Ce petit livre, mais on ne l'apprendra qu'en lisant ses dernières pages, était destiné à une femme, à la mère de famille dont le fils, dans les années 30, fût admis à "Navale".
Ce petit livre n'aurait-il comme prétexte que celui de la rassurer ?
Certes, non !
Mais la vocation maritime est une fièvre bénigne qui s'attrape d'ordinaire par la lecture.
Et le monde est empli de marins manqués.
Pourtant chaque année, un soir d'automne, paraît la liste des reçus.
Un matin d'octobre la verra défiler toute entière, valise en main, dans l'étroite rue de Brest qui mène à l'arsenal.
De cette liste sortira une promotion nouvelle ...
Paru en 1930, ce petit ouvrage sur l'École Navale s'inscrit dans la collection "Nos grandes écoles" de "La Nouvelle Société d'Édition" de Paris.
Louis Guichard y pousse les portes de l'école, si renommée, des officiers de la Marine nationale française.
En 1951, Jean de la Varende y reviendra le temps d'un superbe album.
Mais dans l'instant qui, mieux que l'auteur de "La guerre des enseignes", pouvait saisir l'âme et prendre le pouls de "Navale" ?
Le "Borda", la baille* qui servait de bâtiment-école aux élèves-officiers, était mouillé au point le plus occidental de la rade de Brest, à côté de "l'Armorique" qui était l'École des Mousses.
A Brest, le coeur de la ville bat au même rythme que de celui de la Marine.
Battait, devrais-je dire !
Le livre de Louis Guichard est d'abord conçu comme un ouvrage d'Histoire, de cette Histoire qui se faisant maritime se fait plus fragile, moins balisée.
Mais la dernière page d'Histoire tournée, l'ouvrage sait aussi être de son temps.
Le regard de son auteur est éclairé, lucide et aiguisé.
Louis Guichard sait de quoi il parle.
Pour lui aussi, autrefois, a retenti le clairon qui rythme les cours, les inspections, les exercices et les changements de tenues.
Il sera dit que l'on ne forme pas un officier de marine comme un marchand de draps !
"Navale" est un livre tissé de la la plus fine des littératures.
Le style y est élégant et agréable.
La visite, enchanteresse, est de celles que l'on se promet de renouveler ...
* nom marin du baquet
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C'est à vous Madame que je pense, à vous qui peut-âtre avez ouvert ce livre, parce que votre fils se présente au concours de l’École Navale cette année, - déjà ! Comme il faut que vous vous soyez mariée jeune ! ...
A mesure que s'éloigne d'ailleurs le temps des voiliers, la machine se transforme : elle était sale et elle est maintenant aussi propre que le pont, depuis l'utilisation du mazout ; elle était ridicule et sa puissance la rend presque belle sur les navires légers qui se grisent de vitesse ; il y a là tous les éléments d'une réconciliation probable dont on perçoit déjà les signes ...
Il est vrai que Brest n'est pas encore sur la terre ferme, qui ne commence guère qu'à Landerneau ...