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Quand les Duchesnais se déchaînent

Dans son second roman, Maëlle Guillaud choisit de suivre une jeune fille qui va devoir se construire suite à un drame qu'elle a promis d'occulter.

Après Lucie ou la vocation, un premier roman étonnant sur l'appel de la foi qui va pousser une jeune étudiante à abandonner famille et amie pour devenir Soeur Marie-Lucie, Maëlle Guillaud poursuit sa quête de l'identité en nous offrant de pénétrer dans l'intimité d'Une famille très française.
Sorte d'archétype de la famille bourgeoise, les Duchesnais sont pour Charlotte, la narratrice, une sorte d'idéal qu'elle peut approcher grâce à son amie Jane qui – Ô joie – l'invite chez elle, lui présente son frère Gabriel, sa mère Marie-Christine et son père Bernard. le monde qu'elle découvre lui semble à des années-lumière de son quotidien ancré dans toutes sortes de règles et de contraintes. Au fur et à mesure que sa relation avec Jane s'étoffe, son malaise va croître. Pourquoi sa mère se sent elle investie de la mission de la protéger coûte que coûte? Pourquoi ne peut-elle pas s'habiller de façon plus moderne? Pourquoi sa grand-mère Ichter s'obstine-t-elle à ressasser ses souvenirs du Maroc, à lui faire la cuisine de «là-bas»? Pourquoi faut-il célébrer deux fêtes juives alors qu'elle est catholique? Autant de questions qui dérangent Charlotte quand elle voit la liberté qui semble présider au mode de vie des Duchesnais. Et qu'elle entend désormais faire sienne en s'éloignant des siens qu'elle rejette petit à petit.
Le jour où les Duchesnais sont invités chez elle, que sa grand-mère leur propose des mouffletas, les crêpes marocaines, elle ne pourra se départir de ce sentiment. Quand Marie-Christine s'exclame « Hmm… c'est … c'est très bon, mais un peu gras, non?» elle a envie de fuir. D'autant qu'elle s'entend répondre «C'est meilleur avec du miel ou de la confiture». Si seulement le dîner pouvait s'arrêter… «Charlotte est terriblement gênée par le relâchement de sa grand-mère, ses accoutrements lui paraissent ridicules et lui font honte.» Son rêve serait de vivre chez les Duchesnais, intégrer cette famille.
Pourtant, derrière l'harmonie et le clinquant affichés, il y a aussi une partie plus sombre. Si le père de Jane est l'incarnation de la réussite et que «tout en lui respire l'assurance et l'argent. Ses gestes, la souplesse de sa conduite, son énorme montre au bracelet en cuir tabac», il entend aussi jouer de son pouvoir. Un soir, il pénètre dans la chambre de leur jeune invitée et glisse «sa main sous la couette. Sur son corps… Non, non, c'est l'alcool qui lui a tourné la tête. Qui lui fait imaginer une situation invraisemblable. Sa main sur son sein. Son souffle près de son visage. Son regard lourd de menace. Et si c'était un cauchemar? Tout simplement… Pourtant, elle n'a pas rêvé.»
Mais elle ne peut rien dire, faute de voir son rêve d'intégration s'envoler. Car désormais Charlotte «se voit à travers le regard de Jane, de cette famille si française qui ne connaît rien des difficultés de l'exil, de l'adaptation, rien des épreuves de la vie, elle en est persuadée.» Un aveuglement qui va prendre une dimension tragique lorsque Bernard qui a embarqué Charlotte dans sa voiture renverse un homme et prend la fuite et entend réduire sa passagère au silence.
Le plus facile, du moins le pense-t-elle, serait effectivement de nier. D'autant que les menaces se font précises. Que l'affirmation de Jane qui trouve son papa formidable,
« Faut dire que papa, rien ne lui résiste. Il obtient toujours ce qu'il veut », résonne très bizarrement à son oreille. Mais vivre avec ce mensonge est tout aussi difficile, d'autant que la victime n'est pas un inconnu puisqu'il s'agit du mari de la femme de ménage des Duchesnais. «Le mépris qu'elle ressent pour elle-même la paralyse.»
Et puis il y a Gabriel qui le la laisse pas indifférente. Prise dans un engrenage qui peut la broyer, Charlotte ne veut pas voir les avertissements. Y compris quand ceux-ci débouchent sur la violence. Quand sa «meilleure amie» la découvre dans les bras de son frère et qu'elle est «hérissée de colère» :
« – Toi, tais-toi. Tu t'imagines quoi? Que tu vas rentrer dans la famille? Que tu en fais partie? Mais t'es qu'une de ses poules! Tu crois que t‘es la seule?
– Jane, écoute-moi. . .
– Tu crois peut-être qu'il est amoureux de toi? siffle-t-elle entre ses dents. Ah tu m'as bien baladée hier soir! »
Maëlle Guillaud a un sens inné pour faire monter la tension. Elle construit ses romans comme une symphonie qui va crescendo, entraînant le lecteur dans un drame qui va finir par exploser. Une déflagration qui va entraîner la remise en cause de bien des certitudes – et si la famille très française n'était pas celle qu'on croit – et bousculer quelques parcours. Il va falloir désormais changer le scénario, trouver une autre voie. Voilà encore un beau roman de formation servie par une écriture ciselée.
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La question de l'identité et de l'envie d'ailleurs, d'exotisme à la période de l'adolescence est au coeur de ce livre. Charlotte, jeune fille juive, se noue d'amitié avec son exact inverse, une jeune fille bourgeoise, très « Française », catholique. SI leur amitié est forte et sincère, la vie et divers événements vont vite ternir cette dernière…

On peut difficilement quitter ce récit tant il est poignant, et troublant. Sur un fond d'inceste et de racisme généralisé, la petite Charlotte va vivre deux grands drames qui vont bouleverser sa vision de la vie, et faire disparaitre à jamais son innocence. Perturbée, en pleins questionnements, elle se demandera si elle a eu raison de croire que la culture de cette famille bourgeoise est vraiment préférable à la sienne, celle des pieds noirs…

Ce livre est bouleversant, vraiment bien décrit, on est touché en plein coeur par la narration qui nous montre avec des mots d'adolescente, le tumulte de cette période difficile à gérer d'autant plus lorsque l'on ne sait pas où se placer entre deux cultures, deux façons de voir les choses, deux façons de vivre la vie.

Le temps des premiers choix, des premières décisions, la découverte de la sexualité et de l'envie, et toutes les conséquences que cela peut avoir, toute cette somme de choses qui font le passage à l'âge adulte, et la découverte de son identité propre. C'est un périple ardu pour Charlotte. le dénouement de ce livre est exceptionnel et à la hauteur de la tension crée tout au long de la lecture.
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Quand elle fait la connaissance de la famille « très française » de sa meilleure amie, Charlotte n'aspire plus qu'à leur ressembler. C'est une totale remise en question de ce qu'elle est, tant physiquement qu'intellectuellement, et des personnages hauts en couleurs de sa famille aimante. J'ai trouvé que Maëlle Guillaud décrivait avec beaucoup de justesse les sentiments antagonistes qui secouent l'adolescente et cela a éveillé quelques souvenirs d'un lointain passé. La honte de sa famille, la honte de cette honte, le mal-être et la recherche de soi. Je pense que cet aspect du roman, le côté empathique, est très bien mené. Au chapitre 5, un événement marquant survient qui plonge Charlotte dans le malaise et le doute. Un autre événement malheureux surviendra par la suite et je me suis demandé si on n'aurait pas pu éviter d'en passer par là. Je trouve que l'opposition entre les deux familles aurait mérité d'être plus subtile (tous les membres de la famille de Jane sont détestables et ceux de la famille de Charlotte adorables). Dans tous les cas, j'ai passé un agréable moment de lecture. Enfin, un joli pied de nez que le titre du livre qui, bien sûr, fait référence aux deux familles. Un appel, bien rare ces derniers temps, à la tolérance et l'acceptation de toutes les cultures et traditions qui font la France.
Et quelle bonne idée de commencer le challenge globe-trotter sur cette note…
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Charlotte est fière de sa famille, sa mère, sa grand-mère, si présente, si expansive, si affectueuse. Pourtant le jour à la belle Jane arrive dans son lycée, elle est éblouie par cette jeune fille si élégante, par cette famille si raffinée, si discrète, ses enfants si bien éduqués.
Quand on vient d'une famille exubérante, chaleureuse, protectrice, avec des femmes « mères juives » qui en imposent par leur franc parler, leur cuisine du soleil, leur amour débordant et presque encombrant, un peu de classicisme serait le bienvenu. Aussi, représentante de la bourgeoisie de province par excellence, la famille Duchesnais a tout pour éblouir la jeune Charlotte. Jane – ne pas confondre avec Jeanne, c'est moins chic ! – à qui tout semble réussir, un frère comme Charlotte en rêve, des parents si conformes aux standards qu'elle voudrait retrouver dans sa famille, un rêve devenu réalité ?

Le difficile apprentissage de l'adolescence où l'on se cherche, où l'on a parfois honte de ce que l'on est ou des siens, ébloui par les lumières et les apparences parfois trompeuses. Car que sont une éducation rigide et bien-pensante, mais peut-être moins sincère, moins affectueuses, face à la chaleur et à l'exubérance de celles qui savent donner tout leur amour. Que sont les faux-semblants, les masques de bonne éducation…

Maëlle Guillaud propose ici le roman très actuel d'une jeune femme qui se cherche, qui se perd parfois, mais qui se pose de vraies questions sur son identité, sa famille, son milieu de vie. Intéressant plaidoyer pour la famille, celle que l'on se choisit ou celle que l'on a, sur les amitiés adolescentes, les vérités et les apparences, le savoir être et ce que l'on montre.

Chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/05/23/une-famille-tres-francaise-maelle-guillaud/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Une très jolie découverte, l'idéalisation de la famille parfaite au travers des yeux d'une ado de 17 ans, les différences de cultures, la quête d'appartenance sans pour autant perdre le sens des valeurs familiales
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Elle a une jolie plume, Maëlle Guillaud ! Et elle restitue finement les atermoiements de l'adolescence, quand on se cherche un modèle, et si possible en dehors de sa propre famille !
C'est ainsi qu'est Charlotte, dont la grand-mère maternelle est juive séfarade et marocaine, et le père toubib catholique, qui lorgne sur cette famille bourgeoise, très franco-française, "bien comme il faut".
Une famille parfaite en apparence mais qui cache des secrets.
Un roman agréable qui explore les questions d'identité et d'héritage (à quelle famille appartient-on ? Peut-on vraiment s'éloigner de ses racines, les renier ?), de la construction de soi et de sa propre projection dans la société (à quel groupe souhaite-t-on ressembler, s'assimiler ?).
Un roman d'apprentissage en quelque sorte, qui raconte la relation de Charlotte avec les siens et avec le monde qui l'entoure, qui joue aussi des ambiguïtés, des ambivalences.
Mais...un roman qui m'a semblé un peu brouillon, malgré tout ! J'ai pourtant beaucoup aimé la relation de Charlotte avec sa grand-mère, j'ai aimé le style et la façon qu'a eu l'auteur d'explorer les sentiments de cette jeune fille.
Il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour être vraiment conquise ! Dommage.
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Lorsqu'elle fait la connaissance de la famille très petits-bourgeois, de son amie Jane, Charlotte perçoit le fossé culturel qui les sépare. Jane Duchesnais, prénommée ainsi par sa mère Marie-Christine en hommage à Jane Austen, a grandi dans une famille très française, très catholique, très comme il faut.

Charlotte Prieur, derrière un nom bien franchouillard cache des origines mêlées puisqu'elle a grandi dans les jupons d'une mère juive marocaine aux us et coutumes dépassées et à l'hospitalité bruyante. Il ne faudra pas longtemps à la jeune fille pour envier le savoir-vivre de la famille de Jane et se couvrir de honte face à la volubilité de sa mère qui mélange français et arabe dans une même phrase. Il n'en faut pas beaucoup plus pour qu'une ado un peu rondelette, nourrie aux pâtisseries orientales de sa grand-mère se prenne à rêver de s'habiller comme ses copines des beaux quartiers avant de se rendre compte que son corps généreux n'est pas fait pour se fondre dans le même moule. En quête de son identité, c'est auprès des Duchesnais qu'elle cherche exemple. Jusqu'au jour où tout bascule, que le décor craquelle et laisse entrevoir une réalité bien moins reluisante.

Dans ce roman d'apprentissage teinté de noir, l'auteure parvient à dresser le portrait d'une jeunesse tiraillée entre des origines dans lesquelles elle ne se reconnait pas et une société dans laquelle elle a grandi mais qui ne la reconnait pas vraiment non plus. Est-on seulement le fruit de ses parents ou peut-on s'affranchir de son éducation pour s'envoler vers de nouveaux horizons ? Et en se faisant, ne risque-t-on pas d'être ébloui par des mirages et de perdre ce qui fait de nous ce que nous sommes ?

Face à cette question de la quête d'identité, l'auteure a évité de tomber dans la facilité en opposant d'un côté la famille bourgeoise et française de souche et de l'autre la famille de prolétaires issus de l'immigration. Car si Charlotte vit mal ses origines maternelles, elle pourrait s'enorgueillir d'être la fille d'un père bien français, médecin de surcroît. Une réussite en soi mais qui ne suffit pas à la jeune fille pour s'élever dans le regard des autres. Certainement parce que c'est dans son propre regard que la lutte des classes a vraiment lieu. Au moins jusqu'à ce que Charlotte comprenne que certaines valeurs comme le courage, la moralité, l'empathie, la générosité, le respect des autres sont des richesses qu'on ne peut pas acheter comme un vulgaire carré Hermès. Jusqu'au moment où elle prendra conscience que l'image que certains essayent de renvoyer aux autres n'est bâtie que sur un tissu de mensonges. Un très beau roman qui bouscule tout autant qu'il passionne son lecteur.
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Après avoir découvert Maëlle Guillaud à travers Lucie ou la vocation, j'étais très curieuse de découvrir son second roman, Une famille très française. J'y ai retrouvé des similitudes avec son premier roman : de nouveau un roman d'apprentissage, encore un personnage de jeune fille comme fil conducteur, la tentative de s'émanciper de sa famille. La religion est également présente, même si elle est moins centrale que dans Lucie ou la vocation, et s'il ne s'agit pas de la même religion.
Ne vous y trompez pas : il ne s'agit pas d'un remake de son premier roman ! le contexte est totalement différent. Nous accompagnons ici Charlotte, jeune fille issue d'une famille d'origine juive marocaine très aimante mais parfois étouffante. Elle tombe en admiration pour la famille Duchesnais, à ses yeux la famille française (bourgeoise) idéale : unie, distinguée, attachée à la liberté individuelle, et dont la réussite professionnelle et sociale du père de famille l'éblouit. Mais cette famille cache un visage bien plus sombre, en particulier le père qui entraîne Charlotte à porter un secret bien lourd. On y parle de jugement, de viol, de meurtre…. Et voilà que l'image parfaite de cette famille très française vole en éclats. J'ai été particulièrement touchée par le cheminement de Charlotte : la richesse, la sincérité et l'authenticité ne sont finalement pas là où elle le pensait initialement.
Sans vous dévoiler l'histoire ni la fin, je vous dirai qu'il s'agit surtout d'un livre qui déborde de tendresse, de pudeur, et d'amour, un éloge aux racines familiales : la famille parfaite n'est-elle finalement pas envahissante et spontanée … avec une grand-mère juive aussi aimante et généreuse que ses pâtisseries sont sucrées? !!! Un second roman très réussi. Merci aux éditions Héloïse d'Ormesson pour cette découverte.
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Mon résumé :
Qui n'a jamais rêvé, à l'adolescence d'avoir pour famille… celle de son/sa meilleur(e) ami(e) ?
Charlotte, 17 ans ne déroge pas à la règle. D'autant que la mère de Jane (prononcez Jane comme Jane Austen), est aussi chic et distinguée que le sienne est parfois mal attifée et exubérante. Mais l'adolescente va s'apercevoir qu'il ne faut pas se fier aux apparences car les belles maisons cachent parfois de sombres recoins.
Mon avis :
On pourrait reprocher à l'auteur une pointe de caricature concernant la mère, juive, de Charlotte. Cependant je pense qu'il ne faut pas s'arrêter à ça. J'ai trouvé le personnage de Charlotte riche et attachant. L'auteur souligne bien l'ambivalence de l'adolescence. Charlotte a envie de se différencier de ses parents, de ressembler à la famille de Jane, qu'elle trouve plus distinguée. Elle voudrait prendre ses propres décisions, ressembler aux autres ados… prendre son envol en fait. Mais dans le même temps, elle garde en elle, très forte, sa loyauté envers ses parents. Elle est consciente d'être riche de son histoire familiale. On peut presque penser à un processus d'acculturation quand on lit les pensées de Charlotte. Elle tente de se faire sa place dans le monde, d'être unique mais ne peut se résoudre à rejeter ce qui lui vient des générations précédentes, de sa mère, de sa grand-mère.
J'ai aimé la description de la relation entre Charlotte et sa grand-mère. Cette tendresse mêlée de respect… cette connivence. Une relation décrite avec pudeur. J'ai aimé la douceur de l'écriture de l'auteur.
Autant le premier livre de cette auteur m'avait mise mal à l'aise (même si je l'avais aimé), autant celui m'a plu sans réserve. J'ai même envie de le relire. Pourtant, comme souvent quand j'ai aimé un livre, j'ai du mal à expliquer pourquoi j'ai aimé. Sûrement parce que l'auteur a su saisir et rendre la complexité de sentiments qui peuvent traverser tout un chacun à l'adolescence
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Du premier roman de Maëlle GUILLAUD, "Lucie ou la vocation" je n'ai fait qu'une bouchée mais je l'ai savouré et m'en suis régalée du début à la fin. Je pourrais presque dire la même chose à propos de son deuxième "une famille très française" sorti récemment.

Il n'est pas, cette fois, question de religion – encore que – mais nous suivons les états d'âme d'une adolescente, Charlotte, fille d'une maman d'origine séfarade et d'un père breton et médecin. Elle adore ses parents et sa grand-mère oui mais… quand elle rencontre Jane et sa famille…Jane est grande et blonde, sa mère Marie-Christine très élégante avec son collier de perles, son père Bernard est beau, il a de l'humour. Ne parlons pas de Gabriel, le fils, sous le charme duquel Charlotte tombe immédiatement. La comparaison est, naturellement, favorable à cette famille très française.

L'écriture fluide, simple, sans ostentation de Maëlle Guillaud fait mouche et traduit à merveille les doutes, les questionnements, les difficultés de l'adolescence : difficultés à s'assumer, à aller au-delà des apparences, à démêler le vrai du faux. La romancière possède un énorme talent pour démontrer la difficulté à se construire, à passer de l'enfance à l'âge adulte, à faire siennes ses origines aussi variées soient-elles. Les autres ont tellement plus d'intérêt. Et pourtant, "A force de vouloir leur ressembler, j'ai été comme anesthésiée… au fond, je n'ai rien fait d'autre que d'essayer d'oublier mes origines, de les gommer. J'en ai honte. Quelle idiote. Je n'ai cessé d'encourager mon démon intérieur pour m'inventer une autre vie." Je me suis moi-même retrouvée dans cette Charlotte prompte à renier les siens au profit d'un miroir aux alouettes.

Véritable conte initiatique, ce roman nous démontre que l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs. Il est aussi une invitation à trouver en soi, sans comparaison aucune, le bonheur de grandir, entouré des siens avec leurs particularités. L'ouvrage est d'une grande justesse qui sonde l'âme au plus profond et la tension qui s'installe au fil des pages, soutenue grâce à de courts chapitres, m'a tenue en haleine jusqu'à la fin.

Lien : http://memo-emoi.fr/
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