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Trilogie (Hervé Guibert) tome 1 sur 3
EAN : 9782070385034
288 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.81/5   513 notes
Résumé :
Dans ce premier tome d'une trilogie autobiographique consacrée au sida, Hervé Guibert raconte son existence depuis qu'il a été contaminé par le virus, les progrès insidieux de la maladie, le cruel espoir et la déception causés par les promesses d'un ami, Bill, de lui sauver la vie. Paradoxalement, le vrai ami, dans ce récit, n'est pas Bill (celui auquel le titre fait référence) mais Muzil, un philosophe réputé et plus âgé, également homosexuel, qui meurt du sida, pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 513 notes
Je tenais avant tour à lire cet ouvrage car j'ai connu une personne très proche qui est décédée, à l'âge de 37 ans, de cet horrible fléau que nous appelons Sida.

Je dois dire qu'Hervé Guibert, quant à lui, décédé à l'âge de 36 ans (une des raisons qui m'a fait acheter ce livre tant la différence d'âge entre cette personne proche et l'auteur était troublante) nous livre ici un témoignage troublant. Pourquoi ai-je lu ce livre me direz-vous s'il s'agit d'un sujet sensible chez moi ? Tout simplement pour tenter de comprendre ? Mais comprendre quoi ? Les douleurs, les souffrances ? Il n'y a rien à comprendre, le lecteur ne peut que rentrer en empathie avec le témoin, rien de plus. Il ne peut pas se mettre à sa place ni même dire qu'il comprend. Il peut simplement écouter -dans le cas présent, lire- et surtout ne pas juger.

Dans cet ouvrage, l'auteur nous raconte la progression de sa maladie, les différents traitements qu'il a suivis et l'espoir d'un miracle qui ne s'set jamais accompli.

Un livre très cru à certains moments lors des descriptions des débats amoureux entre deux hommes, très dur et dont on ne ressort pas indemne. A découvrir !
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« Et c'est vrai que je découvrais quelque chose de suave et d'ébloui dans son atrocité, c'était certes une maladie inexorable, mais elle n'était pas foudroyante, c'était une maladie à paliers, un très long escalier qui menait assurément à la mort mais dont chaque marche représentait un apprentissage sans pareil, c'était une maladie qui donnait le temps de mourir, et qui donnait à la mort le temps de vivre, le temps de découvrir le temps et de découvrir enfin la vie, c'était en quelque sorte une géniale invention moderne que nous avaient transmis ces singes verts d'Afrique. »
Cette maladie est le SIDA dont Hervé Guibert est infecté, mais ça pourrait être aussi un cancer ou une maladie dont le diagnostic est sans appel : la mort.
Tout au long de ces pages, l'auteur raconte cette descente aux enfers de la dégradation corporelle et parfois mentale, d'abord celle de son ami Muzil qui n'est autre que le philosophe Michel Foucault, puis la sienne, car les doutes du début ont laissé place à une certitude, celle qu'il est condamné à la mort à perpétuité.
C'est l'heure pour Hervé Guibert du bilan, l'occasion d'écrire son expérience et de la livrer au monde avec beaucoup de sang-froid, de pudeur et parfois d'amertume « à l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie ».
C'est le moment de se demander qu'avons-nous fait de cette fenêtre de vie qui n'aura duré que quelques dizaines d'années, nanosecondes à l'échelle de l'univers ?
La longueur des phrases, façon Faulkner, des phrases paragraphes, illustre parfaitement la longue et lente agonie de cette pathologie.
« à l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie » est la dénonciation d'une trahison, celle de ces personnes en qui l'on a placé son amitié pendant une vie et qui, le jour où la bonne fortune nous quitte, deviennent gênées, effrayées d'être contaminées par notre malheur et nous tournent le dos. Mais comme pour l'auteur, elles aussi connaîtront la solitude des dernières minutes avant que la lumière ne s'éteigne définitivement.
Et la vie continue…
« à l'ami qui ne m'a pas sauvé » est une oeuvre qui invite à la réflexion sur le temps qui passe, sur l'ultime échéance et sur le sens à donner à tout ça, la vie, la mort, nos actes.
Editions Gallimard, Coll. Blanche, 267 pages.
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♫ Tu as dit J'étudiais
En deuxième année Hervé Guibert
J'ai pensé Il faudrait ♪ ♪
♪ Traîner quelque temps chez Gibert... ♫

Bon, moi c'est pas chez Gibert que j'ai dégoté A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie mais chez un bouquiniste spécialisé dans les vieux pots (là où on fait les meilleures... oui 'fin bref) Voilà, on s'en fout mais depuis le temps que je voulais lire ce livre, j'attendais juste l'occasion (uh uh) sur laquelle je n'ai pas hésité à sauter.

Sous couvert d'autofiction, Hervé Guibert nous parle de cet ami (était-ce Bill, celui qui lui avait promis un vaccin made in USA qui n'est jamais arrivé ou était-ce le camarade Muzil a.k.a Michel Foucault qui a eu le mauvais goût de partir dans les premiers quand le sida a commencé à faucher à grande échelle ?) ce presque frère donc qui n'a sauvé ni sa vie, ni sa dignité physique... Ces heures à courir à des rendez-vous médicaux, virtuellement disséqué comme une pauvre grenouille dans un cours de SVT, nu dans le froid des salles d'examen, ausculté, palpé, tripoté, radiographié, coloscopié... acceptant pourtant ce pénible sort alors que l'issue ne faisait pas beaucoup de doute, parce que malgré tout, quelquefois très loin mais toujours nourri, il y avait l'espoir. L'espoir dont ce livre laisse apercevoir, parfois, quelques fulgurances, à tel point que si nous n'étions pas déjà au fait de la triste fin que connue Guibert, on aurait espéré avec lui, fort.

Sans jamais tomber dans le pathos ni tenter de faire pleurer dans les chaumières mais simplement animé par l'envie de raconter, de témoigner, de laisser à la postérité ce que fut la découverte du VIH, des corps malades, disloqués, des amis qui partent et ceux qui, par une veine extraordinaire, passent à travers les mailles ultra-serrées de ce filet dégueulasse, à l'instar de Daniel Defert qui en profitera pour créer AIDES dans l'intention de mobiliser, de prévenir et d'informer les personnes contaminées quand elles-mêmes ne comprenaient même pas ce qui leur tombait dessus, Hervé Guibert relate son quotidien parfois fictif (rarement) parfois insupportable (souvent) aux prises avec ce mal encore inconnu qui le grignote inexorablement mais devant lequel il refuse de s'avouer vaincu.

Un livre à mettre entre les mains de tous les barebackers (et je le dis sans jugement, juste comme ça quoi, pour être sûre qu'on sache bien de quoi on cause et à quoi on se risque), des avancées ont été faites oui, mais le sida, c'est pas un rhume, arrêtons un peu de nous en foutre, repensons à Guibert, à Foucault, à Collard et autres Koltès. Même si le sida ne tue (presque) plus, qui peut avoir envie de partager ne fut-ce que le centième de leur sort ?
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Ce récit autobiographique, je l'ai lu il y a plusieurs années. J'ai ressenti une grande empathie pour l'auteur et ai beaucoup apprécié son écriture... mais une fois la dernière page tournée, j'ai été incapable d'écrire une critique, tant j'étais bouleversée...
Je savais que le témoignage de l'auteur s'étendait sur deux autres ouvrages : "Le protocole compassionnel" et "L'homme au chapeau rouge", je les ai achetés... car je voulais lire encore Hervé Guibert, mais quand? Cela m'aura pris des années avant que je découvre "Le protocole compassionnel", et je laisse passer encore du temps avant d'ouvrir le dernier tome, car c'est trop d'émotions à chaque fois. Une pause m'est nécessaire. Mais, je ne puis me passer de ce parler vrai, de cette authenticité, qui écrite d'une autre plume aurait frisé l'impudeur. Mais Hervé Guibert était un écrivain talentueux, avec lui chaque mot était pesé et tombait juste.
Je ne peux écrire que c'est un beau livre, le contenu est dévastateur, mais l'écriture est merveilleuse... Donc je vais poursuivre la lecture des oeuvres de l'auteur, car je sais que je ne puis être déçue. A découvrir... si on en possède la force... car on peut être rebuté par cette maladie terrible, dont on cache encore le nom parfois, le sida, et ne pas apprécier les descriptions des visites aux spécialistes des hôpitaux, mais il y a des passages qui sont touchés par la grâce...
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Hervé Guibert est réputé pour être un écrivain féroce et, comme dans la vie peut-être, difficile à aimer.
Très intelligent et très beau, il peut passer pour une sorte d'Ange exterminateur, ou encore le héros de Théorème, celui qui vient révéler à toute une famille ses désirs les plus obscurs, puis s'en va, splendide, intact ,inentamé, laissant derrière lui un chaos total et le manque de lui.
Il est connu pour la sensation qu'il a produite en passant à Apostrophes, où son émotion et sa candeur mêlée d'ironie, son désir d'être lu et reconnu comme auteur et son dandysme auto-protecteur ont sidéré et créé dans le « grand public », dont je fais partie, un courant que j'appellerai d'amour, le mot sympathie me paraissant trop falot pour une telle personne.

Monsieur Hervé Guibert, je ne vous ai pas vu à Apostrophes, mais j'ai lu pratiquement tous vos livres après celui qui fait l'objet de ce billet, et je vous ai aimé immédiatement et presque inconditionnellement. le presque est l'exigence que j'ai toujours, pour un authentique écrivain, qu'il soit à la hauteur de son talent ou de son génie.
Je ne sais pas nommer cet amour de l'écrivain que vous êtes, maintenant pour l'éternité, autrement que comme fraternité, peut-être . Comment ai-je pu me sentir aussi proche, littérairement parlant, de l'homme que vous étiez ? C'est un des mystères de la littérature, justement. Et ceci n'a pas grand chose à voir avec vos choix de vie, votre sexualité et les scénarios ou les fantasmes qui articulaient celle-ci. Cela a peut-être à voir avec un regard sur les êtres et les choses, un ton, une façon de faire avec les déceptions ou les espoirs les plus fous.
Votre élégance mêlée de vulnérabilité, votre capacité à vous émouvoir de l'aide reçue dans les moments les plus terribles de votre maladie (l'épisode du garçon de café antipathique qui de façon inattendue vous aide à vous relever d'une chute et a la délicatesse de faire ensuite comme s'il n'avait rien remarqué) comme votre tendance à broyer du noir et penser que le monde vous hait, la classe avec laquelle vous avez relevé le gant de la mise en ménage avec le sida (Mon valet et moi, pur chef d'oeuvre) pour tout cela je vous tire mon chapeau.
Vous portiez d'ailleurs le vôtre bien mieux que moi.
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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Je confirmai cette nuit-là à moi-même que j'étais un phénomène du destin : pourquoi étais-ce moi qui avait chopé le sida et pourquoi était-ce Bill, mon ami Bill qui allait être un des premiers au monde à détenir la clef capable d'effacer mon cauchemar, ou ma joie d'être enfin parvenu au but? Pourquoi ce type était-il venu s'asseoir en face de moi au drugstore Saint-Germain, où je dînais seul, ce soir d'automne 1973, il y a plus de quinze ans, quand j'en avais dix-huit? Et lui, quel âge pouvait-il avoir à cette époque? Trente, trente-cinq, l'âge que j'ai aujourd'hui? J'étais terriblement seul et lui l'était sans doute autant que moi sinon plus : sans doute aussi seul, et démuni face à un jeune homme, que je le suis aujourd'hui. Il m'avait proposé, de but en blanc, de l'accompagner en Afrique dans l'avion de service qu'il pilotait. C'est lui qui avait prononcé, ce soir-là, les mots qui ont été finalement redits et joués par un acteur qui tenait son rôle dans un film dont j'ai écrit le scénario : "Vous savez, ce n'est pas du tout compliqué d'aller en Afrique, il suffit de faire vos vaccins, typhus, fièvre jaune, et commencer dès demain à prendre votre Nivaquine pour vous prévenir du paludisme, un comprimé matin et soir, quinze jours avant le départ, nous quitterons Paris justement dans quinze jours."
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David n'avait peut-être pas compris que soudain, à cause de l'annonce de ma mort, m'avait saisi l'envie d'écrire tous les livres possibles, tous ceux que je n'avais pas encore écrits, au risque de mal les écrire, un livre drôle et méchant, puis un livre philosophique, et de dévorer ces livres presque simultanément dans la marge rétrécie du temps, et de dévorer le temps avec eux, voracement, et d'écrire non seulement les livres de ma maturité anticipée mais aussi, comme des flèches, les livres très lentement mûris de ma vieillesse.
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Le jeune médecin me demanda qui j'étais, il me dit, allusivement, comme si j'étais parfaitement au courant de ce qu'il évoquait, ce qui n'était pas du tout le cas: "Vous savez, avec une maladie de ce type, dont on ne sait pas grand-chose pour être franc, il vaut mieux être prudent." Il me refusa la permission de revoir Muzil vivant, il invoqua la loi du sang qui privilégiait les membres de la famille par rapport aux amis, ce n'était pas du tout qu'il remît en cause que j'étais un de ses proches, j'avais envie de lui cracher à la gueule.
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J'ai eu le sida pendant trois mois. Plus exactement, j'ai cru pendant trois mois que j'étais condamné par cette maladie mortelle qu'on appelle le sida. Or je ne me faisais pas d'idées, j'étais réellement atteint, le test qui s'était avéré positif en témoignait, ainsi que des analyses qui avaient démontré que mon sang amorçait un processus de faillite. Mais au bout de trois mois, un hasard extraordinaire me fit croire, et me donna quasiment l'assurance que je pourrais échapper à cette maladie que tout le monde donnait encore pour incurable. De même que je n'avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais condamné, et n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable.
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C'était l'époque où les bruits les plus fantaisistes, mais qui alors semblaient crédibles tellement on en savait peu sur la nature et le fonctionnement de ce qui n'avait pas encore été cerné comme virus, un lento ou rétrovirus voisin de celui qui se tapit chez les chevaux, se propageaient sur le sida : qu'on l'attrapait en sniffant du nitrite d'amyle, soudain retiré de la consommation, ou qu'il s'agissait de l'instrument d'une guerre biologique lancée tantôt par Brejnev tantôt par Reagan.
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Videos de Hervé Guibert (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Guibert
Mathieu Lindon Une archive - éditions P.O.L où Mathieu Lindon tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Une archive", et où il est notamment question de son père Jérôme Lindon et des éditions de Minuit, des relations entre un père et un fils et entre un fils et un père, de Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras et de Robert Pinget, de vie familiale et de vie professionnelle, de l'engagement de Jérôme Lindon et de ses combats, de la Résistance, de la guerre d'Algérie et des Palestiniens, du Prix Unique du livre, des éditeurs et des libraires, d'être seul contre tous parfois, du Nouveau Roman et de Nathalie Sarraute, d'Hervé Guibert et d'Eugène Savitzkaya, de Jean Echenoz et de Jean-Phillipe Toussaint, de Pierre-Sébastien Heudaux et de la revue Minuit, d'Irène Lindon et de André Lindon, d'écrire et de publier, de Paul Otchakovsky-Laurens et des éditions P.O.L, à l'occasion de la parution de "Une archive", de Mathieu Lindon aux éditions P.O.L, à Paris le 12 janvier 2023.

"Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça ? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été ?"
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