Je suis tombée sur ce roman par hasard et c'est une belle surprise ! Hugo Boloren est un enquêteur atypique à la manière du Adamsberg de
Fred Vargas, et l'ambiance du village de
Douve m'a rappelé celle d'un
Simenon, en apparence tranquille mais pleine de tension, où les confidences se soutirent au zinc du bar autour d'une bonne bière artisanale.
Maurice le tenancier imperturbable, Ben le jeune maire dynamique, Mathilde la jolie étudiante épicière, les étranges jumelles Baldwin… Chaque personnage a sa personnalité propre et contribue à la drôle d'atmosphère de ce village du bout du monde conduisant à une forêt de sapins menaçante, et qui, visiblement, « a la guigne ». le texte alterne entre le récit présent de Hugo qui mène une double investigation (le meurtre de l'ancien maire, Dédé, et la quête de son passé personnel, « la trace indélébile que
Douve a laissée dans ma famille »), et la lecture du livre écrit par sa mère quarante ans plus tôt, sur une autre affaire de meurtre dans ce même village, mettant en cause Andrès Drengursson, médecin islandais.
L'enquête se déroule au fil des intuitions d'Hugo (sa fameuse « bille ») car les habitants de
Douve ne lui facilitent pas la tâche (« C'est une communauté soudée, une grande famille unie jusque dans la mort »). Et puis Hugo est incapable de mentir (« Je n'ai jamais réussi à faire semblant »), il a une authenticité qui peut le desservir dans son métier mais qui le rend terriblement attachant. Il se moque du jugement des autres, ne se sent pas obligé de se faire passer pour ce qu'il n'est pas. Il analyse tout avec une certaine distance, presque sans émotion. Cependant, plus il approche de la vérité, plus il est malmené par les villageois, y compris physiquement, et la scène finale vient apporter une touche d'action qui peut surprendre (vu le rythme de l'enquête) mais qui dévoile la violence latente de
Douve et déstabilise quelque peu notre héros.
A la fin les révélations s'enchaînent (peut-être un peu trop vite pour qu'on les assimile pleinement), démontrant que derrière l'apparente nonchalance de son enquêteur se cache une intrigue finement construite. L'authenticité affichée d'Hugo Boloren ne l'empêche pas de déceler « la face cachée » des gens et de lever les mystères !