Pouah pouah pouah, je le crois pas!
Avec "
Les fils du serpent"
Jimmy Guieu décroche haut la main le titre de maître du nanard.
Dans ce salmigondis mêlant SF, espionnage, ésotérisme et histoire, il n'y va pas avec le dos de la cuillère.
Coté historique il convoque à tout-va : les Mérovingiens, les Templiers, les croisades, la franc-maçonnerie, les légendes de filiation des Francs aux Troyens et j'en passe un paquet.
Son propos, reconnaissons-le, s'avère documenté mais accouche d'un méli-mélo penchant plus vers
Dan Brown que vers
Umberto Eco. Il ratisse large et vient encore épaissir la sauce avec l'abbé Saunière et le fameux trésor de Rennes-le-Château.
Cet embrouillamini historico-ésotérique déclenche une course à l'échalote pour sauver l'ultime descendant des Mérovingiens et retrouver quelques antiques parchemins enfouis dans les souterrains d'un château médiéval.
Ajoutez à ce fatras une ascendance extraterrestre prêtée aux Mérovingiens et aux Juifs, vous commencez à subodorer dans quelle mascarade
Jimmy Guieu entraine ses lecteurs.
Coté SF, de mystérieuses boules lumineuses, surgissent opportunément pour sauver la mise à la fine équipe de Jimmy à chaque fois qu'il les accule dans une impasse. Pour éviter de spoiler, je resterai discret quant à l'
origine de cette sorte de couteau suisse futuriste aux possibilités infinies.
A ce stade la coupe pourrait sembler pleine mais Guieu à plusieurs cordes à son arc pour alourdir son brouet.
Apparemment passionné par les voitures et les armes, il désigne scrupuleusement les nombreux modèles utilisés par les protagonistes. Je ne résiste pas à en partager ici un petit florilège, sont au menu véhicules : break Citroên CX Reflex, BMV Alpina B6, Mercedes 380 SE, Renault 18 break TL, break 2 portes Talbot Matra Rancho et pour les flingues : carabine Marlin, AKM (avec (1) l'indispensable renvoi en bas de page Avtomat Kalashnikov Modernizovani version moderne du fusil automatique soviétique AK-47) et Riot-Gun Mossberg calibre 12 Magnum en version 8 coups, s'il vous plait!
Saturés amis lecteurs?
Jimmy, lui, ne fatigue pas, j'ignore si le name-dropping était rétribué en 1984, en tout cas ses personnages grillent des Pall Mall et sirotent du Pernod light toutes les deux pages. Ces comportements marquent d'ailleurs le bouquin dans son époque contrairement aux prénoms des personnages. J'avais une vingtaine d'années en 84 et, si je me fie à ma mémoires, les Paulette, Régine,
Jean-Jacques, Richard et Monique de ma connaissance étaient rares et trop âgés pour jouer les pistoleros.
N'en jetez plus! entends-je la foule me supplier.
Indulgent j'en resterai donc là...
Non sans avertir les lecteurs sensibles aux us et coutumes machistes que, cerise sur le gâteau, si chez
Jimmy Guieu les femmes manient le gun avec brio, après le coup de feu elles s'empressent de retourner aux fourneaux pendant que les hommes prennent l'apéro.
Je ne lirais pas ça tous les jours.