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sur 417 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Deux femmes et un jardin est l'histoire simple d'une rencontre entre une femme d'un certain âge et une adolescente timide. Entre les deux, comme un trait d'union, il y a un jardin ou plutôt une vieille maison qui abrite ce jardin.
Nous sommes dans la campagne normande, dans un village retiré de l'Orne. Au hasard d'une mystérieuse généalogie, Mariette une femme de ménage fatiguée par des années de labeur, habitant et travaillant à Paris, hérite d'une vieille bicoque perdue dans un village de Normandie. Mariette habite déjà dans ce village, elle a quatorze ans, elle est timide et rebelle, un peu voleuse, elle entre dans ce jardin comme un chat à la fois curieux et à l'affût...
Mais ce jardin est en friche, on ne s'en aperçoit pas trop l'hiver, mais au printemps quand la nature commence à exprimer toute sa joie et sa liberté, cela devient une évidence. Ce jardin en friche, il faudra bien s'en occuper, l'entretenir. Mariette qui vient de la ville est un peu désemparée... Seule elle ne sait pas trop comment s'y prendre.
Ce sont trois êtres qui vont se rencontrer puisqu'ici le jardin est un personnage à part entière. Il est le lieu,- et sans doute bien plus encore qu'un lieu, qui réunit et lie ses deux personnes qui n'étaient pas faites a priori pour se connaître.
Toutes deux vont s'apprivoiser...
Voilà deux femmes dont les vies semblaient vouées à la solitude ! Et sans doute aussi ce jardin à l'abandon livré aux mauvaises herbes... Mais qu'est-ce qu'une mauvaise herbe tant qu'on ne lui a pas donné un nom, tant qu'on ne l'a pas contemplé avec d'autres mauvaises herbes pour y voir une harmonie ?
Anne Guglielmetti, l'auteure de ce livre est au plus près d'une émotion tout en retenue dans ce récit. Son écriture est délicate, sobre, faite de poésie, même si on sait peu des personnages, si on sait peu de leurs ressentis. Parfois son écriture est déstabilisante aussi, un peu comme un jardin rebelle.
Ici bien sûr les thèmes évoqués me sont chers, tels que la mémoire, la transmission, l'amitié aussi.
La force du texte tient aussi à cette narration originale qui donne la parole successivement à chacune des femmes, elles deviennent tour à tour narratrices, spectatrices et actrices de l'histoire qui les unit presque malgré elles.
Et puis il y a au milieu de ce jardin ce vieux marronnier dans toute sa splendeur. J'ai pensé alors au châtaigner du jardin de mon enfance. Enfant, j'avais planté une châtaigne. Au fil des années elle avait donné un petit arbre, mes parents avaient respecté cela, on était fier de cet arbre. On y revenait avec plaisir sous son ombre grandissante à chaque été retrouvé. Plus tard mon père est mort, la maison a été vendue il y a près de vingt-cinq ans maintenant ... Tout récemment, passant dans cette ville où ma famille avait habité autrefois, j'ai eu envie de revenir sur les lieux. Je suis allé dans la rue qui donne sur l'arrière de la maison côté jardin. Il n'y avait plus d'arbre... Ou du moins, je ne parvenais pas à voir grand-chose avec cette humidité dans mes yeux. C'est bête un jardin qui pleure...
Malgré le sujet, je suis toujours resté un peu en lisière de ce jardin sans jamais vraiment y pénétrer. Je crois par ailleurs n'avoir jamais pu vraiment entré dans le coeur de Mariette ni celui de Louise. J'aurais aimé mieux les connaître. Mais parfois c'est peut-être aussi aux lecteurs que nous sommes de construire l'histoire au gré de notre imagination...
Cette lecture fut cependant un instant bucolique et délicat comme je les apprécie en ce moment.

LU DANS LE CADRE DU PRIX DU ROMAN CEZAM 2022.
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En un peu moins de 100 pages, Anne Guglielmetti nous parle d'une amitié aussi belle et précieuse qu'improbable.
Comment Mariette à l'automne de sa vie aurait-elle pu imaginer que Louise, une ado de 14 ans allait donner un sens à sa vieillesse ?
Mariette est arrivée seule au village avec un mince bagage et une clé, celle de la maison dont elle vient d'hériter. Pour la première fois de sa vie, elle possède une maison, elle qui s'est toujours contenté d'une chambre de bonne et qu'importe son aspect modeste, son manque de confort, Mariette est enfin chez elle.
Le jardin n'est que friche, mais qu'importe, c'est son jardin et Mariette l'apprivoise, jour après jour.
Un jour de printemps, les volets voisins s'ouvrent, une jeune fille apparaît, spontanée, généreuse. Louise est intriguée par cette dame dans sa petite maison.
Un monde et deux générations séparent les deux femmes, mais que lui importe à Mariette, pour la première fois de sa vie elle a une amie, son amie.

Ce livre n'a pas fait de bruit lors de sa parution si bien que je me considère chanceuse d'avoir eu entre les mains ce petit bijou, d'une infinie délicatesse, magnifié par une écriture fluide et tellement élégante.
L'histoire de l'éclosion de cette amitié autour de la renaissance d'un jardin laisse un sentiment d'apaisante sérénité.

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"Deux femmes et un jardin" est un court roman, le plus récent d'Anne Guglielmetti, paru en 2021.

Il évoque, à travers l'histoire d'un petit héritage imprévu la renaissance d'une maison et d'un jardin abandonnés, grâce aux soins conjugués d'une femme déjà âgée et d'une adolescente.

Cette maison et ce jardin ne sont qu'une métaphore de l'âme. le récit poétique nous rappelle que nous lui devons tous nos soins et que comme on taille les herbes envahissantes qui menacent d'étouffement arbres, plantes et fleurs, nous devons nous débarrasser de nos mauvaises herbes intérieures et des fantômes de tristesse et de déception qui nous hantent, pour croître, embellir et nous réconcilier avec nous-mêmes avant de rejoindre l'autre rive.

Il m'a semblé que ce livre était l'histoire d'une seconde chance donnée à l'héroïne (l'héritage est symbolique, c'est quelque chose qui l'a sortie de son horizon habituel et l'a propulsée vers une aventure où elle part à la recherche d'elle-même). Cette seconde chance arrive alors qu'elle a atteint ou dépassé la maturité, c'est-à-dire qu'elle est à l'heure où l'on prépare la fin du voyage et où on déblaye le terrain pour accéder à un maximum de sérénité pour vivre le mieux possible la vieillesse et accueillir la mort : et justement, il est question d'un jardin qu'elle ne cesse de travailler, et d'une toute petite maison, qui lui suffit, un fauteuil, son fauteuil, sa vraie place, enfin.... La maison et son jardin, c'est elle ou son âme, on peut l'appeler comme on veut. Chaque geste est précieux et compte : elle défriche, plante, sarcle, bine, enjolive... Là-dessus elle fait la rencontre d'une adolescente qui devient son amie. L'adolescente l'aide, elle est un témoin, une passeuse, une "bonne fée" (prêt de la bicyclette, de la tondeuse...). La jeune fille l'accompagne sur un chemin qui aurait pu être celui de la solitude. Elle apporte à l'héroïne le matériau nécessaire pour que son parcours soit une réussite : la chaleur humaine, désintéressé. On comprend que la partie est gagnée lors de la ballade en vélo qu'elles font ensemble avec le partage du repas : c'est l'apothéose, plus rien ne viendra faire obstacle à la progression, on le sent bien. La voie est tracée, la jeune fille peut s'éloigner, ni l'une ni l'autre ne resteront seules désormais, puisque leur amitié est active, présente, matérialisée par les cadeaux réciproques et les courriers... C'est une amitié généreuse et non intrusive. Enfin la jeune fille apprend la mort de son amie, mais ce n'est pas triste puisque elle sait qu'elle a atteint bon port (sérénité).
On peut espérer que la jeune fille devenue femme mûre trouvera elle aussi un ou une "passeuse" qui l'aidera comme elle a su aider la femme vieillissante quand elle en était, elle, à l'orée de sa vie : c'est le passage des générations, la plus jeune aide l'aînée à lâcher prise dans la sécurité et l'affection donnée.
Voilà comment j'ai ressenti ce livre. Il semble très modeste mais c'est un joli voyage qu'il fait parcourir, surtout si on en est à la seconde partie de sa vie.

C'est un beau livre plein de douceur.
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Mariette, c'est une vieille fourmis robuste
et laborieuse qui s'excuse d'exister.
Sauvage, elle joue l'invisibilité,
elle a honte de ce qu'elle est.
Elle travaille, vit très chichement
grimpe six étages
pour rejoindre sa chambre de bonne.
Un beau jour, convoquée chez un notaire,
elle reçoit une petite maison
dans l'Orne en héritage!
De qui? Pourquoi?
Elle ne nous le dira pas.
Le sait elle seulement ?
Elle n'a jamais pu compter sur personne ,
ni reçu le moindre cadeau...

Son départ de Paris tient de l'épopée.
Sa découverte de cette maison de poupée
abandonnée mais accueillante la séduit.
Elle, toute en raideur rustique
se laisse apprivoiser .
Et puis, il y a ce jardin auquel
elle s'intéresse tardivement .
Un havre de trésors
prisonniers des broussailles.
Mariette se déplie, s'ouvre, respire
sort de sa coquille.
Louise, la petite voisine, à son contact
apprend à regarder autour d'elle.

Une histoire sur les belles rencontres
avec, c'est dommage,
une écriture parfois chaotique.


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De Mariette nous ne saurons pas grand chose. Quelques indices nous laissent deviner une vie fruste, sans joie, au service des autres. Quand elle hérite de ce qu'elle qualifiera de "maison de poupée"-un logis passablement délabré au fin fond de la campagne, entouré d'un jardin qui a repris sa liberté, elle peine à y croire. Pourtant, elle s'y rend- une véritable expédition- et entreprend de s'approprier les lieux, tout en respectant la sauvagerie du jardin.
Petit à petit va également se nouer une relation avec une adolescente, en vacances dans le bourg voisin et qui va apprivoiser Mariette, sans pour autant percer son quasi mutisme. La relation s'étiolera au fil du temps mais restera marquante pour la jeune femme.
Un titre simple , à l'image de ce récit qui fait le choix de ne pas trop en dire, et c'est tant mieux, avec une autrice qui peint avec délicatesse autant les femmes que les plantes. Un grand coup de coeur.


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Ce livre conseillé par un libraire m'a permis de découvrir Anne Guglielmetti et j'ai aimé cette lecture.

Il s'agit de la rencontre de deux femmes : Mariette, fatiguée par une vie rude à Paris qui va retrouver une vieille et petite maison reçue en héritage avec son jardin en friche dans la campagne normande. Louise, une adolescente un peu rebelle qui revient aux vacances dans ce lieu qui ne l'enthousiasme guère.

Ainsi, une belle amitié va naître. le jardin aussi va renaître et la maison qualifiée de maison de poupée, modeste, va revivre.

Peu à peu nous assistons à cette renaissance, nous voyons le jardin qui se modifie. le marronnier, le châtaignier vont retrouver leur majesté, les fleurs s'épanouissent, l'éclosion des pivoines surprendront Mariette, tout ce décor qui invite alors à la contemplation. La maison, elle aussi, se transforme : peu de meubles, un décor sobre comme en retrait mais aussi un refuge à travers les saisons.

Quelquefois dans la littérature, des images surgissent, aperçues dans d'autres récits. Lorsque Mariette contemple le marronnier au gré des saisons; je pense à Anne Franck qui elle aussi observait cet arbre depuis son grenier.

Ce petit livre offre une belle couverture, dessin à l'encre de chine qui illustre très bien cette belle histoire.
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De Mariette je ne saurai pas grand chose et pourtant j'aurai partagé une année de sa nouvelle vie.

Je la découvre alors qu'elle a tout quitté pour s'installer dans l'Orne dans une "petite masure" dont elle a hérité. Elle m'étonne Mariette, sans lien social et si forte dans sa solitude. Elle agit. Elle ferme la porte aux hésitations, aux questions, elle fait avec. Elle assume ses choix.
L'automne s'écoule à nettoyer, briquer, installer et meubler avec les découvertes du grenier cette "maison de poupée". Mariette est satisfaite de ce lieu chaleureux, bien à elle. Bientôt l'hiver est là et un beau matin, elle découvre derrière sa fenêtre le jardin. Tout recouvert de neige il aimante son regard. Ce sera sa nouvelle passion.

L'écriture prend son temps, délicate, descriptive, méticuleuse. Elle invite à la lenteur, elle apaise. Mais soudain le récit s'interrompt pour accueillir le "je". Celui de Louise jeune ado de quatorze ans un peu boudeuse, un peu voleuse qui s'ennuie dans cette campagne.
A chaque vacances Louise bouleverse la tranquillité installée. L'écriture devient dynamique, alerte et joyeuse. Louise apparaît, disparait et forme avec Mariette un couple insolite. Elles se livrent peu mais elles s'espèrent. Ces deux là partagent simplement des moments de vie. Elles s'acceptent telles qu'elles sont. Leur relation est pudique, leur complicité silencieuse.
" A l'orée d'un été qui semblait immense, c'était entre elles un peu de guinguois, un peu embarassé"

Ce sera un bel été, riche du travail au jardin, des beaux moments de repos à l'ombre des arbres, coeur ouvert aux sensations multiples, savourer les couleurs, les parfums, les silences. Quel plaisir de partager avec elles ce lieu. Je sors ma chaise, m'installe à leur côté et apprécie le point de vue du jour. Je laisse le soleil me caresser, mon esprit vagabonder, mes yeux se promener d'un hortensia rose pâle à une rose fanée. Tout est si paisible.

Mais bien sûr l'été finira par s'en aller, tout comme Louise. Pour Mariette, "Bien que le jour reculât depuis longtemps, c'était à présent que la nuit semblait de retour et la maison de nouveau attirait, retrouvait son importance, rivalisait sans mal avec le jardin".

Nouvel automne, nouvelle solitude. La vie continue... Et l'histoire aussi.

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Un petit bijou littéraire se cache derrière une couverture au dessin et au papier aussi sobre que raffiné.
Mariette, une femme modeste, discrète à la limite du fantôme. Louise, jeune fille lumineuse, spontanée et rieuse. Deux femmes que tout oppose ou presque ... sauf le jardin abandonné de la modeste maison hérité par Mariette.
Doucement, touche par touche, une amitié se noue entre elles. Sans mots dire.
Modestie, douceur, fluidité du texte à la hauteur de sentiments subtils et pourtant si forts. Un tour de force accompli par une autrice qui s'attache aux minuscules détails de la vie pour en exprimer la tragédie. Un bonheur unique de lecture.
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Deux générations, un jardin. Petite pause suspendue auprès de Mariette et Louise. le jardin prend vie et donne envie d'être contemplé auprès de nos deux protagonistes, au milieu de la campagne. Vous êtes un peu stressé-es par le quotidien, faites une respiration à leurs côtés.
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Tel l'oiseau sur une branche du châtaigner centenaire, j'assiste à la rencontre improbable d'une ado de 14 ans et d'une femme d'un âge certain, usée, murée dans une non communication maladive. C'est un héritage tombé du ciel pour l'une et des vacances à la campagne sans avenir pour l'autre qui permettent la naissance d'une amitié toute en timidité, dans un presque silence où les regards, les ressentis, la nature et la vie du jardin sont les traits d'unions. Je les rejoins, Mariette et Louise, à observer un insecte grimpeur, à inhaler une rose tout juste éclose du matin, à découvrir la rosée irisée dans les herbes hautes et sauvages. Ce texte si tendre et poétique m' envoûte, me questionne, m'émeut et je m'envole…
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