Nous sommes le 31 mai, je fume tranquillement ma cigarette en baladant mon chien, quand une vieille taupe à voix de crécelle me saute dessus :
- Je croyais que c'était la journée mondiale sans tabac !!
- Et la journée sans casse-couilles, c'est demain ?
Je ne suis pas à la mode et j'emmerde cette dictature. *Phrase piquée à un magazine féminin qui vole nettement plus haut que les autres dont le titre évoque l'héroïne des Misérables... (p.74)
Aujourd'hui je procrastine, demain aussi.
Avec ça, on n'a pas le cul sorti des ronces.
Quoi qu'en dise les pubs pour sonotones et autres baignoires à porte, vieillir n'est pas une aventure très exaltante. On se fissure de partout, on rouille, on n'embellit pas (...) et on met une plombe à dérouler la liste des dates proposées sur Internet quand un site réclame une année de naissance (....)
Or, un bébé corbeau, l'air ingénu et le plumage ébouriffé vient de chuter d'un arbre en essayant de voler - ça parait facile mais apparemment, ça n'est pas.
[...]
La dernière image que j'ai de lui, c'est cette petite chose ahurie et mal peignée, plantée au milieu du passage pour piétons, sous le nez d'une trentaine de bagnoles arrêtées au feu rouge, prêtes à démarrer au quart de seconde quand le feu aura verdi. (La version piaf de l'homme de Tiananmen qui, le 5 juin 1989, s'était planté devant une colonne de tanks de l'armée chinoise.) Je m'en vais, je ne veux pas voir ça. Un jour, un Sumérien a inventé la roue et voilà : des milliards de bagnoles contre un bébé corbeau. Je déteste ce mec.
Happy end : le lendemain, je trouve le courage de me risquer dans le coin, les yeux fermés pour ne pas voir. Je les ouvre et : rien. Pas de petit corbeau aplati, pas de plumes isolées, ni là ni alentour. Et je me dis que, voyant la meute lui foncer dessus, il a dû trouver le truc qui fait décoller les oiseaux.
OU Y A DE LA GÈNE
J'entre dans un compartiment de métro assez plein, je me dirige (calmement) vers la seule place assise restante et, donc, je m'assieds. S'asseoir consiste à plier les genoux et poses ses fesses sur un siège. Là, je pose mes fesses sur quelque chose de mou -ou plutôt quelqu'un de mou, et plus précisément une bonne femme qui a réussi à se glisser , en passant par derrière, entre le siège et mes fesses. Je bondis - ça fait drôle- et tout le monde se marre, sauf la dame, qui reste vissée à SON siège, le visage parfaitement impassible. On sent qu'elle n'en décollera sous aucun prétexte, même si tout le compartiment se fout de sa gueule jusqu'au terminus.Et on suppute qu'elle s'est longuement entraînée pour attendre cette virtuosité.
Une autre, qui est très déçue aussi, c'est la petite fille à qui j'ai dédié le livre. Sa maman, qui est une amie, lui lit le livre tous les soirs depuis trois semaines, et comme je dîner, elle lui dit : " Tu vois, c'est Marie-Ange, c'est elle qui raconte l'histoire que tu aimes bien". La môme me regarde de traviole et proteste : c'est maman qui raconte l'histoire, faut pas la prendre pour une buse.