qu'elle a atteint ou dépassé la maturité, c'est-à-dire qu'elle est à l'heure où l'on prépare la fin du voyage et où on déblaye le terrain pour accéder à un maximum de sérénité pour vivre le mieux possible la vieillesse et accueillir la mort : et justement, il est question d'un jardin qu'elle ne cesse de travailler, et d'une toute petite maison, qui lui suffit, un fauteuil, son fauteuil, sa vraie place, enfin.... La maison et son jardin, c'est elle ou son âme, on peut l'appeler comme on veut. Chaque geste est précieux et compte : elle défriche, plante, sarcle, bine, enjolive... Là-dessus elle fait la rencontre d'une adolescente qui devient son amie. L'adolescente l'aide, elle est un témoin, une passeuse, une "bonne fée" (prêt de la bicyclette, de la tondeuse...). La jeune fille l'accompagne sur un chemin qui aurait pu être celui de la solitude. Elle apporte à l'héroïne le matériau nécessaire pour que son parcours soit une réussite : la chaleur humaine, désintéressé. On comprend que la partie est gagnée lors de la ballade en vélo qu'elles font ensemble avec le partage du repas : c'est l'apothéose, plus rien ne viendra faire obstacle à la progression, on le sent bien. La voie est tracée, la jeune fille peut s'éloigner, ni l'une ni l'autre ne resteront seules désormais, puisque leur amitié est active, présente, matérialisée par les cadeaux réciproques et les courriers... C'est une amitié généreuse et non intrusive. Enfin la jeune fille apprend la mort de son amie, mais ce n'est pas triste puisque elle sait qu'elle a atteint bon port (sérénité).
On peut espérer que la jeune fille devenue femme mûre trouvera elle aussi un ou une "passeuse" qui l'aidera comme elle a su aider la femme vieillissante quand elle en était, elle, à l'orée de sa vie : c'est le passage des générations, la plus jeune aide l'aînée à lâcher prise dans la sécurité et l'affection donnée.
Voilà comment j'ai ressenti ce livre. Il semble très modeste mais c'est un joli voyage qu'il fait parcourir, surtout si on en est à la seconde partie de sa vie.

C'est un beau livre plein de douceur.
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