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Trilogie (Hervé Guibert) tome 2 sur 3
EAN : 9782070387311
260 pages
Gallimard (14/10/1993)
3.91/5   196 notes
Résumé :
C'est tout bonnement la suite de A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie : exactement ce que j'avais dit que je ne ferais jamais. Un an et demi a séparé ces deux livres. Le temps de la renonciation à l'écriture, celui de l'expérience. On retrouve les mêmes personnages : Hervé Guibert, écrivain malade du sida, ses proches, la communauté des malades et de leurs soignants. Claudette Dumouchel, jeune médecin de vingt-huit ans, entre en scène. Une étrange relation va s'inven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre m'attendait depuis plusieurs années sur un rayonnage de la bibliothèque, je l'avais acheté, mais j'hésitais à le lire... Redoutant de retrouver l'ambiance des hôpitaux, l'univers de la maladie. Je connaissais déjà du même auteur "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", et si j'avais beaucoup apprécié ce récit, j'en suis restée bouleversée et j'ai voulu mettre une distance thérapeutique entre mes deux lectures. Je pense qu'il est difficile d'en ressortir totalement indemne et qu'il est nécessaire et vital de prendre une respiration, ou de reprendre courage, lorsqu'on décide de découvrir la trilogie écrite par Hervé Guibert. Lorsqu'on lit un roman, on peut être très ému, mais on se remonte le moral en se disant qu'il s'agit de fiction, comme les enfants : "c'est pas pour de vrai!". Mais comment réagir à la lecture d'un récit ou d'un journal? Ces textes d'Hervé Guibert témoignent des ravages de la maladie qui vont l'emporter à l'âge de 36 ans en 1991, maladie redoutée par le personnel soignant à cette époque, maladie décriée par les personnes bien pensantes, sorte de "punition divine"... peste ou lèpre de la fin du 20 ème siècle... (J'espère que depuis les mentalités auront évolué dans le bon sens, mais je n'en suis pas sûre). Pour les victimes du sida les léproseries et lazarets virtuels existent encore, hélas. le silence, telle une chape de plomb pèse sur cette maladie dont on ne parle encore qu'à mots couverts.
J'ai été tellement impressionnée lors de ma lecture de "A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie", que j'ai été incapable d'en recopier des extraits et d'en faire une critique... Je vais devoir relire ce texte... Mais je me souviens que ce livre avait été une révélation, que j'avais salué le courage de l'auteur qui se décrivait sans complaisance, mais avec justesse. J'ai admiré l'écriture. J'ai eu de la sympathie pour l'homme. Une grande compassion pour le malade. Découvrant une de ces photographies, je lui ai trouvé une ressemblance avec Oscar Wilde... Non content d'être beau, cet homme jeune était aussi terriblement talentueux, photographe, écrivain, pensionnaire de la Villa Médicis... un artiste! Et, je l'ai trouvé aussi très sympathique et attachant. D'où un amer constat sur la fatalité et l'injustice de la maladie.
Un témoignage magnifique dont je conseille la lecture.
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Deuxième tome (si on peut dire) des écrits d'Hervé Guibert sur sa maladie, le Protocole Compassionnel est la suite directe de A l'Ami qui ne m'a pas sauvé la Vie.
A ce stade, l'écrivain ne découvre plus qu'il a contracté le sida, il s'est fait à l'idée et ne dorlote presque plus l'espoir en son sein comme il avait pu le faire auparavant.
Non, cette fois il en est rendu à avaler un médicament obtenu au marché noir dont on ne sait encore rien sinon qu'il a causé la mort de centaines de personnes aux États-Unis pour cause de prises à l'aveugle, d'ignorance totale de la posologie et de respect des doses. Mais Guibert s'en fout, au point où il en est, à l'insu du système médical mais dans la discrétion de certains médecins, il accepte de tester sur lui le DDI, ce médicament qui donne son titre au livre, le protocole compassionnel signifiant que tous les traitements légaux ont échoué et qu'on peut tenter, en ressort ultime, une médication encore non reconnue, bien souvent même n'ayant pas encore obtenu l'AMM. Foutu pour foutu, quoi. C'est dire si à ce stade, une guérison aurait quelque chose d'epastrouillant !
Mais Guibert prend ce traitement et commence rapidement à en ressentir les effets bénéfiques. Moins fatigué, moins la sinistrose : « J'étais de nouveau vivant. J'écrivais de nouveau. Je bandais de nouveau. Bientôt, peut-être, je baiserais de nouveau. » Et voilà que le plaisir de vivre circule à nouveau dans ses veines.

En parallèle, Hervé Guibert nous raconte ses rendez-vous médicaux avec Claudette Dumouchel, jeune femme médecin avec qui il tente d'instaurer une relation quasi amoureuse. Par jeu au départ, devant la froideur de la doctoresse face à sa détresse et puis par habitude, pour supporter les auscultations de plus en plus compliquées pour lui (se lever de la table d'examen revient à être diplômé de l'école du cirque tant chaque mouvement lui demande des efforts surhumains, « Chaque jour, je perds un geste que je pouvais faire la veille »).
Et puis, la rencontre avec un guerisseur-magnétiseur qui lui promet la rémission et voilà que Guibert ressent pour la première fois depuis longtemps qu'il y a peut-être encore un espoir.
On connait la suite...

Revenant aussi beaucoup sur sa participation à Apostrophes pour son livre précédent
hop : https://www.youtube.com/watch?v=en9OWEvf_Cw
Le Protocole Compassionnel est un peu la version littéraire du film documentaire "La Pudeur ou l'Impudeur" qui reprend en images mais aussi en voix off de grands pans du livre.
Intéressant de lire/voir ces deux oeuvres en simultané.
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C'est au "protocole compassionnel" que nous devons le livre du même nom, puisque l'auteur redevient capable d'écrire sous l'effet de ce médicament expérimental qu'il prend, qui lui procure de l'énergie, et un temps de répit sur la progression de son sida. Les effets littéraires de cette substance sont notables : non seulement elle rend le livre possible, mais le récit qui découle de là, "même s'il est sinistre, me sembl[e] avoir une certaine gaieté, sinon vivacité, qui tient à la dynamique de l'écriture, et à tout ce qu'elle peut avoir d'imprévu." (p. 24). Ce roman d'Hervé Guibert n'est donc pas un documentaire sur le sida et ses ravages, sur la médecine et ses tentatives, mais, encore une fois, l'histoire d'une écriture et d'un écrivain. Comme dans le volume précédent, l'illusion réaliste nous fait certes voir la maladie, mais l'illusionniste écrivain se montre aussi à nous dans son activité propre. C'est ainsi qu'il peut dire : "C'est quand j'écris que je suis le plus vivant. Les mots sont beaux, les mots sont justes, les mots sont victorieux, n'en déplaise à David, qui a été scandalisé par le slogan publicitaire : "La première victoire des mots sur le sida." (p. 144)

De fait, ce livre relate la victoire de la littérature sur la maladie et la mort. La maladie et la mort sont réelles, elles ne le sont que trop, mais quand un romancier comme Guibert, capable d'écrire des pages pleines de grâce et de drôlerie, les représente, il transforme magiquement le réel affreux en réalisme émouvant, la vérité impitoyable en fiction : "C'est quand ce que j'écris prend la forme d'un journal que j'ai la plus grande impression de fiction." (p. 103) Il nous propose donc, par-delà la fonction documentaire, représentative, même militante, de son livre, une autre lecture proprement littéraire, la plus importante, la plus à même de justifier la vie de l'auteur et de ses ouvrages.

"Ici [en Italie] mon livre n'est pas encore sorti, il a un peu changé ça, ce regard sur les malades du sida. En fait j'ai écrit une lettre qui a été directement téléfaxée dans le coeur de cent mille personnes, c'est extraordinaire. Je suis en train de leur écrire une nouvelle lettre. Je vous écris." Par ce livre, l'auteur réaffirme la fonction de communication, même militante, de la littérature, et rappelle à longueur de pages, sans être jamais monotone, qu'elle est un art et une magie.
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Tome II.
Le quotidien de Guibert se poursuit dans ce deuxième livre. Ses amis, ses voyages, ses rendez-vous médicaux, ses traitements, son corps, ses difficultés, ses souffrances, bref, vivre avec le SIDA.
Dans ce livre, la nouveauté est la DDI (Videx®) qui a été utilisée pour la première fois dans les essais thérapeutiques aux Etats-Unis. Les premières études non contrôlées qui ont été réalisées chez les patients atteints de SIDA ont permis de mettre en évidence une activité antivirale de la drogue reposant sur la diminution de l'antigénémie p24 et l'augmentation des cellules CD4 sous traitement. Surtout, la DDI, n'entraînait pas de toxicité hématologique, l'effet secondaire majeur de l'AZT, mais semblait induire des pancréatites ainsi que des neuropathies périphériques.
Mais à l'époque où Guibert prenait la DDI, il s'agissait d'administrer à des patients gravement atteints des médicaments n'ayant pas subis tous les tests habituels d'efficacité et de toxicité.

Lu en février 2019 / Folio - Prix : 8,40 €.
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C'est un livre bouleversant, celui d'un homme qui se sait condamné par la maladie. Un changement de traitement lui fait croire à une rémission et lui redonne la force d'écrire à nouveau. Guibert raconte sa souffrance physique, sans pathos, ses rapports compliqués avec les médecins et l'hôpital de façon général. Ce livre parle d'une époque maudite où le sida effrayait et où les malades erraient littéralement de traitement en traitement, plein d'espoir et de misère.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Il était grand temps de changer cet aspirateur mais je n'avais pas eu le temps de le faire, et la femme de ménage savoyarde et alcoolique que m'avait recommandée Jules devait arriver pour la première fois, et que faire d'une femme de ménage sans aspirateur, m'étais-je demandé. Je m'étais donc décidé à déjeuner tôt pour aller chercher l'aspirateur à la cave et pouvoir accueillir à l'heure fixée la fameuse Marie-Madeleine qui, entre parenthèses, quand elle lut dans "La Vie Catholique" l'article par lequel elle apprit que j'avais le sida, me rendit bel et bien, malgré ses airs dissimulés de poivrote à qui l'on était en train d'extraire l'intégralité du cerveau par petites ponctions sous le prétexte de lui cureter les oreilles, son tablier, me disant, après avoir refusé de laver les verres où j'avais bu : "C'est pas pour moi que ça me gène, c'est pour mon mari."
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La situation est catastrophique aux États-Unis, et que c'est pour cela que les happenings de l'association Act-Up ont un sens là-bas, alors que ce sont des clowneries en France : pour être correctement soigné en Amérique, prétend Stéphane, il faut être un pédé blanc, bon teint et friqué. Pas toxico, parce qu'ils mélangent les produits avec des substances qui brouillent les expérimentations. Pas noir, parce qu'ils sont pauvres et donc mal nourris et amaigris, versatiles, danseurs de rap tête en l'air, et qu'ils viennent aux rendez-vous une fois sur deux.
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Turner a peint La Mort sur un cheval pâle, je repensais cette nuit à cette image, elle me revenait très précisément dans son galop, dans sa folie, j'étais moi-même ce corps renversé sur sa monture, avec ses lambeaux de chair qui s'accrochent à l'os et qu'on aurait envie de ruginer une bonne fois pour toutes pour la nettoyer, ce cadavre vivant ployé sur cette furie qui fonce dans la nuit, au pelage si chaud et odorant, brinquebalé par sa cavalcade, un squelette ligoté à la trombe du cheval, fendant l'orage, le bouillonnement du volcan, avec une main énorme qui débouche dans le tableau, un battoir de viande projeté en avant par le mouvement, et qui déséquilibre l'image. Le spectre, sur sa nudité de squelette, porte un diadème.
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Ma mère m'a pleurniché dans l'oreille ce matin, je l'ai rabrouée. Elle devait sentir ma mort venir, elle a craqué. Non, mes chers parents, vous ne récupérerez ni mon corps malade, ni mon cadavre, ni mon fric. Je ne viendrai pas mourir dans vos bras comme vous l'espérez en disant : "Papa – Maman – je vous aime." Je vous aime certainement, mais vous m'énervez. Je veux crever tranquille, sans votre hystérie et sans la mienne, celle que vous déclenchez en moi. Vous apprendrez ma mort dans un journal.
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La plupart des malades, à leur dernière extrémité, entreprennent comme ça un voyage, le plus loin possible, que leurs médecins leur déconseillent formellement vu leur état, qu'ils font quand même, pour pouvoir ensuite reprocher à leurs médecins de ne pas les avoir empêchés de partir.
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Videos de Hervé Guibert (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Guibert
Mathieu Lindon Une archive - éditions P.O.L où Mathieu Lindon tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Une archive", et où il est notamment question de son père Jérôme Lindon et des éditions de Minuit, des relations entre un père et un fils et entre un fils et un père, de Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras et de Robert Pinget, de vie familiale et de vie professionnelle, de l'engagement de Jérôme Lindon et de ses combats, de la Résistance, de la guerre d'Algérie et des Palestiniens, du Prix Unique du livre, des éditeurs et des libraires, d'être seul contre tous parfois, du Nouveau Roman et de Nathalie Sarraute, d'Hervé Guibert et d'Eugène Savitzkaya, de Jean Echenoz et de Jean-Phillipe Toussaint, de Pierre-Sébastien Heudaux et de la revue Minuit, d'Irène Lindon et de André Lindon, d'écrire et de publier, de Paul Otchakovsky-Laurens et des éditions P.O.L, à l'occasion de la parution de "Une archive", de Mathieu Lindon aux éditions P.O.L, à Paris le 12 janvier 2023.

"Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça ? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été ?"
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